Fonctionnaires au placard, bonjour!

Me voilà parmi vous! Après avoir constaté, non sans beaucoup d'amertume pour notre société française qui est au plus mal, qu'il ne fallait pas lutter contre le harcèlement moral ni ennuyer les syndicats et la DRH, j'ai été remerciée d'une façon fort galante de mon service  pour en intégrer un autre, le tout en ayant à peine mon mot à dire, cela va de soi. Me voilà donc installée dans un vilain placard, au sens propre comme au sens figuré du terme, isolée de tous ou presque. Ma chef occupe le bureau d'à côté mais elle tellement contente d'avoir la responsabilité de quelqu'un après tant d'années à travailler seule (on a ses petites habitudes, hein), qu'elle ne vient jamais me voir (et c'est réciproque). On a pris soin de me donner les vieux meubles, le vieux téléphone à fil,  de laisser trainer quelques outils, clés et vieux papier et de ne pas trop faire le ménage.  Mais ne soyons pas langue de pute, on m'a quand même laissé mon ordinateur, il faut bien que je travaille un peu (et que quelqu'un, au passage, soigne sa conscience après m'avoir mise dans un tel pétrin). Cerise sur le gâteau, pompon sur la Garonne, en fait je n'ai pas de travail. Ou si peu. Largement en-deçà de mes compétences. Et qui m'occupe entre 20 minutes et 1h30 par jour maximum. Personne ne vient me tenir compagnie (on ne sait même pas où je suis, je crois même que l'on a oublié mon existence!), personne ne m'appelle et je reçois trois mails par jour. Alors oui, n'ayons pas peur des mots, cher lecteur, chère lectrice. Toi qui me lis, là, en ce moment même, toi qui payes des impôts qui servent en partie pour mon salaire, tu es en train de me payer à ne rien foutre. Absolument. Tu auras une pensée pour moi lors de ton prochain prélèvement mensuel, promis? Tu te diras, "oh, et voilà un petit pourcentage de mes impôts sur MES revenus qui finit sur le compte en banque de Madame Sophie pour lui payer SON salaire alors qu'elle n'en fiche pas une de la journée." Oui, tu peux t'indigner, vas-y. C'est bien normal. je suis sincèrement désolée, j'ai bien essayé de faire comprendre à plein de gens aussi divers que variés que j'aime travailler et que j'ai besoin de vraies missions et, si possible dans un service où je me plais, personne ne peut rien faire pour moi. Pour résumer, on me renvoie des choses comme "c'est la vie" ou encore "estime toi heureuse d'avoir un travail". Un quoi? Non, vraiment désolée, cher contribuable, ça me fait tellement de peine pour toit que je ne pouvais pas m'empêcher d'écrire ce petit billet. Et les autres fonctionnaires au placard, on monte un club? On se fait une petite belote pendant les heures de bureau?