Une petite revue de presse, sur Notre Monde
Aujourd’hui c’est d’un film dont je vais vous parler. Je dis un film car c’est dans les salles de cinéma que l’on peut voir « Notre Monde » de Thomas Lacoste.
En fait de film, il s’agit d’un documentaire, même le mot documentaire n’est pas satisfaisant, alors tant pis appelons le juste « Notre Monde ».
C’est à la Maison des métallos de Belleville-Ménilmontant à Paris que le débat, « Notre Monde » se situe.
Philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, vont pendant deux heures performer sur une scène, ils sont 35 en tout.
Car c’est une véritable performance que Thomas Lacoste le réalisateur va demander à chacun des intervenants dans son domaine.
Qui parlent ?
En effet, les intervenants en dehors d’être tous des intellectuels, des pointures dans leur domaine, sont des personnes comme vous et moi, bien ancrés et confrontés à notre réalité quotidienne. C’est donc le fruit d’années de recherche que chacun va s’employer à partager avec nous.
Ainsi, Ils pointent tous les dysfonctionnements qui existent à tous les niveaux de la société.
Tous les champs sont explorés, éducation, santé, culture, économie, politique, frontières, justice, travail…avec un état des lieux sans concession, mais aussi avec des propositions de pistes pour refaire un Monde que nous habitons et non plus un Monde que nous subissons.
Du côté de l’éducation
« Bertrand Ogilvie (université Paris X) affirme que l’école a pour projet de générer de l’échec et parle de supprimer les manuels scolaires. Quelques instants plus tard, Christophe Mileschi, italianiste (Paris X également), se focalise sur l’école primaire et plaide pour des classes à huit élèves maximum. « En italien, talento signifie désir ! », lance-t-il derrière le pupitre en plexiglas. » Source : Le MondeDu côté de l’enseignement supérieur
« Frédéric Neyrat, J’appelle chaque chercheur à ouvrir ses cours à tous et à chacun. L’université doit être ouverte sur la Cité ». Il y voit plusieurs avantages : cela permettrait de sortir l’université de son entre-soi ; le public des cours se diversifiant, la nature du cours elle-même évoluerait ; chacun pourrait accéder à des connaissances, « dans l’esprit de l’éducation permanente selon Condorcet, qui remonte à 1792″. Les étudiants échapperaient enfin à la « marchandisation de la formation » qui sévit aujourd’hui. Source : Le Monde
Du côté genre et féminisme
« Au chapitre « Genre et féminisme », l’anthropologue Françoise Héritier voudrait que l’on puisse comptabiliser le travail domestique dans le calcul de la richesse produite en France. Et que le temps passé à garder les enfants en bas âge « compte double » pour l’attribution des points de retraite. » Source : Le Monde« L’objectif de Thomas Lacoste était de faire entendre, par dessus la parole dominante, la pensée et l’expression du commun.
C’est donc par le biais de toutes ces interventions, que l’on prend conscience que nous devons nous
réapproprier les questions politiques les plus graves. » Source : Le Monde
Du côté de l’Europe et des frontières nationales
« Le philosophe Étienne Balibar ironise sur le discours récurrent de cette campagne électorale : « Il m’a semblé entendre dire, il nous faut des frontières, à l’intérieur de l’Europe. Encore faudrait-il que l’Europe existe. L’Europe est non seulement en danger, mais elle est morte » Source : Le MondeDu côté de la démocratie électorale
« L’historienne Sophie Wahnich, directrice de recherche au CNRS, appelle à investir de nouveaux espaces politiques – le préau de l’école, image symbolique – car les lieux de débats sont en train de disparaître : « les partis politiques sont trop occupés à désigner des candidats à la candidature, les syndicats à calmer le jeu, et l’Assemblée nationale à suivre l’agenda du gouvernement ». Source : Le MondeDu côté de tous les autres points de vue
… C’est extrêmement riche.
Je ne peux pas tout dire, je n’ai pas tout vu !
Pour tenter de résumer les motivations des particpants
« Il est impossible de vivre sans faire de politique, ou alors c’est consentir par défaut et on voit où nous en sommes aujourd’hui. » Source : Un spectateur anonyme
Allez voir le film à défaut le site du film
Je vous invite ardemment à visiter le site de « Notre Monde », vous y trouverez la bande annonce du film, des entretiens avec les différents intervenants, le journal qui est le dossier de presse de « Notre Monde », le calendrier des débats publics autour du film, une galerie d’images, les articles de presse…
Maintenant s’il fallait donner des raisons pour aller voir ce film, je pense qu’elles sont simples:
- Le choix des intervenants devrait suffire : de Jean-Luc Nancy à Toni Negri, en passant par Etienne Balibar, Robert Castel, Luc Boltanski… pour l’ancienne garde (Avec mes excuses messieurs…). Chez les autres que je connais moins bien, mille excuses, Hourya Bentouhami, Elsa Dorlin…
- Des intellectuels engagés dans la vie réelle,
- Des chercheurs que l’on n’a pas l’habitude de voir, loin de toute médiatisation, avec un discours très loin de la pensée dominante. Une pensée multiple, loin des vérités uniques, qui dessine l’ensemble des difficultés que nous rencontrons au quotidien.
- Ce film nous offre du recul et ses mots pour décrire cette société qui change à grands pas.
Allez, bon week-end ciné à vous aussi
Et vous n’aurez pas d’excuses, même perdue dans ma campagne j’ai trouvé un cinéma à moins d’une heure de voiture qui passe Notre Monde.
Évidemment, le film est déjà en ligne, DotCom y est pour rien en plus…
Avec un magnifique menu par intervenant. Histoire de déguster par dose homéopathique, en fonction du temps disponible dans le cerveau d’une maman par exemple…