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[Semaine digitale de Bordeaux] « Nous n'avons plus besoin de bâtiments numériques mais de bâtiments obéissants. »

Publié le 27 mars 2013 par Pnordey @latelier
La semaine digitale

La place du citoyen dans la ville intelligente semble encore se rechercher, et le numérique est un outil qui permet aux utilisateurs de s'adapter aux changements apportés par la numérisation.

Rencontre avec Jérôme Degryse, Directeur Stratégie chez Schneider Electric et conférencier sur le thème de la ville intelligente à l'occasion de la Semaine Digitale à Bordeaux.

L'Atelier : Vous affirmez concevoir le numérique comme un outil au service de la ville intelligente, qu'il s'agisse des bâtiments, de l'énergie ou encore des transports. A-t-on déjà complètement assimilé ce concept ?

Jérôme Degryse : Il existe aujourd'hui des technologiques qui n'existaient pas il y a cinq ans. L'analyse et le traitement de données sont toujours utiles pour donner des informations sur le fonctionnement d'une installation technique, car ce sont des outils à destination des gestionnaires d'un bâtiment, mais nous sommes déjà dedans. On est capable d'aller beaucoup plus loin dans le pilotage et la gestion d'un bâtiment intelligent car le numérique sert les réseaux climatiques, électriques, domotiques etc. Cependant, tandis qu'auparavant nous traversions une phase où tous ces réseaux convergeaient vers la numérisation, ce procédé est aujourd'hui relativement mâture. Ce que nous ne maîtrisons pas encore, c'est la manière d'interagir avec les utilisateurs. Ce qu'il faut comprendre, c'est que le numérique ne rend pas une ville plus intelligente. C'est un outil, un levier, mais il reste à inventer un modèle social, un changement culturel. Et la place accordée aux utilisateurs participe à cette construction d'un modèle social.

Quel serait ce modèle social ?

On peut regarder ce modèle de deux manières différentes. Soit le bâtiment intelligent opère de manière solitaire et l'utilisateur ne possède aucun rôle. Soit l'utilisateur modifie son comportement, peut agir et peut apposer sa marque sur l'empreinte énergétique d'un édifice. Je parle surtout de bâtiment intelligent, mais cela pourrait tout aussi bien être un réseau d'éclairage public, un quartier résidentiel. De fait, la présence d'un référent s'avère nécessaire sur un site. Il faut que quelqu'un puisse comprendre comment le bâtiment vit, comment le piloter, comment gérer sa production énergétique au mieux, comment interagir avec ses utilisateurs afin qu'il puisse prendre des décisions. Le social réside dans le confort apporté aux utilisateurs : les optimisations apportées à la dépense énergétique d'un réseau ne peuvent survenir que si l'on comprend les interactions entre hommes et bâtiment, bref, si l'on comprend le confort d'un utilisateur.

Ce référent, lui, doit-il rester humain ? Peut-il s'agir d'un agent informatique ?

Il peut exister certaines règles d'optimisation comme l'aide à la conduite. Néanmoins un référent n'a pas besoin d'exister physiquement sur un endroit particulier. Il a la possibilité d'être partagé, si la taille du lieu ne nécessite pas d'y employer une personne à plein temps. C'est là que se trouve aujourd'hui l'innovation. Si on maîtrise ces perspectives de consommation énergétique, on sait tirer le meilleur parti d'un investissement. Grâce à l'outil numérique et les technologies de pilotage, il est bien plus intéressant de s'adapter que de changer entièrement la structure d'un bâtiment. On obtient alors un bâtiment modulable et sous le contrôle de l'utilisateur. Nous n'avons plus besoin de bâtiments numériques mais de bâtiments obéissants.


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