
genre: action, slasher, aventure, inclassable, "n'importe nawak !"
année: 1979
durée: 1H40
L'histoire: Alors qu'il sont partis pour une expédition en rafting dans le Grand Canyon, une bande de jeunes citadins est harcelée et massacrée par un psychopathe.
La critique d'Alice In Oliver:
Avant toute chose, il est nécessaire de préciser quelle est la différence entre un nanar et un navet. Un nanar est un mauvais film sympathique. Un navet est un film profondément long et ennuyeux. Eaux Sauvages, réalisé par Paul W. Kener en 1979, est long, très long et pénible à regarder. Pourtant, Eaux Sauvages n'est pas un navet, mais un nanar !
En un sens, il s'agit de l'exception qui confirme la règle ! Mieux encore, Eaux Sauvages peut se targuer d'appartenir aux plus mauvais films jamais réalisés.
Il s'agit également d'un véritable ovni cinématographique qui se doit d'être regardé dans sa version française. Ce sont évidemment les doublages qui confèrent tout l'aspect "nanardeux" à cet étron flotteur. Mais nous reviendrons sur ce dernier aspect.
Commençons par l'affiche du film. Certes, sur ce blog, nous avons abordé tout un tas de nanars aux affiches souvent improbables. Néanmoins, Eaux Sauvages est doté d'une jaquette horrible, probablement torchée par un gosse de trois ans en colère contre sa maîtresse de maternelle.

Si vous regardez attentivement l'affiche de Savage Water (c'est le titre original du film), vous pourrez lire: "Souvenez-vous... De Délivrance !". Pour mémoire, je rappelle que Délivrance est un survival réalisé par John Boorman. D'une certaine façon, Eaux Sauvages partage quelques points communs avec le chef d'oeuvre de Boorman.
Néanmoins, par respect pour le cinéma, on évitera de faire toute comparaison avec le superbe Délivrance. Ou alors, il faudrait évoquer une sorte de Délivrance du pauvre.
Là aussi, il est question d'un groupe de citadins, partis en expédition en rafting dans le grand canyon, et pris en chasse par un mystérieux psychopathe. Un couple d'allemands, le fils d'un émir, une blondasse et plusieurs hommes très moustachus (les look... oh mon dieu !) sont donc les héros de cette étrange aventure. Oui... "étrange" est probablement le mot qui convient le mieux à cet OFNI, à la bêtise quasi indescriptible. Eaux Sauvages s'étale sur une durée d'une heure et quarante minutes de bobine environ.

Pourtant, pendant plus d'une heure, il ne se passe strictement rien ! Mais alors rien du tout ! C'est le vide, le néant abyssal ! Aussi, pour tenter de meubler son film, Paul W. Kener s'intéresse à la psychologie de ses divers protagonistes.
A partir de là, c'est un grand festival de n'importe nawak ! Les dialogues tournent autour de discussions totalement incompréhensibles. Aussi, aura-t-on le droit à de grands discours sur la façon de cuisiner un ragoût ! Le film se permet aussi des conversations philosophiques sur l'amour:
- "Tu n'as jamais tenu une femme par la main ?"
- " Non, je n'ai jamais eu de soeur !"
Et encore, là, j'ai pris un exemple relativement soft ! Eaux Sauvages se permet également quelques traits d'humour pour le moins discutables:
- "Putain, y a quelque chose qui brûle !"
- " Tu sais... Tant que ce ne sont pas les poils du cul !"
Nous avons donc le droit à des dialogues de cet acabit pendant plus d'une heure ! C'est un véritable festival d'inepties de ce genre ! Mieux encore, le film joue aussi la carte de la philosophie. Nous aurons donc le droit à un long dialogue sur le karma:
- "Nous devons tous vivre notre propre karma"
- "Mais qu'est-ce que c'est que ce truc que vous, les hippies, vous appelez le karma ?"
- "C'est une sacrée question ! Parmi les hippies et les auto-stoppeurs de toute sorte, cela veut dire... Et bien, admettons que vous êtes chez vous... Vous arrivez à votre boîte aux lettres... Vous y arrivez et... Vous vous apercevez que votre clé n'est pas là. Alors, vous tapez sur votre boîte à lettres et sortir les chiens (???). Et un chien vient vers vous et commence à aboyer. Alors, vous frappez le chien et le chien hurle et alerte les voisins. Voilà, c'est ça le karma !"

Rassurez-vous, le film est bourré de dialogues totalement incompréhensibles. Allez, un dernier exemple pour vous faire plaisir:
- "Aujourd'hui, il faut faire la queue pour tout. Il faut faire la queue pour un chèque, il faut faire la queue pour une VHS, il faut faire la queue au supermarché..."
- "Oui, bientôt, il va falloir faire la queue pour un quart de lait !"
Face à tous ces délires, la question est: à quoi ont tourné les doubleurs ? A cela, il faut aussi rajouter que ces derniers attribuent aux personnages étrangers (donc le couple allemand et le fils de l'émir) un accent à coucher dehors !
Eaux Sauvages se distingue également par de nombreuses séquences qui ne servent strictement à rien. Par exemple, sans que l'on comprenne réellement pourquoi, le cinéaste s'attarde à filmer une grognasse qui fume une cigarette devant une tente pendant presque deux minutes !
Bienvenue dans Eaux Sauvages ! Clairement, ce film est, je le répète, un véritable Ovni cinématographique. Il faudrait probablement un livre pour décrypter la bêtise sidérante de ce chef d'oeuvre du nanar ! Attention, même les habitués du genre devront se préparer psychologiquement à ce véritable désastre du septième art !
Note: vive le karma !
Note nanardeuse: 21/20
