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Jussi Adler Olsen - Profanation

Par Pikkendorff

4 étoiles

“Une seule pression sur la gachette de leur fusil avait le pouvoir de les rendre heureux pendant plusieurs jours. Ils gagnaient des millions mais n’étaient réellement satisfaits que lorsqu’ils avaient l’occasion d’anéantir un être vivant.”

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Plaisant, très plaisant, excellent polar danois. Cette deuxième enquête du département V est d’une bien meilleure facture que la troisème enquête, Délivrance, parue en Janvier 2013.  Alors que  Délivrance nécessite concentration et prise de notes pour ne pas perdre de vues les 20 ou 30 personnages mis en scène, Profanationprend le lecteur par la main, l’entraîne avec vivacité sans jamais le perdre.  Bravo !

Adler-Olsen finit de camper son trio de policiers si délicieusement particuliers. Entre le râleur Carol Morck, le curieux assistant syrien Assad et l’ovni Rose, l’équipe se laisser adopter par les lecteurs. Ceci est sans conteste un des moteurs du succès de l’auteur.

L’irruption du passé, comme souvent, trouble la surface d’un présent immaculé. Un concours de circonstances permet de relier des faits criminels entre eux. Les soupçons pèsent sur un petit groupe. Mais ils sont puissants. Ils ne craignent rien ou personne si ce n’est d’une trahison d’un des leurs. Avec talent, Adler-Olsen joue des ressorts psychologiques particuliers et de la dynamique d’un groupe de psychopathes étonnant de réalisme :“Entre le gars qui se met un coup de carabine dans les roubignolles, celui qui gagne sa vie en bourrant les femmes de botox et de silicone, le troisième qui fait défiler des gamines anorexiques, pendant que des gens se rincent l’œil, un quatrième qui purge perpète, le cinquième dont la spécialité est de permettre à des riches de gagner du fric sur le dos des petits épargnants mal informés, et la dernière qui est dans la rue depuis maintenant douze ans…“

Il faudra bien 500 pages denses pour venir à bout d’un tel sujet. Car ne croyez pas que de s’attaquer à de tels personnages attire les sympathies des médias ou de sa hiérarchie. Le bras long et le coup de fusil facile, il vient un moment où la raison devrait m’emporter et de sujet, les enquêteurs changer.

Alors que les coupables nous sont assez rapidement connus, il nous est impossible de savoir qui paiera sa part à la justice, son tribut aux haines individuelles du groupe ou vivra vieux et riche au milieu de ses démons.

Un mois après la lecture, si la fin a disparu de ma mémoire, la tension et le jeu entre ces puissants déviants y reste gravée.

Coup de gueule nécessaire contre Albin Michel

A l’heure des vaticinations sur l’économie numérique face à l’objet livre, comment ne pas pester contre la qualité médiocre de la reliure d’un livre à 23€uros qui, après deux lectures, voit ses pages quitter leurs consoeurs ? A ce prix là, venant d’un éditeur comme comme Albin Michel, ce foutage de gueule s’appelle du vol.

A noter l’excellente traduction de Caroline Berg qui fait de Adler Olsen un auteur français.

Merci à Philippe de ces quelques heures de lectures danoises.

Albin Michel, Mai 2012, 22,90€


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