
On ne dit pas théâtre sans paroles, mais théâtre gestuel. Je le sais. Je préfère ma tournure parce qu'il y a de très beaux moments où l'action n'est pas corporelle. Certains désignent aussi cela sous le terme de théâtre d'objets. On pourrait tout aussi bien parler de théâtre d'ombres et de lumières, comme faire allusion à la danse.
André Curti et Artur Ribeiro ont fondé la Compagnie Dos à deux en 1997. Ils combinent l'évocation et la narration en composant des tableaux qui tiennent parfois de la magie ou de l'illusion d'optique. Chapeau bas en premier lieu (même si ce n'est pas leur objectif) pour la performance physique et la prise de risques qui ne passe pas inaperçue à un oeil exercé.
Que l'absence de dialogues ne déroute pas les non initiés. L'histoire est très écrite, et ne laisse place à aucune improvisation une fois qu'elle a été fixée. On comprend immédiatement que le spectacle obéit à un scénario, et que les séquences ne sont pas découpées au petit bonheur.
Si comme moi vous avez vu Fragments du désir, vous croirez savoir à quoi vous attendre. Et pourtant, je vous prédis une surprise à la mesure de leur talent. Immense.
Je suis partagée entre deux positions. L'envie de vous décrire la beauté des images, car c'est bien de cela qu'il s'agit, d'évocations oniriques qui font écarquiller les yeux. Et, au contraire, garder le silence sur cette histoire très particulière.
Le moindre mal serait que je me limite à la description communiquée aux spectateurs mais alors à quoi sert-il que j'écrive ce billet ?

Des voix d'enfants se font entendre au loin. Flash back. Le ballon est démesuré dans les bras d'un homme qui se revoit enfant. Le doudou- chien en peluche est toujours là pour exacerber la joie ou la jalousie mais les vêtements du Père ne sont plus qu'une coquille vide dans le fauteuil roulant.



Comme le dit la sagesse populaire, jeux de mains ... jeux de ... bref, c'est l'accident. Chatouilles et réanimation ne feront pas de miracle.

Le récit devient haletant, très cinématographique jusqu'à nous faire revivre la pièce entière en accéléré. C'est une performance, rendue possible grâce à un travail d'écoute intense entre les comédiens.

écriture, mise en scène, chorégraphie et scénographie André Curti et Artur Ribeiroavec Cécile Givernet, Matias Chebel, André Curti et Artur RibeiroMusique originale : Fernando MotaMarionnettes et costumes : Natacha BelovaAccessoires, perruques et maquillages : Maria Adelia et Marta Rossi, assistées de Morgan Olivier et Camila Moraes; Décors : Demis Boussu; Lumières : Bertrand Perez et Artur RibeiroDirection de production : Nathalie Redant
La création a eu lieu sur la scène de l'Onde le jeudi 21 mars 2013 et le spectacle sera en tournée tout le mois d'avril. Voir les dates sur le site de la compagnie. Les lecteurs de la banlieue sud retiendront la date du mercredi 3 avril à La Piscine de Chatenay-Malabry (92)
La photo qui n'est pas logotypée A bride abattue est de Xavier Cantat.