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Chronologie des poèmes de Rimbaud de 1868 à 1870, par David Ducoffre

Par Poesiemuziketc @poesiemuziketc

Début mai 1868 : Épître en vers
latins félicitant le jeune Prince Impérial de sa première communion. Texte perdu.
(Rimbaud est
alors en classe de troisième. Les 60 hexamètres n’ont jamais refait surface, mais
cet envoi audacieux qui fit scandale peut éclairer certains aspects de
créations ultérieures : la nouvelle Un
cœur sous une soutane
, Les Premières
communions
ou L’Eclatante victoire de
Sarrebrück
. Il est impossible de déterminer en quoi cette épître a pu
déplaire : insolence de la démarche, propos peu ou prou déplacés, ou
critiques. Nous ne savons pas.)
6 novembre 1868 : « Ver erat… » (Parution le 15
janvier 1869 dans Le Moniteur de l’Enseignement secondaire,
spécial et classique : Bulletin officiel de l’Académie de Douai
.
« Imitation libre » en temps limité (trois heures et demie) en classe
de seconde sur quelques vers d’Horace (Ode IV, livre III)[1]. Symbolique
essentielle de l’élection du poète qui va marquer l’écriture de Rimbaud. Les 59
hexamètres de la composition et leur publication sont très en avance sur la
production rimbaldienne en vers français qui nous est connue.)
Janvier-mai 1869 : « Jamque novus… » (Parution le 1er
juin 1869 dans Le Moniteur…
Composition en classe de seconde, développement à partir du poème en
octosyllabes L’Ange et l’enfant de
1828 du nîmois Jean Reboul, boulanger qui s’adonnant à la poésie fut encensé
par les poètes romantiques : Lamartine, etc. Le poème latin de Jean Reboul
et cette composition latine même, 55 hexamètres, sont des sources du poème Les Etrennes des orphelins, mais en
avance de plusieurs mois, d’un an peut-être.)

Vers le milieu de l’année 1869 : « Olim inflatus… »

(Parution le 15
avril 1870 dans Le Moniteur… 46
hexamètres, traduction libre en classe de seconde d’un extrait de 41
alexandrins du poète Jacques Delille (L’Homme
des champs
, chant II) : récit du combat d’Hercule et du fleuve
Acheloüs d’après Les Métamorphoses
d’Ovide.)
2 juillet 1869 : Jugurtha (Parution le 15
novembre 1869 dans Le Moniteur… 83
hexamètres sur le sujet « Jugurtha », composition en temps limité, de
six heures du matin à midi, dans le cadre d’un Concours de Vers latins de l’Académie
de Douai. L’idée d’une charge ou non contre l’Empire dans ce poème est débattue
parmi les critiques rimbaldiens. Le barrage de la langue et la difficulté qu’il
y a à mettre à jour des intentions ironiques rendent les conclusions délicates,
d’autant que le poème a reçu le premier prix et que le sujet était imposé. Il
faudrait encore songer à distinguer l’ironie et les signes d’insincérité de la
part de Rimbaud, ce qui n’est pas la même chose. Un lycéen peut vouloir se
démarquer politiquement, à ses risques et périls, dans un écrit scolaire, mais,
malgré les traductions des partisans d’une lecture polémique de la composition
latine, il reste qu’il n’est pas possible d’en affirmer le caractère subversif.
Les conditions ne sont donc pas réunies pour clore le débat.)
(juin-juillet ou) Octobre-décembre 1869 : Invocation à Vénus (Parution le 15
avril 1870 dans Le Moniteur…
Traduction des 25 premiers vers du De
rerum natura
de Lucrèce. Seule l’année 1869 est précisée. Rimbaud est alors
soit en classe de seconde, hypothèse d’une composition en juin-juillet, soit en
classe de première, hypothèse d’un exercice d’octobre-décembre 1869. Ce sont
les premiers vers français connus de Rimbaud, mais ils ont la double
particularité de relever de l’exercice scolaire et du plagiat. Rimbaud a
démarqué la traduction en alexandrins du premier livre du De rerum natura de Sully Prudhomme, éditée par Alphone Lemerre à la
date du 22 mai 1869 (ce qui invite à considérer la seconde hypothèse de
datation comme plus plausible). La supercherie est passée inaperçue. Ce poème a
joué un rôle déclencheur pour certaines images des Etrennes des orphelins et pour la composition de Credo in unam. Mais il faut rappeler que
seul le début de l’œuvre de Lucrèce est d’une telle poésie. L’auteur latin
témoigne ensuite d’une philosophie matérialiste incompatible avec l’idéalisme
romantique, le dualisme même, de Credo in
unam
. Le plagiat d’hémistiches et de vers de Coppée des Etrennes des orphelins pourrait être de
très peu postérieur au plagiat de Prudhomme.)

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