Magazine Culture
Pour peu que tu me lises depuis un certain temps, je pense que je ne t'apprendrais rien en te disant que les Strokes sont un de mes sujets de prédilection.
Rien d'étonnant donc, à ce qu'avec la sortie de Comedown Machine je revienne à la charge.
Cet album est de loin le plus intéressant du groupe, puisque c'est le premier à faire réellement débat. Si les 3 premiers avaient plus ou moins fait l'unanimité, pas toujours pour les bonnes raisons, une sorte de consensus mou s'était dégagé autour d'Angles. Ici il n'en est rien : il va peut-être enfin y avoir de la vraie bagarre !
Comme pour Angles, la comparaison avec les 3 premiers disques n'a aucun sens, mais là où le disque se différencie de son prédécesseur, c'est que si ce dernier semblait accidentel, Comedown Machine est totalement assumé.On est en 2013, 12 ans après 2001 (j'ai fait des études scientifiques), et les Strokes nous disent enfin : "Nous ne sommes plus le groupe du retour du rock, et peut-être qu'on ne l'a jamais été. Alors écoutez ce disque, ou ne l'écoutez pas, mais foutez-nous la paix !", à des kilomètres de l’exaspérant : "On est désolés, on ne sait plus trop qui on est." d'Angles.Si il fallait utiliser un seul mot pour résumer cet album, ce serait donc assumé. On peut ne pas apprécier l'évolution vocale de Julian ou encore son goût de plus en plus prononcé pour les claviers dégueulasses, mais au moins, on sent que le groupe n'essaye pas de nous faire croire que non, rien n'a changé comme sur Undercover of Darkness. Cette fois-ci, le premier extrait ne laissait aucun doute : aucune brigade du bon goût n'allait les dicter pour les empêcher de (exemple pris totalement au hasard) prendre une sonnerie de Nokia et en faire une ligne de clavier. Le pire c'est qu'aussi atroce a pu paraître One Way Trigger quand il est apparu, il s'avère qu'une fois placé dans le contexte de l'album, il devient presque appréciable. Dans un sens c'est peut-être le premier album des Strokes qui soit autant un album : pris individuellement, la majorité des titres passerait plutôt mal alors que l'album en entier est suffisamment cohérent pour se laisser écouter sans problèmes, et ce, sans rien sacrifier sur l'autel de la diversité. Et ça, on peut ne plus aimer le groupe, il est difficile d'affirmer que de ce point de vue là l'album n'est pas réussi.
Comme à chaque fois avec les Strokes, on ne tient ni l'album de l'année, encore moins celui de la décennie (oui, parce qu'à un moment il va falloir arrêter de sur-évaluer Is This It ? pour dévaluer tout ce que le groupe a fait après), mais il serait de mauvaise foi de parler de raté sur toute la ligne : un disque qui dit aussi remarquablement "allez tous vous faire foutre" est tout sauf raté.