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Du 2 au 30 avril 2013, à l’Institut Lumière : Frank Borzage

Publié le 23 mars 2013 par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

borzage

L’Institut Lumière édite une biographie du cinéaste américain Frank Borzage (1894-1962) par Hervé Dumont, dans sa collection chez Actes Sud. Une occasion de découvrir quelques pépites de la filmographie de l’un des fondateurs de l’âge d’or d’Hollywood, qu‘Eisenstein classait aux côtés de Chaplin et de Stroheim parmi « les trois plus grands cinéastes d’Amérique »…

« Poète des déshérités, rêveur éveillé, cinéaste des amours éperdues, Frank Borzage a produit une œuvre rythmée par les pulsations du monde. La grâce de ses images et la poésie de sa mise en scène ont donné naissance à plusieurs films inoubliables du cinéma mondial.» Hervé Dumont

Toutes les informations sur le site de l’Institut Lumière : http://www.institut-lumiere.org

Un livre

Frank Borzage, un romantique à Hollywood de Hervé Dumont aux éditions Institut Lumière/Actes Sud. 800 pages, filmographie complète, index, préface inédite de Martin Scorsese.
En vente à l’Institut Lumière et en librairies.

Une rencontre

L’auteur du livre, Hervé Dumont, viendra évoquer la figure fascinante de Frank Borzage, à travers une conférence ponctuée d’extraits de films.
Mardi 2 avril
19h30 Conférence en entrée libre (réservation recommandée)
suivie d’une signature
21h Présentation de Trois camarades de Frank Borzage

Un ciné-concert

Mercredi 24 avril à 20h30Le musicien Gaël Mevel, également compositeur, improvisateur et multi-instrumentiste, accompagnera au piano et au bandonéon L’Heure suprême, l’un des plus beaux mélodrames du cinéaste.

Les Films :

Me 24/04 à 20h30 CINÉ-CONCERT Accompagnement en direct par Gaël Mevel : L’Heure suprême

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Seventh Heaven,
US, 1927, 1h59, muet,
Avec Janet Gaynor, Charles Farrell, Ben Bard, Albert Gran,
David Butler, Marie Mosquini

 Montmartre, l’égoutier Chico envie le nettoyeur de rue qui travaille à la surface. Non loin de là, dans une chambre sordide, la jeune Diane se fait battre par sa sœur que la misère et l’absinthe ont rendue folle. Fuyant les coups,
Diane est secourue par Chico…

 « Tel un conte de fées, Seventh Heaven fonctionne sans faille au premier degré. Ses images délicatement ciselées, ses cadrages et décors étudiés, l’habileté du timing entre drame humour contribuent à un enchantement esthétique perpétuel. On reste béat devant le génie de ce cinéaste à façonner le matériau le plus kitsch, le plus insupportablement mélo, pleurnichard et improbable pour en extraire pareil diadème de pureté et d’inspiration. Sa faculté à éviter les pièges inhérents au canevas par la constante simplicité (économie des effets, « underplaying ») pour atteindre ce qu’il faut bien appeler l’émotion pure, une forme d’authenticité totale, tient du miracle. Spectateurs et critiques sont unanimement charmés par l’idylle populaire naïve et intense. (…) Mais c’est la douceur, la grâce espiègle, le visage ultrasensible de Janet Gaynor qui emporte l’adhésion la plus immédiate : une star exceptionnelle est née. » Hervé Dumont

Ma 30/04 à 19h :  Lucky Star

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US, 1929, 1h30, muet
Avec Janet Gaynor, Charles Farrell,
 Guinn ’Big Boy’ Williams, Paul Fix

Fille aînée de la veuve Tucker, Mary subvient aux besoins de la famille en vendant du lait aux ouvriers des lignes électriques. Elle rencontre Tim Osborne et son supérieur, le rustre Wrenn. Lorsque ce dernier joue un tour à Mary, Tim intervient pour la défendre. Les deux hommes se battent au sommet d’un poteau électrique mais sont interrompus par un message télégraphique. Les États-Unis viennent d’entrer en guerre…

