« Jérôme Cahuzac n’est qu’un autre nom de l’oligarchie. » En meeting contre l’austérité et contre l’accord national interprofessionnel, mercredi 3 avril à Malakoff, François Delapierre a rappelé une évidence. Par la nature même de ses fonctions, ce 18e « salopard » s’est révélé comme serviteur de l’oligarchie. Par la nature de ses délits révélés par Médiapart, il s’est montré comme membre de l’oligarchie. Une oligarchie à laquelle, les révélations continuant, appartient aussi Marine Le Pen.
Pour nous autres, engagés dans le combat contre l’extrême-droite depuis des années, pas de découverte. L’héritière du manoir de Montretout est une millionnaire soucieuse de ses intérêts de classe. Son ami, le député d’extrême-droite Jacques Bompard a annoncé le 27 mars avoir déposé une proposition de loi visant à instaurer « un droit à l’emploi » de 20 heures par semaine pour tous les chômeurs, auprès des collectivités ou du privé, en échange de leur indemnisation. C’est-à-dire que, pour bénéficier d’une indemnisation, les chercheurs d’emploi devraient obligatoirement et gratuitement travailler 20 heures chaque semaine. Bompard explique doctement : « Les titulaires d’un minimum social aient une activité d’intérêt général, afin d’inciter chacun à prendre un emploi, plutôt qu’à vivre de l’assistanat ». Le « virage social » du FN a du plomb dans l’aile.
Mais l’affaire Cahuzac-Le Pen révèle combien l’héritière, ses amis et son parti sont partie intégrante de l’oligarchie. Au-delà de la longue liste des condamnations que collectionnent les membres les plus en vue du F-Haine. C’est en effet un ami très proche de la Le Pen qui a ouvert le compte en Suisse de Jérôme Cahuzac. L’homme a un nom, un visage et une adresse, comme tous les avocats d’affaire, comme tous les membres de la classe des exploiteurs. A l’époque, il était spécialisé dans les montages fiscaux, ces opérations qui ont permis de sortir 600 milliards d’euros du pays.
(Photo : Michel Soudais)
Comme le relève le quotidien Le Monde, Philippe Péninque, 60 ans, n’est pas un inconnu pour ceux qui suivent les affaires de l’extrême-droite. Ce type est un ex-membre du GUD, un syndicat étudiant d’extrême droite radicale qui a notamment initié les violences ayant émaillé la dernière manif de la honte. Péninque est aussi ancien membre fondateur d’Egalité et réconciliation, le groupuscule d’Alain Soral dont Dieudonné est proche. Péninque fait aujourd’hui partie des conseillers officieux de Marine Le Pen, on les voit même ensemble arpenter les marchés en pleine campagne électorale.
Mais les relations entre l’extrême-droite et Cahuzac ne se limitent pas à cette simple ouverture de compte, que Péninque revendique totalement en répondant volontiers aux demandes d’interview sur les chaines d’infotainment ce 4 avril au matin. Au début des années 90, Jérôme Cahuzac fraye en plein « Gud business », explique encore Le Monde :
Une bande virile, un univers clos, où on ne fait des affaires que dans l’entre-soi. Eymié et Peninque jouent les « rabatteurs ». Le premier adresse des clients au spécialiste des implants capillaires. Le second, grand manitou des activités du clan, s’occupe, lui, de l’argent et des affaires.
La Le Pen pourra venir jouer les innocentes, crier que les révélations du Monde constituent « une attaque contre elle », la réalité est là, cruelle. Elle fait bien partie de la caste des exploiteurs, des fraudeurs, des tricheurs.
Elle le reconnaît à demi-mots, d’ailleurs, pour qui sait lire. Mon ami pour de vrai, Syd, a mis en exergue hier une nouvelle fort révélatrice de cet état d’esprit. C’est lui qui a rappelé que l’héritière millionnaire « préfère une république immorale ». Ce propos, prononcé lors d’une conférence de presse, avait vocation à justifier sa rencontre fort courtoise avec Gaston Flosse, l’élu le plus condamné et corrompu de France. Ah qu’elle est belle cette oligarchie, qui ne vit que dans l’entre soi, toujours prompte à voler au secours d’un de ses membres.
Vous me direz, pour revenir à l’affaire Cahuzac-Le Pen, que l’héritière ne pouvait pas savoir que l’ami de ses amis avait un compte en Suisse. Philippe Péninque l’a d’ailleurs affirmé ce matin encore : « Marine Le Pen n’a appris l’existence de ce compte qu’au travers des aveux de Jérôme Cahuzac ». Vous me permettrez de me porter en faux. Pour avoir côtoyer, en la combattant jusqu’à Vitrolles, l’extrême-droite, je connais les pratiques de cette famille politique. Ces organisations-là sont de type barbouzardes. Elles accumulent des dossiers, lesquels deviennent autant d’instruments de pression ou d’intimidation. Certes, à l’époque, l’héritière n’avait que 22 ans mais son père, lui, était bien en activité.
Assurément, ils savaient et ont choisi de ne rien dire. Dans l’entre-soi de l’oligarchie, on n’abat pas ses cartes pas plus qu’on ne tire sur un ami. Comme l’écrit Arthur Fontel, « dans cette affaire, l’extrême droite française montre son vrai visage. Ses membres s’accommodent très bien su système capitaliste dont ils sont les bénéficiaires patentés. »
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bonus vidéo :
Consolidated « This Is Fascism (The Drum Club ‘Difference’ Remix) »