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Shannon Lyon : "Je me laisse guider par l'instinct"

Publié le 01 juin 2007 par Titus @TitusFR
medium_European_tour_poster.jpgLes concerts folk-rock ne sont pas légion à la pointe bretonne. Le petit festival qui monte, les Vaches folk, en a fait son créneau. Après nous avoir fait découvrir Rachelle van Zanten en 2006, c'est un autre Canadien, Shannon Lyon, qui sera l'hôte de la salle polyvalente de Cast (près de Châteaulin), le samedi 19 mai. Shannon Lyon, qui a creusé son sillon au sein de la formation rock Strange Days de 1989 à 1993, poursuit une carrière solo fertile depuis 1994. Pas moins de neuf albums ont jalonné ces treize dernières années, le dernier en date, "Safe Inside", faisant l'objet d'une tournée européenne ce printemps. Cast sera la seule (et la première) date en France de Shannon Lyon. Avant d'entamer son European Tour, le songwriter ontarien a bien voulu répondre à nos questions.
Titus - Shannon, pourrais-tu nous parler un peu de tes origines ?
medium_farmphoto.jpgShannon Lyon - J'ai été élevé dans le sud de l'Ontario, près de Kitchener. J'habitais à la campagne, au bord d'un chemin non bitumé. Je me souviens qu'à l'âge de trois ans, j'écoutais déjà le vieux Stompin' Tom sur un tourne-disque Mickey Mouse.
Titus - La musique était omniprésente à la maison ?
Tout à fait. Ma maman était une grande fan d'Elvis. Je me rappelle d'ailleurs que je portais des tee-shirts à l'effigie d'Elvis jusqu'en sixième ou cinquième.
Titus - Te souviens-tu du jour où tu as mis la main la première fois sur un instrument de musique ?
Absolument. J'étais en colonie de vacances. Je devais avoir 12 ans à l'époque. J'ai commencé à chanter "Bee Bob a loo la" en courant autour du camp. C'est à ce moment-là que j'ai su que je voulais devenir chanteur. Ce fut ma première expérience "cathartique" avec la chanson. Un intense sentiment de libération... C'est aussi au cours de ce même été qu'un animateur de colo m'a donné l'opportunité de jouer sur une guitare acoustique pour la toute première fois. Je suis sorti de cette expérience particulièrement inspiré !
Titus - Après cette première expérience, comment as-tu appris à jouer véritablement ?
medium_shannonlyon.jpgA force de jouer et pratiquer avec des amis. Mon père a aussi contribué à sa mesure : il m'a enseigné les trois accords qu'il connaissait. Bien qu'il était gaucher, il arrivait tant bien que mal à jouer à l'envers sur une guitare de droitier.
Titus - As-tu commencé à jouer au sein d'un groupe quand tu étais jeune ?
J'ai lancé mon premier duo au milieu des années 1980. Le duo s'est finalement transformé en une formation de cinq musiciens que nous avons baptisée "Strange Days". Nous avons tourné d'un bout à l'autre de notre bon vieux pays pendant plusieurs années. C'est à ce moment que nous sommes devenus amis avec les Blue Rodeo (autre groupe canadien bien connu, ndr). Nous avons effectué des tournées avec de très nombreuses formations à l'époque, The Tea Party, Bruce Cockburn et même les Troggs.
Pour se faire une idée de Shannon Lyon à l'époque de la formation rock Strange Days, en 1992, voici la chanson "Gettin' kicked" :
Titus - Depuis quand composes-tu tes propres chansons ?
medium_doublesly.jpgDéjà tout jeune, j'écrivais de la poésie et des nouvelles. L'achat de ma première guitare a été un formidable catalyseur. Arriver à combiner mélodies et paroles, c'est quelque chose d'assez puissant ! J'ai commencé à écrire mes propres chansons presque immédiatement. Elles n'étaient pas forcément très réussies au début, mais il fallait bien commencer d'une manière ou d'une autre ! Ca m'a bien pris deux ans avant de produire quelque chose d'audible !
Titus - Quels chanteurs écoutais-tu quand tu étais plus jeune ? Et quels sont ceux qui ont compté dans ton parcours personnel ?
Neil Young est sans conteste celui qui m'a le plus marqué. J'étais complètement accro à sa musique au moment-même où j'apprenais à jouer de la guitare et commençais à composer mes propres morceaux. Il fut donc plus qu'une influence... D'autant que le personnage aussi m'impressionnait : sa candeur, une intégrité à fendre le coeur. J'ai su d'emblée que mes pas devaient s'inscrire dans les siens.
