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Père Yves Gillot : « Le monde a besoin de miséricorde, de pardon, de tendresse »

Publié le 26 mars 2013 par Halleyjc

Père Yves Gillot : « Le monde a besoin de miséricorde, de pardon, de tendresse »Pour les autres, c'est une semaine ordinaire. Nous la préparons à travers les exercices de piété, de jeûne, d'abstinence. Ce qui est important, c'est de vivre le mystère pascal, c'est-à-dire mourir à nos vieilles habitudes, à nos vieilles mentalités, à nos moeurs païennes pour vivre la foi évangélique. C'est un passage qui nous est demandé de faire durant le carême et au terme il y a la fête pascale.

Est-ce pour tester notre foi ?
Non. C'est pour vérifier que nous sommes dans la bonne direction. Si on ne vérifie pas la mécanique de notre bateau en mer, on peut échouer! Il faut prendre des points de repères et c'est l'Évangile.

Comment se comporte la communauté chrétienne en Guadeloupe ?
Il y a un premier cercle de chrétiens proches de l'Église et de sa pratique. Ils sont là tous les dimanches, écoutent et suivent le message de Dieu... Un cercle plus distant avec des chrétiens pratiquants temporaires, périodiques, présents pour les grandes célébrations. Ces derniers sont attachés à la foi et à l'enseignement de l'église. Ceux du troisième cercle croient en Dieu mais ne sont pas pratiquants. Et puis il y a des gens qui regardent d'une fenêtre, sont attentifs en prenant des précautions et plus loin des gens qui s'en fichent catégoriquement. D'un cercle à l'autre, il y a quelque chose de commun : une foi partagée à divers niveaux, de différentes façons. Nous sommes les uns et les autres distants dans ce monde mais proches du coeur du Christ.

La ferveur est-elle toujours aussi forte en Guadeloupe ?
La foi a beaucoup baissé. Cela fait 53 ans que je suis prêtre. Entre les premiers jours de mon sacerdoce qui date de 1960 et aujourd'hui, il y a une baisse de la pratique religieuse. Mais est-ce que la foi a baissé ? Je n'en sais rien. Il y a des gens qui ne sont pas de grands chrétiens et qui font preuve de charité parfois mieux que certains fervents pratiquants. On ne mesure pas le progrès de l'Évangile à la quantité des pratiquants.

Quand on voit l'engouement lors de l'élection du pape...
Sur le plan mondial, quand vous pensez que la moitié des croyants se trouve en Amérique latine. L'Europe est devancée par les pays latino-américains, africains ou asiatiques. Le centre de la vie de l'Église s'est déplacé. Le pape est argentin, c'est significatif.

Cela veut-il dire que plus on a des difficultés, plus on se rapproche de l'Église ?
C'est vrai et ce n'est pas vrai. Je me souviens de deux cas : j'ai rencontré un monsieur qui faisait un film et qui me disait qu'il avait été croyant avant de perdre son enfant suite à un accident de bicyclette. Il ne pouvait pas pardonner à Dieu. Il a abandonné la foi. Et il y a un autre qui m'a raconté qu'il est resté loin de l'église et en perdant son père, la douleur l'a poussé à se demander s'il le reverrait un jour. Il a trouvé la réponse dans l'Évangile. La souffrance à la fois éloigne et rapproche. Certains disent si Dieu existait, il n'aurait pas permis tel ou tel malheur. On les comprend! La foi est difficile car on ne peut pas démontrer l'existence de Dieu.

Quel est le profil du chrétien ?
La vie de la foi et la vie de l'Église sont des choses entre guillemets portées par l'esprit saint et nous, nous sommes de pauvres instruments avec nos péchés, nos bêtises, nos faiblesses, nos vanités... Le Seigneur n'a pas donné à l'Église des anges pour la conduire mais à des hommes, des pécheurs, des pécheresses. Dans la vie de l'Église, encore aujourd'hui, ce ne sont pas ceux qui font la Une des journaux qui sont les vrais missionnaires de l'Église. Il faut les voir parmi ceux qui se penchent sur les pauvres, sur les gens qui sont tombés au bord des rues... Il y a une quantité des gens qui pratiquent l'Évangile au quotidien dans leur action et leur attitude envers les autres. Qui vous dit qu'ils ne sont pas plus chrétiens que vous et moi ?

À Pâques, le pape délivre un message. Quel est-il ?
Dans le discours du pape François se dessinait déjà son projet. Il a beaucoup parlé de miséricorde. Il a dit que la miséricorde doit aller jusqu'à la douceur, à la joie de partager. C'était fort. Le monde a besoin de miséricorde, de pardon, de tendresse et faute de l'avoir, on tombe dans le conflit, la guerre, les tueries...

