Une étonnante découverte : le compagnonnage féminin existait déjà il y a 104 ans !

Cet article était bien sûr un poisson d'avril ! En réalité, il s'agit de photographies (bel et bien chinées avant-hier à Carpentras) représentant des jeunes filles de l'Institution Blanche de Castille à Lille. Comme quoi, même si d'un certain point de vue, c'est l'attribution de la couleur qui fait le Compagnon, cet accessoire n'est pas leur exclusivité !

C'était hier le grand vide-greniers de Pâques à Carpentras (Vaucluse) et j'ai eu le bonheur d'y faire une nouvelle fois une découverte exceptionnelle : la preuve qu'il existait au moins une école de compagnonnage féminin dès 1909 !

On sait que la question du compagnonnage féminin reste au cœur de l'actualité compagnonnique. Si l'Association ouvrière des Compagnons du Devoir a pris l'initiative dès 2004 de s'ouvrir aux jeunes femmes, cette mixité n'est pas sans poser de problèmes sur de nombreux plans. La société du Compagnonnage Égalitaire l'avait au demeurant largement précédé quant à la date, mais l'initiative était trop marginale, pour ne pas dire confidentielle, pour avoir été portée à la connaissance du grand public. La Fédération Compagnonnique des Métiers du Bâtiment et l'Union Compagnonnique des Devoirs Unis restent pour leur part des compagnonnages exclusivement masculins, même si la question fait l'objet d'intenses débats depuis des années au sein de l'UC, toujours en avance de projets novateurs. Dernièrement, quelques femmes ont décidé de créer un compagnonnage exclusivement féminin, et elles semblent recevoir un accueil très favorable de la part de quelques Pays.

Or ma découverte vient montrer qu'en réalité, cette idée n'est absolument pas nouvelle et même qu'elle a eu une première forme de concrétisation, brillante, un peu avant la Grande Guerre. Ce sont deux photographies de l'école compagnonnique de jeunes filles de Vernègues (13). L'une nous montre les jeunes Compagnonnes réunies lors de leur congrès intercompagnonnique du 1er avril 1910, l'autre nous montre la promotion 1909-1910.

Il ne fait guère de doute qu'il s'agit bien là de Compagnonnes puisque toutes arborent fièrement leurs couleurs. On remarquera qu'il existait, comme aujourd'hui, plusieurs degrés d'initiation puisqu'il existe plusieurs nuances de couleurs, avec ou sans liserés blancs (exactement comme aujourd'hui donc). Certaines portent également une sorte de sautoir avec une médaille, ce qui me semble être la preuve d'une influence maçonnique…

Ce qui est extrêmement troublant, c'est la localisation de cette école compagnonnique : Vernègues. Aujourd'hui encore, c'est le siège d'une Cayenne de l'Union Compagnonnique. Et c'est au demeurant là qu'est née l'initiative d'un compagnonnage féminin… Influence astrale ? Lieu sacré (on sait que Vernègues est un oppidum) ? Je ne sais. Mais je constate.

Question rituelle : un visiteur du site possède-t-il davantage d'informations sur cette mystérieuse école compagnonnique de jeunes filles qui semble avoir disparu durant la terrible Grande Guerre ?

L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)