« Dans la constellation borzagienne, Lucky Star brille d’un éclat singulier. » Hervé Dumont

Dernier film muet de Frank Borzage, Lucky Star est un modèle de poésie visuelle et d’épure cinématographique. Abandonnant la diversion spectaculaire de ses précédents chefs-d’œuvre, le cinéaste creuse les mêmes thématiques tout en resserrant l’intérêt sur les signes ou gestes intimes entre Charles Farrell et Janet Gaynor, ici au sommet de leur collaboration. Traversé d’une lumière crépusculaire, métaphore directe de l’amour isolé des personnages reclus au cœur d’un hiver affectif, Lucky Star est l’un des plus singuliers joyaux de Frank Borzage.

Ve 12/04 à 14h30 – Di 14/04 à 17h : L’Adieu aux armes

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A Farewell to Arms,
1932, 1h32,

Avec Gary Cooper, Helen Hayes,
Adolphe Menjou, Mary Philips, Jack La Rue

Lors de la Première Guerre mondiale, sur le front italien, un lieutenant américain blessé tombe amoureux d’une infirmière anglaise…

Selon Hervé Dumont, le film est « probablement le film parlant de Borzage le plus universellement connu, une œuvre de prestige à laquelle sont associés les noms de Gary Cooper, de Helen Hayes et, bien sûr, d‘Ernest Hemingway. Ce dernier, pourtant, haïssait le film, avant même de l’avoir vu. Ce n’était qu’un début, le cinéma allait lui en faire voir d’autres ! »  Il cite les propos de Helen Hayes, l’actrice principale du film, qui témoigne des talents de directeur d’acteurs (et de son  charisme) qu’était Borzage :  « Je ne me suis jamais sentie aussi à l’aise avec un réalisateur qu’avec Franck Borzage. Il avait un don merveilleux pour les scènes d’intimité, car il savait comment s’infiltrer dans le cœur et l’esprit même d’un acteur, et cette faculté donne un éclat inimitable à ses films. « 

Me 17/04 à 17h15 – Je 18/04 à 19h : Ceux de la zone

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Man’s Castle,
1933, 1h10,

avec Spencer Tracy, Loretta
Young, Marjorie Rambeau, Glenda Farrell, Walter Connolly

Durant la grande Dépression  américaine, la rencontre de Bill et de Trina, deux êtres sans le sou. Il la  recueille et la conduit à Shantyton, une sorte de bidonville où il vit…

 » Le plus beau fleuron de la période sonore de Borzage, l’inoubliable Man’s Castle. (…) L’ouverture du film évoque sans détours le spectre de la faim  et du chômage : « ça serait beau d’être un pigeon, murmure Trina, il y a toujours quelqu’un qui vous jette des miettes.  » Ce constat établi, Man’s Castle bifurque dans une dimension privée et foncièrement subjective. La misère reste omniprésente et déprimante, mais (en ce qui concerne les héros) elle est désormais tenue à distance par une lumière irréelle, édénique, pour ainsi dire « protectrice ». Tout factice qu’il paraisse, le taudis de « Hoover Flats » n’est pas un simple décor-prétexte, ses zonards décrépits qui meurent à petit feu ne sont pas des silhouettes pittoresques, ils fonctionnent comme contrepoints concrets et pathétiques. Stylistiquement, le film tire son envoûtement lyrique de cette juxtaposition de la sordidité et de l’idylle, de la dureté des dialogues et de la douceur des éclairages. » Enfin, notons combien le film contrevient à « presque tous les préceptes du Code Hayes, et ceci à six mois de son entrée en vigueur généralisée. Concubinage, scènes de nu, enfant illégitime, tentative de viol, allusion à la prostitution, au suicide et même à l’avortement. (…) » Hervé Dumont

Le film dut subir de fait de très nombreuses coupes de la censure.

