Digits est le projet solitaire du Canadien Alt Altman – membre du duo Bad Passions avec Lesley Davies – passant le plus clair de son temps à inoculer une synth-pop réconciliant, entre Berlin et Londres, électronica et Human League, quand il ne blogue pas pour l’excellent thermomètre de la création musicale à Toronto et ses environs, Silent Shout. Jouant sur l’anachronisme de sa démarche pour jouer des coudes sur une scène électronique sur-saturée, le prodigue Alt tente à la fois d’insuffler dans ses mélodies synthétiques un sentimentalisme tutoyant le mièvre, sans jamais s’y fourvoyer, tout en illustrant des récits à dormir debout sous la forme – antédiluvienne – d’album-concept. Il en va ainsi de Street Violence, dont le morceau s’insère dans l’ambitieux album In the City of Dead - en téléchargement libre à cette adresse – racontant l’histoire délurée d’un journaliste perclus dans la Cité des Morts - cité abandonnée à son propre sort par le reste du monde, déchirée entre politiciens véreux, bande de voyous et conciles de zombies – et obligé, pour survivre et être protégé par les gangs, de composer une bande originale à la John Carpenter pour magnifier l’activité délictueuse de ces derniers. Les quatorze chapitres de ladite anticipation ont tous été égrainés un à un via différents blogs à la fin de l’année 2012 – parmi lesquels 20jazzfunkgreats, Dummy ou No Fear of Pop – et se trouvent désormais adaptés pour certains à l’image, tel Street Violence - hommage plus qu’appuyé à The Warriors de Walter Hill – par la troupe de comédiens Tony Ho dirigée par Roger Bainbridge et Miguel Rivas. À voir, avec une mention spéciale aux femmes du Real Estate.