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Promise Land (Gus Van Sant, 2013)

Par Doorama
Promise Land (Gus Van Sant, 2013) Global, une compagnie d'exploitation de gaz de schiste, envoie Steve Butler démarcher les habitants d'une petite ville américaine "qui repose sur des millions". Plein de promesses, mais aussi de sincérité, Steve va pourtant se heurter à la méfiance des citoyens, avec l'arrivée d'un militant écologiste qui dénonce les pratiques et les dangers de Global. Steve va peut-être arriver à un stade où lui aussi va douter...
Gus Van Sant est un cinéaste intéressant, à la fois esthète et ambitieux, il construit petit à petit une filmographie variée, et globalement de qualité. Du calibré Will Hunting, au minimaliste Last Days, en passant par Elephant ou Gerry, Van Sant s'intéresse à la dimension humaine de ses personnages. Promised Land va dans cette direction en proposant autour d'un sujet d'actualité (le gaz de schiste) de dresser un portrait tout en nuance d'un "acheteur de ressources" à la solde d'une multinationale. "A la solde" ? C'est bien là que Promised Land est intéressant puisqu'il extrait d'un profil souvent critiqué pour ses méthodes et son absence de valeurs, des qualités humaines. Humaniste et plein d'espoir le dernier Van Sant ?
Promised Land, n'est certainement pas, et de loin, parmi les meilleurs films de Van Sant, mais il n'en demeure pas moins fort agréable. Malgré son sujet actuel et polémique, il se refuse à jouer la carte d'un militantisme bruyant et engagé, et préfère la "jouer centriste" en proposant au spectateur un personnage bon et sincère au service d'intérêts aux dents longues... Le message de Promised Land n'en est pas moins simpliste et ordinaire, mais plus que la cause écologique elle-même, il se focalise surtout sur un éveil personnel qui remet Steve sur la bonne voie. Alors que le chemin semblait bien balisé (la grosse compagnie, les effets de l'extraction sur l'environnement...), Gus Van Sant préfère aborder cette problématique par le petit bout de la lorgnette, par son côté humain, et positionne définitivement Promised Land du point de vue des petits et de l'individu, reléguant le monstre Global à une idée... Promised Land revêt alors une forme bucolique  calme et simple, un aspect province, qui tranche singulièrement avec l'angle habituel de  la mondialisation.
Matt Damon se charge de construire un personnage qui tente de faire un "sale boulot proprement". Comme souvent (on l'aime de plus en plus ce bonhomme ! pour son jeu, pour ses choix aussi...), sa composition est impeccable, et même s'il vend an dissimulant (omettant ?) la vérité, même s'il corrompt, même s'il cherche le profit maximum, il est bien difficile de le haïr ou même de lui donner le mauvais rôle... Ce gentil méchant, ou méchant gentil est certainement ce qu'il y a de plus intéressant et original dans Promised Land, et c'est certainement ce qui permet au film d'être attachant à ce point, malgré son apparence (faussement ?) fade. Gentiment, mine de rien et sans effets, Gus Van Sant distille ses messages : c'est notre nature qui seule nous permettra de résister de protéger la Nature... Ce n'est pas les Global que nous devons changer, mais nous-mêmes. Et c'est dans cet esprit que Van Sant amènera un oeil atypique sur le sujet : ce sont les méthodes de Global, plus encore que les effets néfastes avérés, qui doivent nous alarmer, comme si plus de bon sens pouvait empêcher qu'une chose mauvaise se déroule. Même si tout cela peut sembler léger et New-Age, Promised Land aborde son sujet avec une naïveté et une simplicité agréable et reposante, touchante et responsable.
Promised Land ne contient pas autant de peps et d'énergie qu'un Erin Brockovich, il est même bien moins convaincant, mais sous ses apparences d'"écologie light" et sa prise de conscience à l'américaine, sait tout à fait se rendre attachant. Avec ses scènes tranquilles et sa jolie verdure, le film de Van Sant se pose en alternative aux films-chocs sur les scandales écologiques. Il explore les faits, calmement, et devant la difficulté  de se débarrasser du "coupable désigné", de l'autre, du méchant, il soulève timidement cette question : "et vous que pouvez-vous faire, là où vous vous trouvez ? Quelle est votre résolution ? Votre seuil de tolérance, votre ethique ?". Promised Land ne laissera sans doute personne à terre devant sa puissance de feu, ici d'argumentation, mais à la rédaction, nous avons en revanche été séduits par sa rusticité et sa simplicité. Si vous cherchez un film qui apaise, qui n'angoisse pas, qui divertit sans vous abrutir et qui ne vous mette pas en mode de pensée "Tous pourris !", alors ce Promised Land trouvera certainement une jolie place dans vos projets.
Promise Land (Gus Van Sant, 2013)

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