Magazine Beauté

New Paintings, Fiona Rae à la Galerie Nathalie Obadia (Paris 4)

Publié le 27 mars 2013 par Carnetauxpetiteschoses @O_petiteschoses

Fiona-Rae_I always wish you every happiness with my whole heart in the distanceC’est avec curiosité que j’ai poussé la porte du 18 rue du Bourg Tibourg, nouvel espace d’exposition de la Galerie Nathalie Obadia. L’exposition « New Paintings » de Fiona Rae est l’occasion de fêter les 20 ans d’existence de la galerie et d’inaugurer la nouvelle adresse dans le Marais.

Vierge de toute connaissance sur l’artiste, je suis entrée dans la galerie immaculée qui valorise et tranche avec son univers fourmillant et coloré. J’ai choisi de restituer ma visite comme une histoire, suivant les formes-mouvements que dessine l’artiste, celles retraçant la course de ces petits pandas attendrissants dont les expressions surprennent. Nous pourrons ensuite aborder l’approche de Fiona Rae plus avant.

Fiona-Rae_Floating-upwards
Il est mignon allongé dans son nuage coloré. Un nuage ? Pourquoi pas. On y voit ce que l’on veut (un champ de fleurs par exemple). D’ailleurs lui-même ressemble à un ourson, un petit ourson adorable. On cherche une de ses pattes pour comprendre sa position : il est assis et déjà en mouvement. Les couleurs et les codes très « kawaï », nous font penser à un univers enfantin et mignon, mais aussi à certains codes de jeux vidéos ou de manga. On explique cela par la présence d’étoiles, d’arc en ciel, et de personnages comme ces petits pandas. On lit aussi des lignes, des pointillés, des dégoulinures… Fiona Rae travaille visiblement sur la matière, le collage de ses personnages, la peinture appliquée soit en taches épaisses, soit en filigrane, ou encore en projections

Fiona-Rae_Endless-stream
Quel est ce monde fantastique ? On se surprend à chercher le sens de ces dégoulinures en dégradés comme si les nuages crevaient. Les oursons joyeux, eux, joignent un point à un autre en respectant des trajectoires. Est-ce elles que décrivent les pointillés ? Les lignes donnent l’impression qu’elles sont le résultat de la position des petits personnages, et qu’en même temps ils pourraient les utiliser pour faire machine arrière en remontant les pointillés. Parfois ils laissent des traces en arc en ciel dans leur sillage.

Plus loin dans un ciel noir, et dans des dominantes de vert, ils sont aux prises avec une végétation étrange. On pense à des bambous, à de la verdure. Est-ce qu’il s’agit de cela ? Prenons du recul ne serait ce pas un dragon asiatique ? La texture velue intrigue.

A coté dans le rose orangé on cherche à nouveau une forme plus grande. On devine une patte à doigts et des antennes. Un ourson se découpe les autres disparaissent dans le noir velu se confondent en boules touffues.

Fiona-Rae_Mixing feelings and time
Fiona-Rae_Everything-will-be-beyond-your-thinking

Dans un format petit bleu et glacé l’ourson peinturluré est aveuglé. Que doit-on y lire ?

Puis c’est l’apothéose de dégoulinures et de projections dans cette fantaisie colorée sur aplat gris. Les oursons apparaissent en pointilles mais cette fois formés de petits points et par des tirets. Juste par leur contour. On s’arrête. On se plonge dans les motifs, dans la couleur et la texture. On lit les transparences, les diverses couches de couleurs qui forment des dégradés.

Fiona-Rae_Joy diffuses
Fiona-Rae_Not everything ends the way you think it should

Les oursons sont dessinés debout sur un fond orangé. Une forme noire et velue se détache. Ils ont une expression d inquiétude. Il se passe quelque chose.

Ainsi, sont restituées les impressions ressenties devant ces 7 tableaux décrits ici. Et c’est avec grand intérêt que j’ai compris comment travaillait Fiona Rae. « Le point de départ de ces nouvelles peintures est une série de pandas brodés, que j’ai achetés au Pearl River Emporium à New York. La broderie est faite main : on dirait un dessin coloré sur de la soie noire et blanche. La fragilité de leur facture leur confère une expression et un statut ambigus, de sorte qu’ils apparaissent ridicules et menaçants à la fois. Encore plus important, je pouvais les prendre comme raison de peindre. (…) Avec ces pandas comme mascottes, amulettes, protagonistes, victimes ou observateurs — quel que soit leur rôle dans chaque tableau — je peux faire de la peinture qui porte un point de vue, un regard sur elle-même, tout en restant une manifestation totalement engagée des possibilités picturales. »

En défendant les idées de contexte et de contingence, elle explique qu’elle agence les éléments et les matières dans une logique du moment, qui lui semble à cet instant juste. Poussée par une sorte de création jubilatoire, elle semble capter les mouvements et les flux en utilisant plusieurs techniques : la peinture brute, mais aussi celle à la bombe, ainsi que certains logiciels de traitement de l’image. Ainsi elle esquisse ce qu’elle appelle une « suspension de l’incrédulité » dans l’agencement de ses motifs. La forme est à la fois ce qu’elle est et ne l’est pas : la ligne en pointillés est informative et ne l’est pas par exemple. Elle est la contingence même. Les titres questionnent le sens, ils ne sont parfois pas directement intelligibles, mais ils donnent l’intention de l’artiste, et un éclairage un peu différent qui oriente notre perception (je pense à « Joy diffuses », le petit tableau bleu, où les pandas peinturlurés m’ont intriguée et inquiétée, alors qu’il s’agit de l’expression de leur joie qui les sature).

Et pour terminer avec les mots de l’artiste « ce qu’il y a de beau et excitant dans la peinture est sa capacité de présenter un monde que peut habiter le spectateur, un monde sans mode d’emploi quant à la façon de le traiter ou de le comprendre. »

Une exposition étonnante à voir :
New Paintings, Fiona Rae
Galerie Nathalie Obadia
18 rue du Bourg Tibourg
75004 Paris

Articles en rapport:


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Carnetauxpetiteschoses 1154 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte