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Uzeda : du Tertre aux étoiles…

Publié le 20 mars 2013 par Lifeproof @CcilLifeproof

Uzeda
L'énergie perceptible d'Uzeda, même sur les pires photos...

Malgré une situation budgétaire catastrophique, l'université de Nantes ne renonce pas à faire vivre le campus le soir. La Fac organise régulièrement des concerts au Pôle Étudiant. Si le nom de ce lieu n'a rien d'idéal pour débuter un article destiné à paraître sur un blog arty, reste tout de même que le Pôle Étudiant secoue efficacement le secteur du Tertre. La nuit venue, les tables de la cafète sont agglutinées contre les murs ; le bar ne limite plus sa carte au seul jus de pomme. Pour preuve ce 13 mars 2013, de 20 heures à minuit, car la bière y a coulé à flots lors d'une mémorable soirée noise & poetry.

En première partie, les Nantais de Chausse-Trappe se sont chargés de nous faire prendre l'altitude nécessaire, en livrant un set instrumental bien bâti. Déstabilisant, cathartique, le quatuor frôle la transe. Ils entremêlent, autour des rythmes ummagummesques du batteur, les sonorités d'une basse + une guitare et un violon reliés à un délire de pédales. Ils ouvrent généreusement la porte à Uzeda, vénérable groupe italien.

C'est alors qu'une femme cachée sous une épaisse tignasse bouclée se dirige vers le micro. Quatre gaillards poivre et sel se hissent sur scène. Une bonne minute s'écoule. La grande ourse relève sa frange immense et ondulée, nous jette un œil et un « hello » étonnamment chaleureux. Derrière elle, ils retiennent leur souffle 2-3 secondes. Et c'est parti. Débute 1h30 d'une expérience musicale inouïe. Vissée derrière le micro, Giovanna Cacciola se soucie de mélodie. Mais en demi-sœur inespérée de Kim Gordon, elle appuie plusieurs titres sur des rugissements qui parlent autant que les mots. Son chant surgit sous les strates d'un lamento ultra naïf voire d'une sorte de pop dévoyée et impatiente. Lorsqu'elle assène « I've Never Been So Wild » comment savoir si s'exprime là un regret ? Une fierté ? Cette incertitude ouvre de puissants horizons à la poésie d'Uzeda. À la guitare, Tillota déconstruit les rifts avec acharnement et amour de la noise. Son jeu hyper physique contrebalance idéalement le côté « intello new-yorkais » de certains passages.

Durant le concert, le stand du groupe doit faire face à une razzia qui n'a pas été prévue. Les quelques exemplaires de Stella, leur dernier opus sorti en 2006 chez Touch And Go, trouvent vite preneur. Le public arrache un rappel, « grazie » souffle Cacciola dans le micro. La soirée s'achève en communion, sans déluge sonore. Le public cède un peu plus à l'enchantement.

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Cyril P.

Diplômé en esthétique cinématographique et en sciences politiques, Cyril vit entre Nantes et Strasbourg. Journaliste dans le domaine culturel, il est aussi metteur en scène et concepteur sonore à ses meilleures heures.


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