Titre original : The Walking Dead – Season 3
Note:
Origine : États-Unis
Créée par : Frank Darabont et Robert Kirkman
Réalisateurs : Ernest R. Dickerson, Bill Gierhart, Guy Ferland, Gregory Nicotero, Daniel Attias, Daniel Sackheim, Lesli Linka Glatter, Seith Mann, Tricia Brock, David Boyd, Glen Mazzara, Evan Reilly
Distribution : Andrew Lincoln, Sarah Wayne Callies, Laurie Holden, Danai Gurira, Michael Rooker, David Morrissey, Steven Yeun, Norman Reedus, Chandler Riggs, Melissa McBride, IronE Singleton, Madison Lintz, Scott Wilson, Lauren Cohan, Pruitt Taylor Vince, Jane McNeill, Michael Zegen, Emily Kinney, James McCune, Michael Rooker, Adam Minarovich, Dallas Roberts, Chad Coleman…
Genre : Horreur/Gore/Drame/Adaptation
Diffusion France : Orange Cine Choc
Nombre d’épisodes : 16
Le Pitch :
Après l’invasion de la ferme d’Hershel par une horde de zombies, le groupe emmené par l’ancien policier Rick Grimes, dont la femme, Lori, est prête à accoucher, trouve refuge dans une prison abandonnée. Lieu idéal pour s’établir, la prison regorge de morts-vivants qu’il faudra d’abord déloger, avant d’éprouver un semblant de sécurité.
Non loin de là, dans la ville fortifiée de Woodbury, le Gouverneur, un homme aussi affable que mystérieux, tente de préserver sa communauté du monde extérieur…
La Critique :
C’est après une seconde saison en demi-teinte, néanmoins de bonne facture, mais tout aussi bien marquée par de véritables fulgurances qu’alourdie par de sévères baisses de rythme, que nous retrouvons Rick et sa joyeuse troupe, toujours aux prises avec de méchants bouffeurs de cervelle, sans cesse plus nombreux. Une saison qui commence sur les chapeaux de roues (comme la précédente d’ailleurs, confirmant au passage que The Walking Dead sait soigner ses entrées)…
Reprenant quelques temps après la dernière scène de la saison précédente, ce troisième acte affiche d’emblée une tonalité on ne peut plus sombre et désenchantée. Les survivants viennent d’essuyer une bataille épique aux alentours de la ferme qui a servi de décors à la quasi totalité des épisodes, et rien ne laisse présager une quelconque amélioration en ce qui concerne leur situation précaire.
C’est donc là que Rick, Lori, Hershel, Carl et compagnie, tombent sur la fameuse prison. Un lieu clé dans la bande-dessinée dont s’inspire la série, qui servira donc de décors à cette nouvelle saison.
Ce qui ne signifie pas que le show désire se caler un peu plus sur son modèle de papier. Bien au contraire. En tissant sa propre trame, la série se pose toujours comme le complément idéal au comic. Et vice et versa. Nul besoin d’avoir lu les BD pour apprécier ou comprendre la série et nul besoin d’avoir vu la série pour savourer les BD. Un bon point pour l’adaptation qui tente donc d’évoluer de son côté, sans pour autant abandonner toutes les pistes narratives de l’œuvre de Robert Kirkman et Charlie Adlard. Certes, la prison, le méchant Gouverneur et la nouvelle venue, Michonne, sont aussi dans le bouquin, mais non, ils ne se calquent pas forcement à 100% sur leurs homologues de papier. Une bonne nouvelle qu’il convient de nuancer, tant c’est justement dans son incapacité à explorer jusqu’au bout quelques-unes de ses nouvelles idées, que la série en vient à parfois se trainer. De quoi ralentir encore et toujours le rythme, même si ici, contrairement à la saison 2 qui s’avérait parfois trop pépère, les choses restent toujours un tant soit peu tendues.
Reste cette impression, que cette nouvelle saison, avec ses trois épisodes supplémentaires (16 au lieu de 13), joue la montre. Tout particulièrement lors de la seconde moitié, où se prépare l’affrontement final et où les scénaristes n’en finissent plus de reporter. Une tendance coutumière des séries américaines, souvent constellées d’épisodes de remplissage. The Walking Dead ne fait pas exception à la règle et c’est dommage. Dommage car si bien souvent, le show arrive, lors des moments de calme, à instaurer une ambiance pesante à souhait et à explorer tout aussi bien la psyché de ses personnages, elle ne parvient parfois qu’à provoquer un ennui relatif assorti d’une impatience croissante. À ce compte là, pourquoi ne pas avoir simplement emballé 13 épisodes ? Probablement pour tirer un peu plus sur la corde, ce qui ne joue pas en faveur de la série.
