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Big is beautiful!

Publié le 25 mars 2013 par Laroberouge @hocinisophia

Ces dernières décennies ont été marquées par le retour en force de la discrimination malgré la conséquence humainement dramatique que l’on a connue pendant la Seconde Guerre Mondiale pour ne citer que cet exemple. Pourtant, il n’y a pas qu’en terme de discrimination « raciale » qu’il y a de la haine (quand bien même je déteste le terme de « race ») et un nouveau genre de ségrégation est apparue. Comme le dit le vieil adage, diviser pour mieux régner n’est-ce pas. Ainsi, on voit apparaître en force la stigmatisation du « gros », du « rond ». Partout on fait la chasse à la cellulite, aux bourrelets, aux poignets d’amour et plus encore en période de demi saison, quand le soleil pointe son nez.

Que ce soit à la télévision, dans les magasines de mode, les silhouettes s’affichent de plus en plus fines voire même squelettiques. Depuis quelques années une vaste campagne vise à promouvoir le « manger bouger » entérinant encore plus le fait qu’avoir un corps svelte et athlétique est une norme sociale. Je ne dénonce pas le fait de manger équilibré, loin de moi cette idée, mais ce martelage publicitaire et médiatique contribue à sacraliser la maigreur. A mon sens, c’est à nouveau une dérive du capitalisme qui a conduit à considérer le corps comme un objet, un outil à consommer et que l’on consomme. D’ailleurs, la recherche du corps parfait est intimement liée au capitalisme et à la société de consommation de masse comme vous pouvez le constater avec tous ces produits pour prendre soin de sa ligne, que ce soient tous ces aliments pauvres en matière grasse, sans cholestérol, tous ces médicaments dont on ne connaît même pas les effets cliniques réels ou encore toutes ces machines pour faire du sport et donc l’usage peut s’avérer également dangereux quand on ne sait pas les utiliser.

Big is Beautiful!

Cette culture du mince est pourtant très violente, d’une part par le discours que l’on vous livre, puisque l’on postule ouvertement qu’être « gros » est grave et que c’est disgracieux mais cela a des conséquences désastreuses sur les individus à commencer par les adolescents et surtout les adolescentes, puisque comme d’habitude, à qui exige-t-on d’être d’une beauté parfaite? Au femmes, évidemment. Or comme je vous le disais, beaucoup tombent dans le piège de la course au corps parfait et se retrouvent au final dans la course au poids le plus petit possible et c’est ainsi que l’on se retrouve avec des individus qui tombent dans le carcan infernal de l’anorexie et de la boulimie et qui s’affichent sur internet souvent des corps amaigris dans ce qu’il appellent « the thinspiration », association du mot anglais « thin » qui signifie « maigre » et de « inspiration » qui est un mot transparent pour imiter ces modèles s’affichant eux aussi de plus en plus maigres sur les podium. Si être atteint d’obésité morbide peut mettre en péril la santé, on oublie trop souvent de dire qu’une mauvaise alimentation alliée à un excès de sport peuvent être également très dangereux, preuve en est les différents scandales de mannequins décédés d’anorexie, sans même parler des milliers d’autres anonymes qui en sont également victimes.
Pourtant, l’institut français du textile et d’habillement, régulièrement, dresse une typologie du français moyen et l’on se trouve bien loin du modèle prôné par la publicité et le milieu de la mode: la française type mesure 1m62 et pèse 62 kilos.

Size zero, size nothing.
Taille zero, taille rien.

Ce n’est pas pour autant que les chaînes de prêt-à-porter prennent comptent de ce constat, c’est même le contraire puisqu’une récente étude publiée par Rue89 en partenariat avec un site de vente en ligne révèle que les femmes portant du 34 qui représentent 0,7% des femmes ont 20 fois plus de choix de vêtements que les femmes portant du 46 qui elles représentent déjà 9% des femmes. Cela représente 14% des vêtements disponibles pour la taille 34 contre seulement 0,6% de choix pour celle qui portent du 46. C’est ce qui pour moi, relève du schisme, tout simplement.

Par ailleurs, les professionnels de la mode se défendent très régulièrement de ne pas véhiculer d’image prônant la maigreur et de n’être, en outre, nullement responsables d’une quelconque incitation à la maigreur voire à l’anorexie. Or, j’en viens clairement à me poser la question de leur innocence quand je vois les propos décomplexés que tiennent certains comme Delphine Apiou, pour ne citer qu’elle , rédactrice en chef de Biba, qui a  très récemment tenus des propos grossophobes. Invitée sur Chérie 25 et interrogée sur la maigreur des mannequins justement, elle débitait à une vitesse incroyable un nombre incalculable d’obscénités sur les femmes rondes dont voici quelques extraits:

  • “La mode va mieux aux minces qu’aux grosses”,
  • ” C’est très difficile à habiller les grosses”,
  • ” Il ne faut pas se voiler la face en disant que l’on veut voir des grosses bien dans leurs corps ça n’existe pas”,
  • ” Les grosses c’est comme les gens qui fument elles veulent forcément mincir”,
  • ” On est 4 minces autour de cette table et on prend toutes soin de notre corps”,
  • ” Quand on est rond on n’est pas bien dans sa peau”,
  • ” On veut bien voir des grosses mais on ne veut surtout pas être grosse”,
  • ” Les rondes ne peuvent pas bien s’habiller ».

Big is beautiful!

Fort heureusement, les mentalités commencent à changer, et nous avançons doucement mais sûrement vers un peu plus de tolérance comme nous avons pu le voir pour le plaisir de tous avec les magasins suédois H&M qui ont lancé des mannequins aux dimensions réelles qui respectent les formes et l’harmonie du corps des femmes d’aujourd’hui et s’affichant avec de jolies hanches arrondies, un petit ventre et des fesses rebondies et qui ose enfin dire non à la dictature du 34, comme vous pouvez le voir ci-dessus. Une mini-révolution que l’on retrouve aussi chez Kellogg’s avec cette pub de Spécial K qui au lieu de proposer des régimes, de faire attention à sa ligne ou je ne sais quoi d’autre postule simplement que le plus important c’est de sentir bien dans son corps, dans une publicité qui je l’avoue m’a grandement fait plaisir.

Après « Touche Pas à Mon Pote » ou encore « Black is Beautiful » pour dénoncer les discriminations, j’attends encore le jour l’on s’insurgera enfin contre la stigmatisation des gros et que l’on verra enfin dans les rues des slogans « Touche Pas à mes Rondeurs » ou « Big is Beautiful ».

Révolutionnairement vôtre.

La Robe Rouge.



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