Titus - Qu'est-ce qui a fait qu'un jour, l'idée de faire carrière dans la musique s'est imposée à toi ?
medium_arnhem1_bonne_resolution_.jpgCa n'est pas venu d'un seul coup ! En fait, deux ou trois événements dans ma vie ont sérieusement compliqué les choses. J'éprouvais quelques difficultés à trouver ma place au milieu de ce que je vivais. C'est difficile de trouver les mots pour décrire certaines expériences-pivot que j'ai vécues à l'époque. Tout cela m'a obligé à faire table rase du passé. L'occasion d'un nouveau départ; un tournant décisif qui a trouvé son expression dans l'écriture.
Titus - Ton album "Summer Blonde", sorti en 2000, fut le premier de tes albums à être distribué à l'échelle du Canada et reçut à l'époque un accueil très enthousiaste des critiques.
Le succès de "Summer Blonde" m'a ouvert quelques portes. On m'a notamment proposé un certain nombre de premières parties de Blue Rodeo en 2000. On se retrouvait ainsi chaque soir devant des audiences de plus d'un millier de spectateurs. Une époque passionnante. Le public n'a cessé de grandir jusqu'à mon départ pour la Hollande en 2001.
Titus - Pourquoi avoir choisi de partir en Hollande ?
C'est le compositeur Rob Lamothe qui m'a présenté à ses agents hollandais. Cela faisait un moment qu'il me faisait de la pub aux Pays-Bas. Ca s'est concrétisé par la mise sur pied d'une tournée de quatre semaines en Hollande. J'avais pris un aller simple pour Amsterdam. J'y suis finalement resté deux ans...
Titus - Aujourd'hui, où vis-tu ?
Je réside actuellement au Canada, mais ça va sans doute encore changer cet été. Je cherche un nouveau domicile, si possible près de la mer et sous le soleil... Ca me changerait des six mois de neige et glace canadiens. J'ai entendu dire que le sud de la France était assez chouette. J'en profite pour lancer un appel : si quelqu'un a une petite villa à louer en bord de mer, contactez Titus qui transmettra...
Un extrait du dernier album de Shannon Lyon, "Safe Inside", la chanson "I believe in you" :
Titus - Ton album "Safe Inside" débute par une chanson intitulée "Marie" dans laquelle tu racontes une rencontre survenue à Dresde, en Allemagne...
medium_gretschn.jpgC'est la seule chose que je sais faire : parler de moi et des choses qui m'arrivent. J'ai rencontré cette fille, Marie, à Dresde, pendant l'intermède à l'un de mes concerts. On avait un peu trop bu cette nuit-là et, à la fin du spectacle, nous avons eu quelques difficultés à trouver ensemble la sortie de la salle. Je ne l'ai jamais revue depuis...
Titus - Tes albums "Wandered" et "Safe Inside" ont tous deux été enregistrés aux Pays-Bas. Quelle en est la raison ?
Dans le cas de "Wandered", c'est tout simplement parce que je vivais en Hollande à l'époque. J'avais rencontré plusieurs musiciens et producteurs vraiment cool dans le sud des Pays-Bas. C'est là que nous avons décidé d'enregistrer l'album. Nous avons emménagé dans un vieux corps de ferme datant du XVI siècle pour deux semaines. Ce fut une période très intense : on a "bouffé" de cet album 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Ca s'est tellement bien passé que j'ai engagé la même équipe pour "Safe Inside". Ce dernier album a été coproduit par moi et BJ Baartmans.
Titus - C'est l'album "Wandered" qui t'a permis de signer avec la fameuse étiquette V2 Records, lancée par Branson...
medium_shannon_3.jpgV2 m'avait à l'oeil depuis un certain temps déjà. Je vivais toujours en Europe à l'époque mais j'étais retourné en Amérique pour des concerts à New York et Toronto. Ils m'ont fait une offre à l'issue de ces shows.
Titus - Quand ton album "Dharma" est sorti en 2002, tu as effectué une tournée de neuf mois en Hollande, Allemagne et Belgique. Comment expliques-tu cet intérêt des publics hollandais et allemand notamment ?