Les représentants de Dieu sont-ils près de la population, de son quotidien ?
Je ne peux pas dire le contraire. Mais il y a une certaine prudence. Même si nous marchons parallèlement comme les rails d'un train, nous ne devons pas tomber dans des comportements qui seraient interprétés de façon politique. Par exemple concernant le mariage pour tous, l'Église est contre. Nous ne pouvons pas accepter car le projet de Dieu, c'est un homme et une femme. C'est devenu politique, idéaliste... pour satisfaire le goût des gens. Ce qui plaît n'est pas forcément conforme à l'Évangile. Par l'absurde comme en maths si tous les hommes et les femmes s'épousaient il n'y aurait plus d'enfant. Est-ce conforme au projet de l'humanité ? Des chrétiens ont protesté samedi après-midi. Ils ont le droit de dire qu'ils ne sont pas d'accord comme ceux qui ont dit qu'ils étaient pour le mariage pour tous. Au-delà de cela qu'il n'y ait pas de guerre, d'inimitié, de vengeance. Chacun son opinion.

Quel est votre message à ceux qui vont célébrer la fête Pascale ?
Beaucoup seront dans la joie spirituelle d'avoir renouvelé leur foi. Nous sommes dans l'année de la foi instituée par le pape Benoit XVI qui avait dit qu'il faut renouveler en nous le don de la foi, mieux comprendre ce à quoi nous croyons. Il faut réapprendre à faire vivre le sens de la foi.
D'autres vont célébrer la fête de Pâques en allant sur la plage, en mangeant du cabri, du colombo... C'est leur choix! Un jour, ils vont découvrir quelque chose de plus. Je voudrais dire à tous et à chacun d'être heureux. Dieu est fête.

- LA SEMAINE SAINTE
MERCREDI SAINT : MESSE CHRISMALE ET BÉNÉDICTION DES HUILES
Le mercredi de la Semaine Sainte, de nombreux diocèses proposent la messe chrismale. Durant la messe chrismale, l'évêque consacre le saint chrême et bénit les autres huiles saintes.
 
JEUDI SAINT : MESSE EN MÉMOIRE DE LA CÈNE
Le Jeudi saint, l'Église célèbre la messe « en mémoire de la Cène du Seigneur » , puis les fidèles s'unissent à la prière du Christ ce soir-là, en veillant auprès du Saint-Sacrement (le pain et le vin consacrés au cours de la messe) jusque tard dans la nuit.
 
VENDREDI SAINT : LE CHEMIN DE CROIX
Les chrétiens sont appelés au jeûne (qui consiste à se priver de nourriture suivant l'âge et les forces du fidèle), démarche de pénitence et de conversion, expression de l'attente du Christ. L'office du Vendredi Saint, appelé « célébration de la Passion du Seigneur » , est centré sur la proclamation du récit de la Passion. Il est proposé aux fidèles un chemin de Croix qui suit les étapes de la Passion du Christ.
 
SAMEDI SAINT : VIGILE PASCALE
La célébration de la nuit du Samedi Saint au dimanche de Pâques est « une veille en l'honneur du Seigneur » durant laquelle les catholiques célèbrent Pâques, passage des ténèbres à la lumière, victoire du Christ sur la mort. C'est pourquoi, dans la nuit, le feu et le cierge de Pâques sont allumés, puis la flamme est transmise aux fidèles.
C'est aussi durant cette veillée - ou Vigile pascale - que sont célébrés les baptêmes d'adultes. Ils sont aussi l'occasion pour les fidèles de renouveler les promesses de leur baptême. Au coeur de la vigile, les rites spécifiques aux sacrements d'initiation sont parlants : La plongée dans l'eau, symbole de mort et de vie, passage à la résurrection dans le Christ. On est baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Au sortir de l'eau, les nouveaux baptisés seront revêtus du vêtement blanc. Ils le porteront au cours de certaines célébrations du temps pascal.
S'ils sont confirmés ce soir-là, il y aura le rite avec le saint chrême, la marque de l'Esprit Saint.
Avec toute l'assemblée, ils recevront le cierge allumé. Tels des porteurs de la lumière de foi dans leur vie, ils participent à la liturgie eucharistique et communient pour la première fois.
 
DIMANCHE DE PÂQUES : MESSE DE PÂQUES
Étymologiquement, « Pâques » signifie « passage » : par ce passage de la mort à la Vie, le Christ a sauvé l'Homme du péché et l'a appelé à la vie éternelle. La Résurrection du Christ est l'accomplissement des promesses faites par Dieu à son peuple. C'est pourquoi la fête de Pâques, célébrée par une messe solennelle, est le sommet du calendrier liturgique chrétien. Ce jour d'allégresse est marqué dans les églises par la couleur blanche ou dorée, symbole de joie et de lumière.

Propos recueillis par Nathalie DINANE


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