Ceci dit, il est facile de pardonner sa tendance à se poser à une série qui passe par contre à la vitesse supérieure quand elle appuie sur l’accélérateur. Toujours hardcore, au point que l’on se demande comment une telle violence a pu passer au travers la censure américaine (on est quand même à la télé ne l’oublions pas), la saison 3 envoie du lourd. Sans doser de manière toujours très avisée, le show n’hésite jamais à emmener ses protagonistes dans des situations propices à des déferlements gores et riches en enjeux psychologiques tout aussi choquants. L’intrigue garde quelques-unes des meilleures idées du comic et propose un hybride malin et âpre à souhait, de Assaut de John Carpenter et de Zombies de George A. Romero. Cloisonnés dans un pénitencier, aux prises avec des morts-vivants, mais aussi avec un bad guy tout ce qu’il y a de plus humain, les survivants ont fort à faire. En toute logique -et heureusement-, Rick et ses potes se radicalisent. Y-compris Carl, qui passe de boulet, à véritable personnage, capable de faire pisser la sang pourri des zombies tout aussi bien que n’importe quel autre de ses compagnons.
The Walking Dead ne recule devant rien pour aller au bout de son processus. Plus que jamais avec sa troisième saison radicale, le show assoit son statut privilégié dans la mythologie zombie, en s’imposant comme l’une des grandes œuvres du genre. En mixant les styles (horreur, drame, thriller, western…), la série, malgré ses défauts, est arrivée à passer outre les différents problèmes qui ont émaillé sa fabrication (en autres choses, le départ du showrunner et co-créateur de la série, Frank Darabont).
Merle Dixon (Michael Rooker)
La réussite de la troisième saison doit également beaucoup à l’arrivée des nouveaux personnages. Le Gouverneur et Michonne en tête, sans oublier le retour de Merle Dixon, le frère de Daryl, abandonné sur un toit d’immeuble dans la saison 1 et toujours interprété par l’excellent et badass à souhait Michael Rooker. Si les premières images de Michonne, très attendues, avait enthousiasmé tout le monde, ce n’était pas forcement le cas du Gouverneur, joué par David Morrissey et physiquement très loin du personnage du comic. Clé de voute de la saison, il était primordial que le Gouverneur soit à la hauteur. Et finalement, il ne faut qu’une poignée de scènes pour accepter Morrissey. Peut-être peu ressemblant avec le Gouverneur du comic, le Gouverneur de la série reste un immonde salopard aux intentions louches. Un loup qui sait prendre l’apparence d’un agneau et qui s’avère parfait. De manière complètement inattendue, David Morrissey trouve peut-être ici son plus grand rôle et livre une performance subtile et nuancée. Jouant sur les faux-semblants et le mensonge, le Gouverneur est un méchant comme on aimerait en voir plus souvent. Un méchant qui n’hésite pas, qui parle un peu trop, mais qui agit avec rage et ardeur. Et comme Alfred Hitchcok disait : « meilleur est le méchant, meilleur est le film » (ou la série).
- Le Gouverneur (David Morrissey)
Michonne de son côté est plus que parfaite. Complètement raccord avec le comic, Danai Gurira fait le job avec style, joue du sabre avec brio, est charismatique à souhait, et ne sombre jamais dans la caricature du personnage taciturne qu’elle est au début.
Deux nouveaux venus parmi d’autres qui apportent du sang frais à cette excellente saison. Et comme toujours, dans un soucis de surprendre, ils remplacent certains protagonistes de premier plan, sacrifiés à intervalles réguliers. Car à l’instar de Game of Thrones, The Walking Dead n’a pas peur de tuer ses héros, comprenant que l’ère des personnages invincibles et imperméables au doute est révolue. Dans la logique de tous les films sur le sujet, The Walking Dead traite ses références avec un respect flagrant. La mise en scène est toujours nerveuse, à hauteur d’homme, mais pleine d’ampleur lorsque les circonstances l’exigent. Le budget étant assez conséquent, les effets-spéciaux sont aussi toujours remarquables, arrivant à nous faire accepter le sang de synthèse très présent. Normal quand on sait qu’ils sont chapeautés par le génial Greg Nicotero, également à la réalisation sur quelques épisodes, et nouveau pilote de la série dans son ensemble.
Marqué par ses ainés, The Walking Dead franchit donc un nouveau cap. Évoluant, certes parfois trop lentement, elle fait preuve d’une bonne volonté suffisante pour faire oublier rapidement ses défauts. Même si au fond, l’ultime épisode de cette saison s’avère assez décevant. Préparé par trois épisodes un peu plats, il fait prendre à la série une direction inattendue, s’éloigne encore plus du comic, mais déçoit. Comme si, à force de reculer pour mieux sauter lors de sa seconde moitié, la série s’était pris les pieds dans le tapis au moment de se lancer. Dommage, car même si la tenue de l’ensemble reste flamboyante, ce dernier épisode tend à laisser sur sa faim. Comme si les créateurs du show, au moment de clôturer la saison, n’avaient pas réussi à renouer avec l’excellence dont la série peut faire preuve, quand elle se concentre sur l’essentiel, trop pressés de poser les enjeux de la quatrième saison en jouant la sécurité. De quoi faire regretter l’immédiateté du comic, mais pas d’arrêter de vibrer devant ce qui reste l’une des meilleures séries de ces dernières années.
@ Gilles Rolland
Michonne (Danai Gurira)