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[Critique DVD] Rebelle

Par Gicquel
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Komona, raconte à l’enfant qui grandit dans son ventre l’histoire de sa vie quand elle a dû faire la guerre dans l’armée des rebelles d’un pays d’Afrique Centrale. Le seul qui l’aide et l’écoute est le magicien, un garçon de 15 ans qui veut l’épouser. Ils s’évadent pour vivre leur amour et trouver la voie de la résilience.

Le film :

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½
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Les bonus :
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 Interdit aux moins de 12 ans

Le cinéma manque souvent de parti pris, de point de vue. Si l’on place la caméra à tel endroit, cela signifie bien quelque chose. On s’accorde ou pas sur le choix et sa résultante, mais le film n’en prend que plus d’intérêt. A l’image de ce «  Rebelle » surprenant et magnifique, qui n’a rien d’un amusement à la Pixar. Une fois la confusion des genres levée, on reprend le chemin que Jean-Stéphane Sauvaire avait débroussaillé dans son film éloquent sur les enfants soldats, «  Johnny Mad Dog ».

Ces mêmes gosses, on les retrouve cette fois au Congo, même si le pays n’est jamais cité, sous l’emprise de soldats rebelles au gouvernement. Enrôlés de force, ils ne peuvent que se plier aux ordres de ces hommes bêtes et brutaux si l’on en croit Kim Nguyen le réalisateur canadien, qui pourtant va quitter l’esprit guerrier qui les anime pour tenter de sauver deux d’entre eux : le magicien, un jeune garçon tombé sous le charme d’une prisonnière, Komona.

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C’est ce parti pris que le cinéaste assume pleinement tout au long d’un périple  filmé  lentement ( avec précaution ? ) entre le rêve éveillé et le  voyage intérieur.

Komona a vu son village décimé par les rebelles. Contrainte d’abattre ses parents, elle les revoie toutes les nuits, dans ses cauchemars, peuplés de fantômes obsédants. Pour vivre, il lui faut alors  chasser la malédiction qui entoure son histoire, avant de se donner à son amoureux, dont l’épreuve est de  ramener un coq blanc. Dans la famille de Komona, on ne se marie pas sans posséder un tel gallinacé, pourtant très rare au Congo.

C’est l’aspect le plus souriant du récit que Kim Nguyen écrit  dans  un pays qui à peine entré dans le XXI ème siècle compte encore sur la force des esprits, qui se vengent , et sur le pouvoir de la sorcellerie. Autant de traditions que le jeune couple va tenter de dépasser, donnant au titre du film son véritable sens. Plus fort que les révolutionnaires surarmés, ils sont les vrais rebelles de l’histoire. Le regard de Nguyen ,peut-être un brin naïf,ne manque pourtant pas de discernement pour nous dire qu’il suffirait de pas grand-chose pour mener à bien ce pays hors des ornières qui jonchent ses chemins mal goudronnés. Deux gamins qui font la guerre buissonnière, par exemple…

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 LES SUPPLEMENTS

  •   Entretien avec le réalisateur Kim Nguyen (17 mn)

Il évoque la situation des enfants soldats, la manipulation des adultes, l’exploitation des ressources au Congo qui fait plus de dégâts que les guerres tribales….« Le Congo apparaît comme le cadre symbolique d’un drame universel ; on y trouve les contrastes entre tradition et modernité, les plus marqués. J’ai voulu éviter le discours géo-politique,  l’âme du Congo est dans le film, mais jamais on ne le nomme , je ne suis pas un expert de ce pays… »

Le réalisateur évoque ensuite son casting et s’attarde beaucoup sur Rachel Mwanza, une enfant de la rue , comme beaucoup d’autres gamins jouant dans le film . « Ils ont une façon spontanée de meubler les silences, il ne s’auto analysent pas, ils foncent, ils en ont l’habitude ».

  •   Entretien avec Alain Louyot, grand reporter de guerre et auteur de « Gosses de Guerre ».

Le journaliste parle avec passion et connaissance du terrain de ce phénomène des enfants soldats que l’on a utilisés depuis toujours . « Les enfants pour faire la guerre ne voient pas le danger, et vont  dans des missions où les adultes n’iraient pas ».Terrible témoignage.


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