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C’était moi avant

Publié le 02 avril 2013 par Sukie

Il y a cinq ans, je rencontrai Laurent. Je me remémore la fille que j’étais, avant cette rencontre. Hé bah c’était pas folichon. Petite lettre à moi-même.

Ma chère Thien,

Non mais franchement, t’en as pas marre? Je te connais depuis toujours, et depuis toujours, tu es hantée par cette idée fixe de vouloir trouver l’homme de ta vie. Tu aimes les drames, les pleurs, les histoires complexes. Tu détestes être seule, et le silence s’il dure trop longtemps. Tu ne supportes pas de te retrouver face à toi même. Oh non, quelle idée. Tu fuis dans le mélodrame pour trouver un semblant d’aventure. Tu hurles, pourvu que quelqu’un t’entende. Tu appelles SOS amitié les soirs de grande détresse. Tu préfères les salauds à la solitude.  Tu n’arrives pas à te concentrer, à te projeter, à te construire. Tu as besoin de l’autre pour être quelqu’un. Seule, tu te sens comme un oeuf sans mayo. Au jour le jour tu écris des histoires dont tu es l’héroïne. Tu m’étonnes que j’en ai des choses aujourd’hui à raconter. Tu n’es jamais heureuse très longtemps. Les gens heureux, ça n’intéresse personne. Les histoires de gens heureux encore moins. C’est ce que tu crois. Tu te dis déprimée, dépressive, tu n’aimes pas jouer les victimes, mais parfois ça aide à relancer l’histoire. Y a des manies que j’ai gardé de toi. M’allonger sur le sol de la cuisine et attendre qu’un train me passe dessus. LOL. Les psys te font du bien, mais tu lâches vite prise. Faudrait pas que ça aille mieux. Tu as des amis à qui parler, mais tu ne les vois pas ou tu fais semblant de ne pas les voir. Je ne te juge pas, mais tu fais une belle connerie. Après toutes ces années à te calquer sur ce que les autres voulaient que tu sois, j’ai mis du temps à retrouver mes marques. Quand j’ai enfin eu le droit d’être moi même, ça m’a fait bizarre. Ca te fait peut être sourire, mais c’est surtout flippant. Tiens écoute, un jour, alors qu’on était ensemble depuis pas très longtemps, j’ai cassé la poignée de sa salle de bain. J’ai eu une montée d’angoisse. Je pensais qu’il allait me hurler dessus et me traiter de tous les noms. Est-ce tu trouves ça normal? En fait il n’a rien dit. Il a même ri. J’ai trouvé ça réconfortant. Franchement tu fais chier d’avoir tout accepté, de n’avoir pas eu le courage de te barrer, d’être aussi lâche, faible, et flippée. Je ne peux pas t’en vouloir mais tu perds ton temps. Tu as une estime de toi-même proche du néant et tu te complais à tâter le creux de la vague. Tu m’emmerdes. Un jour, tu vas rencontrer quelqu’un et tu comprendras pourquoi ça n’a pas marché avec tous les autres. Tu comprendras aussi qu’au lieu d’écrire toutes ces sales histoires sur mon compte, tu aurais pu faire autre chose de ta vie. De toutes façons, tu n’étais prête à aimer personne. Tu ne t’aimais pas toi même. La bonne blague. Sans être madame soleil, je peux te dire qu’un jour tu voudras devenir quelqu’un. Quelqu’un d’indépendant. Et fixe toi des objectifs bordel. Un mec n’est pas un objectif. Tu sais quoi, tu vas t’en sortir. Et ça, c’est la bonne nouvelle. L’autre bonne nouvelle c’est que je dois te laisser. Je file au restau fêter les 5 ans avec mon amoureux. Il a tout d’un garçon bien. Il me respecte, il me traite bien, il ne me frappe pas, il me soutient quand j’ai des phases down. La routine quoi. Le plus incroyable, c’est que depuis tout ce temps, je n’ai eu aucun effort à faire. Je suis aussi reloue que toi, et comme deux personnes sensées, on se parle pour que les choses fonctionnent. Je touche du bois, mais ma cocotte, celui là ne va pas me demander de me faire refaire les seins.


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