Magazine Beaux Arts

La Locandiera de Goldoni, un cœur diabolique dans une prison dorée (3/5)

Publié le 04 avril 2013 par Sheumas

 

C’est dans ce contexte sentimentalo-dramatique à l’italienne qu’interviennent les deux comédiennes Déjanire et Hortense. Elles ont de leur côté décidé de se donner la comédie et de la donner aux autres en feignant d’être des dames de qualité. Baronne Hortense del Poggio (de Palerme) et Comtesse Déjanire dal Sole (de Rome)... La feinte est plaisante, d’autant que l’une d’elles éprouve des difficultés à garder son sérieux sitôt qu’il faut jouer devant un public ! (Bel effet de mise en abyme sur la question du théâtre et du comédien) Elle l’avoue elle-même, « hors de scène, je ne sais point feindre ». Sous l’habit et la démarche empruntés des deux mijaurées, sous l’accent un peu faux et le geste maniéré, le jeu des deux actrices est tout en subtilité et le spectateur perçoit d’autant plus aisément la facticité de la feinte.

Dans l’économie de la pièce, cette intervention des deux comédiennes a pu paraître décalée et inutile (certaines mises en scène ont d’ailleurs délibérément choisi de les faire disparaître) : je trouve au contraire qu’elle renforce l’unité d’action. En effet, aux côtés de ces deux « pitres », Mirandoline apparaît encore davantage comme la meneuse de jeu, la professionnelle qui réussit là où les deux autres échouent lamentablement.

Pour parvenir à séduire le Chevalier, elle ne baisse pas la garde, n’éclate pas de rire, sait parfaitement son texte, joue des mimiques et des gestes, trouve la juste inclination de tête, l’intonation qui touche, la vérité du regard. Et méthodiquement déploie ses armes, use de tout son pouvoir de séduction (tant et si bien que certains lecteurs de la pièce, certains spectateurs en viennent qu’elle est en train de tomber amoureuse de lui...).


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