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No de Pablo Larraín

Par Achaqueligne
No Gael Garcia Bernal

Gael Garcia Bernal incarne René Saavedra, ici entouré de ses acolytes, un publicitaire talentueux qui va faire tomber Pinochet

 

  • Réalisé par Pablo Larraín
  • Acteurs principaux : Gael Garcia Bernal , Alfredo Castro, Antonia Zegers

1988, après 15 ans de dictature, Augusto Pinochet veut asseoir son autorité sur le Chili en validant son mandat aux yeux des autres nations. Pour légitimer sa présidence, et sous la pression internationale,  il organise un référendum, sûr de sa victoire.

Après 15 ans de dictature,  Pinochet et ses conseillers se sont endormis sur leur acquis, sûrs de leur pouvoir et incapables d’avoir une vision réaliste sur la société qu’ils dirigent. Les opposants usés par une répression terrible ont peu à peu perdu espoir et se présente cette lueur d’espoir qu’ils n’attendaient plus.

Chaque jour, l’opposition, aura le droit à une tribune « exceptionnelle » de quinze minutes à la télévision, un espace restreint mais qu’ils doivent accaparer et utiliser au mieux pour retourner les foules face au dictateur et inciter au « non » avec pour slogan un sobre mais efficace « No ».

La campagne, débutée timidement et sans trop d’espoir, menée par René Saavedra, lui-même ancien exilé,  va rapidement prendre une ampleur que n’avaient pas imaginé les dirigeants.

Ce jeune publicitaire joué par Gael Garcia Bernal, reconnu par ses pairs, regorge de créativité et surtout maîtrise les codes de la publicité, symbole du libéralisme économique  instauré au Chili par Pinochet.  Il n’est pas représenté comme un « révolté » bien au contraire. Il n’a pas (ou peu) de conviction politique et semble être assez neutre dans sa manière d’aborder la chose. Sa fibre politique grandit au fil du film mais sans jamais se détourner de son objectif de réussir la campagne de pub qu’il a imaginé dès le début pour parvenir à la victoire de l’opposition.

Il va donc utiliser l’idéologie et l’arme de l’adversaire pour faire monter le mécontentement populaire via une campagne rondement menée. Accompagné par des politiques et une équipe technique, il passe par de nombreux états, de l’espoir de gagner à la peur d’être réprimé par le régime qui a pris en filature toute l’équipe s’occupant de la campagne.

Pablo Larraín signe un film brillant qui vient clore sa trilogie consacrée à la dictature chilienne (Tony Manero (2008) et Santiago 73, Post Mortem(2010). Ici, il approfondit les rapports étroits entre publicité, politique et propagande.

Filmé « à l’ancienne », le long métrage respire l’authenticité et fait parcourir différentes émotions grâce à des acteurs charismatiques auxquels on s’attache très rapidement. Cette manière de filmer permet donc de renforcer la conformité de l’histoire et de fluidifier le récit duquel on ne différencie pas les images d’archives de celle tournées par le réalisateur.

Plusieurs histoires secondaires gravitent autour de l’intrigue principale et viennent enrichir le scénario et lui donner de la profondeur.

L’auteur joue sur l’ironie du sort avec  Luis Guzman (joué par Alfredo Castro), patron du jeune publicitaire, défenseur du régime totalitaire qui devient à son tour directeur de campagne mais cette fois du côté du pouvoir. Les deux hommes se livrent un duel sans merci où chaque coup donné est rendu encore plus violemment et où René Saavedra brille par son talent et son inventivité.

Cette lutte entre un patron d’une agence de pub et un de ses employés symbolise la lutte entre la classe dirigeante chilienne face à une jeunesse mécontente de toutes ses années de sévices.


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