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Vers la fin des brevets pharmaceutiques ?

Publié le 01 avril 2013 par Edelit @TransacEDHEC

Ce premier Avril 2013 fera certainement date dans l’histoire : sonnant comme une mauvaise blague chez les laboratoires pharmaceutiques, il sera en revanche signe d’un regain d’espoir pour les millions de malades pauvres présents partout dans le monde. C’est en effet aujourd’hui que la Cour suprême indienne a refusé la demande de brevet déposée par le géant Suisse de l’industrie pharmaceutique concernant une molécule présente dans son onéreux traitement anti-cancer, le Glivec. 

La cause ? Le médicament ne présenterait pas un caractère réellement innovant par rapport à d’anciennes versions moins performantes. Mais ce sont avant tout des raisons sociales (voire politiques) qui ont motivé cette décision : dans un pays où près de la moitié de la population vit avec moins de 1€ par jour et où le salaire moyen est de 48€ par mois, l’accès aux soins est un problème crucial. Une molécule brevetée aurait accordé un monopole de plusieurs années à Novartis, qui aurait alors été libre de fixer ses prix sur le marché mondial ; un prix élevé excluant, de fait, les plus pauvres. La décision de la justice indienne traduit une volonté affichée de vouloir démocratiser l’accès à la santé, ou du moins de ne pas faire de population un vivier de clients dépendant d’un unique fournisseur, libre de fixer ses prix comme bon lui semble. Le Glivec, 4000$ par patient et par mois, sera donc concurrencé par ses équivalents génériques  à 43$… 99,99% moins chers.

Il ne fait aucun doute que ce jugement aura des répercutions industrielles  et va fortement faciliter la mise au point de génériques en Inde, où la législation sera désormais adaptée. On peut penser à des génériques de produits médicamenteux à la pointe de la recherche, comme les traitements contre le SIDA (2 400 000 cas de VIH sont recensés en INDE, de nombreux autres séropositifs n’étant pas dépistés à l’heure actuelle), le cancer, le paludisme ou d’autres fléaux épidémiques. Les associations de défense des personnes atteintes du cancer ont ainsi manifesté devant la Cour suprême indienne afin de féliciter la décision. Mais quid des acteurs de l’innovation de la santé mondiale ?

Il fallait s’en douter, leur réaction est toute autre… Le directeur général de Novartis en Inde aura été le premier à réagir, et la moindre des choses, c’est qu’il digère assez mal le fait d’avoir été recalé au brevet… estimant que « les conditions en Inde pour favoriser l’innovation et l’investissement » n’étaient « pas là ». En clair : l’Inde remporte peut-être la bataille des génériques mais elle affaiblit considérablement ses positions en termes de recherche fondamentale. A terme, ce serait peut-être la manière même de fonctionner des grands groupes pharmaceutiques mondiaux qui serait remise en question, ces derniers étant contraints de s’exiler vers des terres plus propices au secret technologique. En attendant, le groupe helvète aux 9,6 milliards de dollars US de bénéfice net enregistrés en 2012 a tenu à faire une déclaration solennelle auprès de la presse mondiale : les grands perdants dans cette affaire judiciaire seront avant tout les patients. Pas sûr que l’on doive s’en réjouir…      A.G


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