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Le trio de Sylvain Kassap en éruption à l'Improviste

Publié le 17 mars 2013 par Assurbanipal

Sylvain Kassap Trio

Paris. Péniche l'Improviste.

Samedi 16 mars 2013. 21h30.

Sylvain Kassap: clarinettes

Didier Petit: violoncelle, voix

Edward Perraud: batterie, percussions

Clarinette basse. pour commencer. Le batteur est un grand maigre avec une écharpe au physique d'intellectuel germanopratin. Belle adapatation pour un homme qui a grandi dans la campagne bretonne en Loire Atlantique. Edward Perraud est le fils spirituel de Tom Raney. L'indépendance coordonnée est une invention des batteurs Be Bop alors que la batterie est une invention du Jazz. Là, manifestement, il privilégie l'indépendance sur la coordination mais c'est tout de même coordonné. Il ne frappe pas au hasard. C'est simplement toujours surprenant. Il y a bien une pulsation mais c'est indansable. Molto agitato. Quant au jeu du clarinettiste, Eric Dolphy fait encore des petits presque 50 ans après sa mort. " Ce type joue comme si on lui marchait sur les pieds " disait Miles Davis d'Eric Dolphy. En plus de battre vite et sec, Edward Perraud aime friper les peaux de ses tambours en les prenant à rebrousse poil. Si cet homme cuisine comme il joue, je me méfierai avant de dîner chez lui. Bref, nous avons là 3 chercheurs de sons. Les thèmes se succèdent, se chevauchent. Jeu de claquements entre la langue du clarinettiste et les mains du batteur. Jean-Edern Hallier s'est réincarné. Il est devenu batteur et se nomme Edward Perraud. Il faut garder les oreilles et l'esprit grand ouvert non pas pour suivre ces musiciens mais pour ne pas fuir parce qu'ils attaquent de partout ces gaillards. Ils accélèrent et ça file comme une escadrille, un essaim. C'était donc " Le premier morceau ". Logique, non?

Clarinette. Edward, avec une baguette, Didier, avec l'archet, s'amusent à fendre l'air ce qui produit du son. Ce n'est pas du n'importe quoi. Il faut de la maîtrise pour jouer du violoncelle à l'horinzontale couché sur ses genoux comme le fait Didier Petit. C'est devenu tout doux, mystérieux, cotonneux. La musique devient extatique. Ils ne restent pas calmes longtemps. Didier chante en harmonie avec son violoncelle. Edwar Perraud fait crisser une cymbale sur sa caisse claire. Clarinette basse. Joli duo de percussions entre le violoncelle et la batterie sous les maillets. Très joli son dpoux, enfin, de la clarinette basse avec un friselis de batterie et les cordes pincées du violoncelle. Beau final. C'était " Advienne tampura " (Didier Petit), morceau cuisiné à l'indienne comme vous l'aviez deviné lectrices gastronomes, lecteurs gourmets.        

Solo de batterie très rapide, léger, précis, baguette dans la main gauche, main droite nue. Sylvain joue de sa clarinette séparée en deux, soufflant dans les deux parties en même temps comme un pâtre grec dont il possède la chevelure d'ailleurs. Ca fonce comme un bruit de circuit de F1. Maintenant, violoncelle et batterie jouent funky alors que Sylvain continue de faire la sirène. Clarinette basse. Ca claque avec la langue et les clefs. Ca sonne funky derrière mais un funk sacrément secoué. Bref, c'est bien plus énergique que bien des groupes de rock qui déploient plus de volume sonore mais moins de musique. Retour au calme avec le violoncelle sous l'archet, le batteur aux balais. Un son de clarinette basse digne héritier du sax ténor d'Albert Ayler

Solo de violoncelle pour commencer. Un son chinois. Le batteur se met à faire de doux bruitages parallèles au violoncelle. Didier chante sa mélopée au dessus de son instrument. Ce trio serait excellent pour accompagner des films muets. Peut-être l'ont-ils déjà fait d'ailleurs.

PAUSE

Madame F s'en va. La musique l'a intrigué mais n'a suscité en elle aucune émotion. Inutile d'insister.

Clarinette joué comme une flûte indienne. Didier frotte son violoncelle de ses mains, le tapote. Edward installe un rythme étrange mais en place, à sa manière. Didier revient à l'archet et vrombit alors qu'Edward décompose, décortique le tempo. La clarinette est de plus en plus vive, plus aigre, plus rapide. Le son est poussé jusqu'à nous faire mal aux oreilles et aux dents. Ceux qui aiment applaudissent. 

Didier s'amuse avec son violoncelle, joue, fait des bruitages. Edward tintinabule. Ca s'agite dans tous les sens. Clarinette basse. Pour le violoncelliste, ses grognements font partie de sa musique. Pour moi, ce sont des bruits parasites. Quand il veut jouer dedans, il y est tout de suite. Trop de dispersion à mon goût. Comme Madame F, cette musique m'impressionne, m'étonne mais ne m'émeut point. A force de briser les codes, ils ont coupé le contact avec l'auditeur que je suis. Tant pis pour moi. Qui aime les suit. Ceux qui applaudissent le font-ils parce qu'ils aiment ou par snobisme? Tout s'arrête pour un petit jeu de claquement de langues sur la clarinette.Des percus tout en douceur. La pulsation du violoncelle en pizzicato. Cela me rappelle la musique pygmée en moins puissant évidemment. Là, pour la première fois du concert, ils me racontent une histoire. Des hommes qui marchent dans la forêt tropicale, émerveillés par les richesses que la Nature leur offre. Les sont s'organisent. C'est de la musique et plus une simple addition de bruits. Je sais maintenant pourquoi je suis resté: pour vivre cet instant là. Il est 23h20. Il était temps. 

Clarinette basse. Edwar Perraud produit des ondes sonores prolongées avec des petites cymbales. Ils ont la mer: le vent, la corne de brume, le bruit des flots. C'est beau comme l'Atlantique Nord l'hiver. 

Mon carnet de notes s'arrête ici. La chronique du concert aussi.

Voici ces 3 musiciens en concert en 2005 en compagnie d'Hélène Labarrière (contrebasse) et Jean-François Pauvros (guitare électrique). Edward Perraud a changé de coiffure depuis. Pas Sylvain Kassap. Le style de musique est demeuré. " La mode passe, le style reste " (Coco Chanel).


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