
genre: fantastique (interdit aux - 12 ans)
année: 1988
durée: 1H55
L'histoire: Carla Moran, une jeune mère de famille, voit son quotidien bouleversé lorsqu'une entité invisible la tourmente et la viole à plusieurs reprises, la laissant marquée physiquement. Des psychiatres se penchent sur son cas, puis, devant le peu de résultats, des spécialistes des événements supernaturels tentent d'aider la jeune femme.
La critique d'Alice In Oliver:
A travers sa filmographie, le réalisateur, David Cronenberg, n'a jamais caché sa fascination, pour ne pas dire son obsession pour ce rapport étroit entre la génétique et la psychologie. Que ce soit le remake de La Mouche, Chromosome 3 ou encore Videodrome, il est toujours question d'une transformation psychique et/ou psychologique qui atteint un voire plusieurs individus.
Faux Semblants, réalisé en 1988, n'échappe pas à la règle.
Le film fonctionne comme un thriller psychologique et nous présente un duo pour le moins atypique: deux gynécologues de renom mais aussi deux vrais frères jumeaux (donc des monozygotes) qui partagent exactement la même vie, les mêmes passions jusqu'à partager leurs diverses conquêtes amoureuses. Pourtant, un jour, les choses se compliquent sérieusement lorsque l'un des deux tombe sous le charme d'une belle jeune femme.
La vie des deux frères va alors prendre une tournure de plus en plus étrange jusqu'à sombrer dans la folie.

A partir de là, David Cronenberg oppose deux personnages aux facettes complémentaires mais néanmoins différentes. Le réalisateur évoque une relation fusionnelle. Psychologiquement, l'un des deux jumeaux se détache et apparaît comme le frère dominant.
Pourtant, au fil de l'histoire, c'est bien lui qui va peu à peu s'effriter et révèler ses faiblesses les plus intimes. David Cronenberg insiste largement sur ce paradoxe.
Le cinéaste brosse donc le portrait de deux frères à la recherche de leur véritable identité et personnalité. Pour David Cronenberg, c'est l'occasion ou jamais d'analyser les dynamiques complexes de la gémellité. Pour cela, le réalisateur peut s'appuyer sur un acteur de talent, Jeremy Irons, qui délivre une composition bouleversante. En effet, l'acteur joue ici un double rôle.
Hésitant entre le fantastique, le drame et le thriller psychologique, Faux Semblants évoque finalement un déséquilibre entre deux individus déchirés par leur propre existence.

Ce point de rupture survient à partir de l'arrivée d'une idylle amoureuse à priori sans lendemain. Pourtant, c'est bien cette jeune femme belle et innocente qu va révéler les failles de ce duo quasi similaire (tout du moins, d'un point de vie physique).
Les fans de Cronenberg s'amuseront probablement à regarder le film plusieurs fois pour le décortiquer dans tous les sens. Paradoxalement, Faux Semblants pourra aussi déconcerter certains, le film bénéficiant d'une ambiance austère et pour le moins particulière.
Vous l'avez donc compris: Faux Semblants est une oeuvre fascinante, presque hypnotisante, qui doit beaucoup à la mise en scène de Cronenberg et à l'interprétation de son acteur principal. Faux Semblants est donc un film difficile d'accès.
Nul doute que ce film mériterait un meilleur niveau d'analyse, la relation fusionnelle entre les deux frères, à la fois illusoire et pathologique, les conduisant inéluctablement sur le chemin de la fatalité. Toutefois, ne l'oubliez pas, vous êtes sur Naveton Cinéma !
Note: 16/20
