Si
C'est en prenant des coups que j'ai décidé de ne jamais souffrir. Avoir mal, on n'y peut rien:une rage de dents, une crise de goutte, un KO sur le ring, tout ça... Je vous conseille aussi l'gtransoesophagique.
On a mal, bon, c'est digne. On est ridicule, ça peut faire rigoler les spectateurs, c'est déjà ça:toute peine n'est pas perdue. Mais il ne faut pas souffrir: c'est autre chose. Souffrir comme on le fait généralement, c'est exploiter sa douleur en narcissisme gnagnasse vulgaire. C'est se plaindre. Si vraiment on ne peut pas éviter de geindre, de gémir, de pleurer, d'apitoyer, il n'y a qu'une solution: cogner aveuglément comme une brute. Ou alors ce suicider.
Autrement, on serre les dents (après la rage de dents et la gentillesse de cette chère Dolly Prane), on invente le soleil, on se dit "j'ai l'air d'un con", on se force à sourire. Certes, on doit résister à l'envie d'écrabouiller ceux qui vous plaignent à grands coups de pelle à merde. Mais c'est facile. Raison de plus: j'adore la facilité.
On se tient droit, tranquille pépère. Et puis ça passe. Enfin, parfois...
Magazine Culture
30 mars 2013