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Un très grand Sir JOHN à L'Opéra de Paris

Publié le 17 mars 2013 par Popov

Dans Falstaff tiré de la comédie de Shakespeare Les Joyeuses Commères de Windsor et créé le 9 février 1893 à la Scala de Milan, Giuseppe Verdi révolutionne les lois du genre.

Deux ans après Otello, Verdi entreprend sous l'impulsion d'Arrigo Boito compositeur, avant-gardiste, librettiste un nouvel et ultime opéra bouffe Falstaff. Oeuvre d'un raffinement discret mais considérable, Falstaff grouille de clins d'œil (aux pratiques musicales de l'Eglise d'abord avec repentances toutes en burlesques litanies ou autres "amen-abdomen" moqueurs) regorge de références (Mozart, Rossini mais aussi... ses propres œuvres), de délicatesse à engager entre l'orchestre et ce qui se passe sur scène comme un commentaire distancié quasi-brechtien qui permet une caractérisation fulgurante des personnages diablement efficace sur le plan de la comédie.

Dans Falstaff, Verdi âgé de quatre vingt ans secoue les formes traditionnelles de l'opéra au point que les formes se fondent en une conversation musicale allégée dans laquelle bien avant le "Capriccio" de Strauss, le vieux compositeur invente un parlé/chanté harmonieux et moins sec que le récitatif traditionnel. 
Hormis le duo d'un classicisme enchanté par la voix d'une somptueuse Nanetta (Elena Tslallagova)), peu d'arias qui ne soient détricotés, peu de "numéros" belcantistes - Pour sa dernière œuvre Verdi, propose sans avoir l'air d'y toucher une véritable antidote au wagnérisme et au vérisme dominant de la fin du 19ème siècle. Tout en légèreté et délicatesse dans ses alternances de quatuors et de quintettes qui se répondent ou se contredisent, il avance avec la précision du vieillard expérimenté et la légèreté de celui qui sent venir la fin sans la craindre.

Après Jean-Philippe Lafont ou autre formidable interpète de Falstaff, l'Opéra de Paris accueille pour le rôle un immense talent, the "Sir John" des scènes internationales actuelles, le baryton Ambrogio Maestri taillé pour le rôle doté de toutes les nécessités : poids, ampleur, truculence, voix propre à faire passer toutes les finesses de la partition, l'espièglerie d'un Alberto Sordi ou d'un Orson Wells pour le jeu. C'est inégalé.

Dans le Londres de Charles l'éventreur (dans lequel la mise en scène plonge l'action) il plaît malgré ses manières d'enjôleur, possède un capital sympathie à rendre hystériques les commères de Windsor. Miss Quickly (la canadienne Marie-Nicole Lemieux) en règle à merveille le chœur gité, Arthur Rucinski en Ford machiavélique fomenter à qui mieux-mieux. Bardolo et Pistola sont des félons à point. Elena Tsallagova qu'on a apprécié à Bastille en petite renarde rusée, fierté de l'Atelier lyrique forme un couple délicieux avec Paolo Fanale (Fenton) un couple bien verdien. 
On se sent bien dans cet opéra-bouffe avec vieillard concupiscent, couple de jeunes premiers, valets intrigants, entremetteuse qui se refère au passé tout en annonçant l'avenir.

Une œuvre dont Toscanini disait qu'elle était l'apogée de trois siècles d'opéras et le mariage le plus heureux de paroles et de musique de toute l'histoire du théâtre lyrique.

FALSTAFF /COMEDIE LYRIQUE MUSIQUE DE GIUSEPPE VERDI (1813-1901) LIVRET D'ARRIGO BOITO D'APRÈS THE MERRY WIVES OF WINDSOR ET DES SCÈNES DE HENRI IV DE WILLIAM SHAKESPEARE EN LANGUE ITALIENNE

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