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[anthologie permanente] Michel Houellebecq

Par Florence Trocmé

Michel Houellebecq publie Configuration du dernier rivage (parution le 17 avril
Le soir descend, porteur de paix et d’amertume ; 
Le sang bat dans les veines au rythme ralenti 
De la fin de journée ; les corps sont abrutis,  
Demain matin le ciel se couvrira de brume. 
Un air calme et cuivré circule entre les corps 
Qui se recouvrent d’huile et sourient à la mort, 
Programmés dans leurs gènes et dans leurs habitudes ; 
Un cerf-volant hésite, ivre de solitude. 
Le soir s’immobilise, le cerf-volant retombe ; 
L’enfant est devant lui, il contemple la tombe 
Dans les bâtons brisés, les restes de voilure,  
Dans la parfaite indifférence de la nature. 
L’enfant fixe le sol et son âme s’épure ; 
Il faudrait un grand vent qui disperse le sable,  
L’océan redondant, l’huile et la chair minables ; 
Il faudrait un vent fort, un vent inexorable.  
• 
La grâce immobile, 
Sensiblement écrasante,  
Qui découle du passage des civilisations 
N’a pas la mort pour corollaire 
• 
Exister, percevoir 
 
Exister, percevoir, 
Être une sorte de résidu perceptif (si l’on peut dire) 
Dans la salle d’embarquement du terminal Roissy 2D, 
Attendant le vol à destination d’Alicante 
Où ma vie se poursuivra 
Pendant quelques années encore 
En compagnie de mon petit chien 
Et des joies (de plus en plus brèves) 
Et de l’augmentation régulière des souffrances 
En ces années qui précèdent immédiatement la mort.  
Michel Houellebecq, Configuration du dernier rivage (parution le 17 avril), Flammarion, 2013, pp. 38, 89 et 90. 
Bio-bibliographie de Michel Houellebecq 


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