Ma 2/04 à 21h En présence de Hervé Dumont – Sa 6/04 à 14h30 : Trois camarades

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Three Comrades,
1938, 1h27,

Avec Robert Taylor, Margaret Sullavan

Dans l’Allemagne des années 1920 en proie à l’amertume après la défaite de 1918, trois amis pleins de vie et de projets montent un garage automobile. Ils rencontrent la charmante Patricia…

Le film est une adaptation du roman d’Erich Maria Remarque. Adaptation signée de Francis Scott Fitzgerald qui fut l’objet d’une houleuse collaboration avec le coproducteur du film Joseph L. Mankiewicz, entrée dans la légende hollywoodienne.

  « Three Comrades profite à la fois de la sensibilité de Fitzgerald et de la tendresse de Borzage, distillant un « sentiment de grâce précaire » (Positif) où se rejoignent leurs univers respectifs. Mais la vision du film terminé est plus qu’éloquente : Borzage confère à l’œuvre non seulement une unité stylistique, mais il la fond dans un moule esthétique et thématique totalement personnel. »  Hervé Dumont

Le biographe relève aussi la prestation de l’interprète principale : « Le film bénéficie ici de l’extraordinaire présence de Margaret Sullavan. « J’ai toujours eu énormément  d’admiration pour Frank Borzage en tant que cinéaste », nous a avoué J. L. Mankiewicz. « Déjà dans A Farewell To Arms, j’avais été impressionné par la sensibilité du jeu qu’il obtenait de ses acteurs, en contraste avec les numéros exceptionnels exagérés des films de l’époque. Ce n’est vraiment pas un hasard sur le jeu de Margaret Sullavan dans Three Comrades et The Shining Hour fut si exceptionnel. »

Sa 13/04 à 14h30 – Ma 16/04 à 19h : La Tempête qui tue

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The Mortal Storm,
1940, 1h40

Avec Margaret Sullavan, James
Stewart, Robert Young, Frank Morgan

Au Sud de l’Allemagne, l’avènement du parti nazi fait des émules parmi les  jeunes gens, et divisent un groupe d’amis, dont certains envisagent de fuir l’Allemagne…

D’une grande lucidité politique, avec le trio de The Shop Around the Corner d’Ernst Lubitsch, cette fois-ci dans un registre tragique.

« C’est là une des grandes originalités de The Mortal Storm : à l’horreur cautionnée par l’Etat, il ne répond pas par un appel facile à la vengeance, mais en louant la grandeur d’âme et la tolérance de quelques isolés ; il laisse même percer une forme de compassion envers les égarés qui méprisent ce sentiment. (…) Borzage renonce aux mises en scène spectaculaires, au sensationnalisme criard et évoque la monstruosité nazie par les moyens d’une déroutante simplicité. (…) Pourtant si la violence demeure souvent indirecte, la puissance du langage cinématographique la rend présente jusqu’à l’insoutenable.  » Hervé Dumont

Sa 20/04 à 16h15 – Ma 23/04 à 19h : Chagrin d’amour

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Smilin’ Through,
1941, 1h40,

avec Jeanette MacDonald, Brian Aherne
Gene Raymond, Ian Hunter

Reclus depuis la mort de sa femme, assassinée par un rival le soir de leurs noces, John Carteret accueille chez lui sa jeune nièce. Il continue de converser avec le fantôme de son épouse. La fillette grandit, ressemble de plus en plus à sa tante. Elle croise la route du fils de l’assassin de sa tante…

Une comédie  musicale en Technicolor, remake du film de 1932 signé Sidney Franklin avec Norma Shearer.

 « La première semaine, toutes les scènes sont enregistrées à la fois en noir et blanc et en couleurs, afin de pouvoir comparer les résultats. Borzage n’hésite pas longtemps : grâce au Technicolor, dit-il, « les sentiments semblent gagner en force, les êtres humains en chaleur et en vie. » Plastiquement, Smilin’ Through est une réussite, car le réalisateur soigne sa palette chromatique. Quelques séquences portent la signature d’un immense talent, perclus cependant par une sorte de lassitude. » Hervé Dumont

Une curiosité dans la filmographie de Borzage à découvrir.


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