Pour son 19ème long métrage, le cinéaste espagnol Pedro Almodovar revient, pour notre plus grand plaisir, à la comédie de ses débuts, à la comédie Movida, déjantée et kitsch à souhait.
Parce qu’il nous avait habitué depuis des années à des films très travaillés tant sur le fond que la forme, des films traitant de sujets sociétaux plus ou moins pointus et avec un angle toujours surprenant voir déroutant, Les Amants Passagers semble être une pause récréative dans l’Ĺ“uvre almodovarienne.
Récréative, oui est l’est, cette comédie qui reprend tous les codes de la screwball comedy du cinéma hollywoodien des années 1930-1940, où les personnages sont tous plus excentriques les uns que les autres et où le rire naît de l’absurde. L’absurdité, voilà un mot qui résume parfaitement bien ce film, où un avion, sensé relier Madrid à Mexico, ne peut atterrir suite à une panne technique et se retrouve alors contraint de tourner en rond dans les airs. La panne technique, déclencheuse de la farce sur laquelle repose le film, est sublimement mise en scène dès les premières minutes par le couple Pénélope Cruz et Antonio Banderas, ces deux acteurs fétiches d’Almodovar pour la première fois réunis sur grand écran. Joli clin d’Ĺ“il ici du cinéaste aux acteurs auxquels il est fidèle et qu’il fait tourner depuis des années parmi lesquels Javier Camera (le héros de Parle avec Elle), Lola Duenas (Volver) ou Cecilia Roth (Tout sur ma mère).
Les deux premiers étant restés au sol, cette jolie brochette d’acteurs embarque à bord de cet avion qui ne rejoindra jamais Le Mexique. Dans ce huis-clos aux couleurs détonantes et délurées on croise trois stewards très gays, une médium vierge, une people amante des politiques, un tueur à gage bientôt repenti, un jeune couple de mariés totalement barrés et un copilote pas aussi rangé qu’il n’en paraît. S’il est vrai qu’on a ici affaire à des personnages très stéréotypés, il n’en demeure pas moins que l’essentiel du comique du film repose sur l’usage que le cinéaste fait des clichés en tout genre. Mais le comique, burlesque pour l’essentiel, repose avant tout et surtout sur les situations absurdes dans lesquelles les personnages se retrouvent et où le sexe prend une place démesurée. Le film va même jusqu’à tomber dans l’humour camp quand nos trois stewards, plus gays que gays, enchaînent, tels des drag-queens, des répliques très hots sous des faux airs de femmes hystériques. Le point culminant en est cette scène, de loin la plus réussie et déjà culte, de lipsing sur le tube des Pointer Sisters, au combien entrainant, I’m so exciting.
En ces temps maussades de crise économique, voilà un film qui a le mérite de réchauffer les cĹ“urs autant par ses couleurs que par son humour. Bien entendu, on ne peut pas ne pas remarquer le parallèle que dresse ici Almodovar entre l’Espagne qui se retrouve bloquée dans sa situation économique et qui se doit de trouver une sortie d’urgence et cet avion qui tourne en rond dans les airs en attendant de pouvoir effectuer un atterrissage forcé. Qu’importe, on est là pour se divertir et voyager au pays du burlesque !
Alors si vous aussi vous voulez vous envoyer en l’air avec Almodovar Airlines, n’hésitez plus embarquez au ciné !
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