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Cloud atlas d’andy & lana wachowski et tom tykwer

Publié le 24 mars 2013 par Acrossthedays @AcrossTheDays

À travers une histoire qui se déroule sur cinq siècles dans plusieurs espaces temps, des êtres se croisent et se retrouvent d’une vie à l’autre, naissant et renaissant successivement…

Cloud Atlas 3 CLOUD ATLAS DANDY & LANA WACHOWSKI ET TOM TYKWER

Wachowski/Tykwer

Une coopération entre les Wachowski et Tom Tykwer ? Quand Matrix rencontre Cours, Lola, Cours, qu’est-ce que ça donne ? Et bien en trois mots : une pure merveille.

En 2009, Tom Tykwer déclara sa volonté d’adapter le roman Cartographie des Nuages de David Mitchell, paru pour la première fois en 2004 (que je me suis empressé d’acheter à ma sortie du cinéma). Les droits ayant déjà été achetés par Andy et Lana Wachowski quelques temps auparavant, les trois cinéastes décident alors de réaliser le film collectivement, en écrivant eux-mêmes le scénario. C’est ainsi qu’est né Cloud Atlas.

Moi qui m’attendais à aller voir un film de science-fiction barbant (je remercie d’ailleurs mon pote Théo de m’avoir emmené le voir) j’ai  été complètement conquis par ce film, qui est pour moi le meilleur film que j’ai vu au cinéma en 2013 (bon ok même si j’en ai loupé quelques uns) et certainement le plus abouti.

Tout d’abord faisons le point : Cloud Atlas n’est à proprement parler pas un film de science-fiction. Difficile de le mettre dans une case, mais le film explore des genres aussi différents que le thriller, la science-fiction, la romance, le film historique ou encore la comédie. Le défi d’une réalisation à 3 personnes semble assez difficile à remporter. On ne peut malheureusement pas comparer leur travail ici à celui des frères Coen, le « réalisateur à deux têtes ». En effet, chacun des cinéastes semble avoir apporté sa touche personnelle au film – notamment ses acteurs : Hugo Weaving pour les Wachowski et Ben Wishaw pour Tykwer – mais cela ne pose aucun souci et rend le film encore plus riche.

Bénéficiant d’un budget de 100 millions de dollars, le film est d’une richesse impressionnante, que cela soit au niveau du scénario, de la narration, des personnages, de l’image, de la musique, des genres explorés, du montage (les flash-backs, les raccords) ou encore du message du film.

 CLOUD ATLAS DANDY & LANA WACHOWSKI ET TOM TYKWER

 6 films en 1

Cloud Atlas, c’est 6 histoires presque indépendantes (donc compréhensibles telles quelles) mais reliées entre elles par des éléments aussi diverses et variés que des personnages, des lieux, ou des objets.

Vous aurez remarqué que dans certains films, des détails peuvent aider à la compréhension de l’histoire (ou la confirmation de faits qui nous sont révélés plus tard), par exemple dans Shutter Island ou dans Inception. Dans Cloud Atlas, pas de signification directe pour le spectateur, mais certains détails montrent les liens qui unissent les différents espaces temps, qu’ils soient des objets (les dents, entre les mondes 1 et 4), des lieux (le château, entre les mondes 2 et 4) ou des thèmes (le cannibalisme, entre les mondes 1 et 5).

Chacun des personnages principal possède un point commun : une tâche de naissance en forme de comète, qui représente selon moi leur personnalité, le « même » combat qu’ils mènent.

Les 6 histoires qui s’attardent chacune sur un personnage en particulier ont lieu à des époques différentes (je suis resté le plus vague possible pour ne pas spoiler le film).

  1. 1849 – Adam Ewing : un jeune avocat de San Francisco découvre l’horreur de l’esclavage à l’occasion d’un voyage sur les îles Chatam
  2. 1936 – Robert Frobisher : un musicien britannique homosexuel  deshérité par son père se met au service du célèbre compositeur Vyvyan Ayrs, afin de reconquérir la réputation qu’il a perdu.
  3. 1873 – Luisa Rey : une journaliste afro-américaine enquête sur une affaire de réacteur nucélaire. Aidée par deux employés de Seabord Corporation, Luisa Rey va tenter d’éclaircir une histoire complexe mêlant meurtres et enjeux économiques.
  4. 2012 – Timothy Cavendish : poursuivi par des gangster à cause de ses dettes, l’éditeur de 65 ans se voit jouer un mauvais tour par son frère, à qui il demande de l’argent.
  5. 2144 – Sonmi 451 : une clône qui travaille à Papa Song’s – un restaurant à Neo Seoul – se voit interrogée par un Archiviste avant son éxecution. Elle raconte alors comment elle a rejoint les rangs de la Resistance.
  6. 106 années après la Chute – Zachry : alors qu’il reçoit la visite de Meromym – représentante d’une tribu plus avancée – Zachry est confronté aux attaque de Kona, le chef d’une tribu très violente, qui terrorise la vallée. (on ne compte pas la 7ème histoire qui n’est autre que la sixième quelques années plus tard).

Chrono CLOUD ATLAS DANDY & LANA WACHOWSKI ET TOM TYKWER

On peut d’ailleurs trouver un thème commun à ces 6 histoires : la lutte d’un individu dans un but précis (contre des idées, des personnes ou le pouvoir) :

  1. Adam Ewing contre l’esclavage et l’injustice
  2. Robert Frobisher pour retrouver sa réputation
  3. Luisa Rey pour dénoncer un scandale
  4. Timothy Cavendish afin de récupérer son argent et ******* (spoil sinon)
  5. Sonmi 451 pour faire éclater la vérité au sein de Neo Seoul
  6. Zachry afin de survivre et de combattre contre son ennemi interne, le Vieux Georgie

Même si cela semble très complexe à première vue, le film est à la portée de tous et ne se veut pas ni élitiste ni trop intellectuel, il faut à mon avis juste être curieux. C’est en partie ce qui explique son flop au box-office, aux Etats-Unis comme en France (seulement 10M de $ à son premier week-end d’exploitation dans les salles américaines, et seulement 202 952 entrées à sa première semaine en France, soit 4 fois moins que Le Monde Fantastique d’Oz) : même s’il ne s’adresse pas réellement à « l’élite », sa durée et le thème a du décourager plus d’un spectateur.

 

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 Past, Present and Future

Au casting, on retrouve Tom Hanks, Halle Berry, Ben Wishaw, Jim Broadbent, Hugh Grant, Hugo Weaving, Jim Sturgess, et Donna Bae. La particularité du film est que chaque acteur a plusieurs rôles dans le film, et interprètent donc différents personnages.

Il est également intéressant de noter les relations qui unissent chaque acteur (les personnages n’ont rien à voir d’une époque à l’autre) et aussi l’évolution de chaque acteur au fur et à mesure du film : ils interprètent des personnages plus ou moins bons au fil du temps (à part Hugo Weaving qui ne joue que les bad guys). Voir l’infographie récupérée sur cinemablend.com

Cloud Atlas Infographie CLOUD ATLAS DANDY & LANA WACHOWSKI ET TOM TYKWER

Les 10 premières minutes du film nous en mettent plein la vue, et chose assez surprenante, l’équipe réussit à garder un rythme très soutenu pendant tous le film, aidées par un montage assez efficace. Il est « difficile » dans un premier temps de comprendre où les 3 réalisateurs veulent nous emmener. L’histoire semble confuse mais la mise en scène, le montage et la narration contribuent à notre bonne compréhension des évènements.

On note bien évidemment un réel effort artistique, tant du côté de l’image que du son, même si ce n’est pas étonnant de la part des 3 cinéastes.

Chez les Wachowski, on est bien sûr habitués à une image très travaillée (que ce soit dans les Matrix ou dans Speed Racer).  En allant voir Cloud Atlas on pouvait s’attendre à voir un film entièrement tourné sur fond vert, qui ne laisserait pas la place à des images plus authentiques, mais ce n’est pas le cas. L’impression d’avoir vraiment respecté chaque standard de ces « espaces temps » nous est donnée : de la science-fiction – à la fois très sobre et impressionnante – aux années 70 qui ont un rendu plus « neutre ».

Cloud Atlas 4 copie CLOUD ATLAS DANDY & LANA WACHOWSKI ET TOM TYKWER

Un mot sur le maquillage, qui est une des bases du film : c’est grâce à lui que le film a le sens qu’il a. Les transformations sont réellement scotchantes et absolument crédibles (le film fait d’ailleurs passer les maquillages de J. Edgar pour du travail d’amateur).

De leur côté, les décors sont absolument grandioses, que ça soit la ville Neo Seoul dans la partie science-fiction, les reconstitutions de San Francsico dans les années 70, ou encore les différents décors du XIXème siècle.

Cela peut paraître étonnant mais le film n’est pas réellement surchargé d’effets spéciaux (ils sont bien entendu utilisés à bon escient lorsqu’ils sont nécessaires). Les images sont alors absolument plaisantes, pas tape à l’œil, mais servent avant tout le film.

A propos de la bande-originale, elle a été composée par Tom Tykwer lui même, Reinhold Heill et Johnny Vlimek (deux compositeurs ayant déjà travaillé avec le cinéaste). Très prenante, à la fois discrète et efficace.

La voix-off a dans Cloud Atlas un rôle prépondérant : elle donne à la fois au film son rythme, sert de liaison, de fil conducteur entre chaque espace temps. De plus, on assiste au film comme si on était venu nous faire conter une histoire (par le personnage incarné par Tom Hanks), introduite par l’épilogue et achevée par le prologue. Il s’agit apparemment ici d’une astuce de mise en scène de la part des cinéastes – donc pas fidèle au livre -  mais qui apporte un intérêt supplémentaire pour le spectateur.


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