Il existe un vaste public en Europe pour la musique "roots", et notamment en Hollande et en Allemagne. Et vous êtes aussi tellement plus nombreux en Europe, surtout si l'on fait la comparaison avec le Canada, qui est un grand pays peu peuplé...
Titus - Il faut avoir le voyage dans la peau pour effectuer d'aussi longues tournées, non ?
Heureusement que j'aime voyager, en effet ! Même si c'est quand même fatigant à la longue. En fin de tournée, je suis complètement crevé. J'aime aussi le temps passé dans mon propre studio à travailler de nouveaux morceaux. Je fais un peu des deux ; ça rend la vie intéressante... Et ce n'est pas tout, puisque je trouve aussi le temps de produire des chanteurs canadiens, comme Barry Payne, Phil McTaggart ou David Fougère. Avec mon associé, Chris Giesbrecht, nous produisons des albums depuis plus de trois ans !
medium_cd_safeinsidesmall.jpgTitus - Combien de temps a-t-il fallu pour enregistrer "Safe Inside" ?
Ca n'a pas pris tellement de temps : l'enregistrement des pistes a été réalisé en trois jours. Une session plutôt rapide ! Je suis ensuite retourné au Canada et nous nous sommes échangé les fichiers par Internet pour compléter le mixage. C'est comme ça que nous avons travaillé !
Titus - Majolein van der Klawn apparaît dans les choeurs sur "Safe Inside". Vos voix s'accordent magnifiquement.
Elle a une très belle voix, mais nous n'avons jamais encore chanté ensemble sur une scène. Pas comme avec Ellen ten Damme, qui faisait les choeurs sur "Wandered", et avec qui j'ai chanté "live" plus d'une fois.
Titus - Pourrais-tu nous dire quelques mots sur l'un des titres phare de ton dernier album, la chanson "Hallelujiah"...
medium_Euro_20Tour_203.jpgA l'époque, je lisais et étudiais le philosophe indien Krisnamurti. C'est à ce moment que cette chanson m'est venue. Elle porte l'idée, qui émane de la pensée bouddhiste, que chacun peut être sa propre lumière. Je n'ai aucune croyance particulière en ce qui me concerne, et comme le mot "Hallelujah" est emprunté à la Bible, je me suis dit que ce serait une bonne idée d'en modifier l'orthographe. C'est pourquoi j'ai ajouté un "i", ce qui a donné "Hallelujiah". C'est une manière de revendiquer ma liberté. Ne suivre aucun modèle pour atteindre mon but, mais me laisser plutôt guider par mon instinct.
Le clip de la chanson "Hallelujiah", un extrait du dernier album de Shannon Lyon :
medium_winston-star_smaller.jpgTitus - Tu es l'invité des Vaches Folk le samedi 19 mai, à Cast. S'agira-t-il de ton premier concert en France ?
Tout à fait, ce sera d'ailleurs mon premier voyage en France et Cast sera la seule date française de ma tournée européenne. Je m'y produirai en solo. Quand je suis en tournée, je voyage généralement seul et me produis en solo dans 90 % des cas. Ca me permet de rester équilibré (rires).
Titus - As-tu déjà commencé à travailler sur ton prochain album ?
En fait, j'ai à peu près deux albums d'avance... En général, les paroles et la musique me viennent en même temps. Elles reposent les unes sur les autres durant le processus d'écriture...
PROPOS RECUEILLIS ET TRADUITS DE L'ANGLAIS
PAR TITUS
Billetterie pour le concert de Cast
le 19 mai, à 20 h 30
:
sur place : 10 €; à la mairie de Cast : 10 €;
à l'espace culturel Leclerc de Quimper : 10 € + frais location (0.50 €)
Shannon Lyon sera aussi en showcase à Dialogues Musiques, à Brest, le 18 mai, à 18 h.
Discographie de Shannon Lyon :
Safe Inside (Busted Flat/InBetweens) 2006 ; Someday Mourning (Busted Flat/Festival) 2004 ; Bound (Busted Flat/FAB) 2003 ; Wandered (V2/BMG) 2003 ; Dharma (InBetweens) 2002 ; Summer Blonde (Square Dog/Outside) 2000 ; Tales Of A Yellow Heart (Swallow/EMI) 1997 ; Mods Rule (Swallow/EMI) 1996 ; Buffalo White(Swallow/EMI) 1995.
POUR EN SAVOIR PLUS
Le site officiel de l'artiste : Shannon Lyon
Sur MySpace : Shannon Lyon

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