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[Critique] DEAD MAN DOWN

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] DEAD MAN DOWN

Titre original : Dead Man Down

Note:

★
★
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☆
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Niels Arden Oplev
Distribution : Colin Farrell, Noomi Rapace, Terrence Howard, Dominic Cooper, Isabelle Huppert, Armand Assante, F. Murray Abraham, James Biberi, Luis Da Silva Jr., John Cenatiempo, Wade Barrett…
Genre : Drame/Thriller/Romance/Action
Date de sortie : 3 avril 2013

Le Pitch :
Victor bosse pour un caïd new-yorkais. Caïd qui reçoit depuis plusieurs semaines de mystérieuses lettres menaçantes. Les nerfs à vif, ce dernier met tout en œuvre pour remonter la piste des lettres et retrouver celui qui menace sa vie et ses affaires. Lancé dans une traque sans merci pour son boss, Victor rencontre Béatrice, sa voisine, une jeune française vivant avec sa mère dans l’appartement d’en face. Alors qu’ils sortent une première fois ensemble, Béatrice demande à Victor un service inattendu, dévoilant au passage un visage que l’homme ne soupçonnait pas. Ce qui au fond, tombe bien, car Victor lui aussi cache un lourd secret et nourrit, comme Béatrice, un projet des plus risqués…

La Critique :
Visez un peu le truc : nous avons ici un film américain, réalisé par un cinéaste danois, responsable de la première adaptation du roman Millenium et dirigeant à nouveau l’actrice suédoise Noomi Rapace. Également au casting, Colin Farrell, un acteur irlandais et Isabelle Huppert, une comédienne française. Le tout produit entre autres par la WWE, la fameuse fédération américaine de catch. On peut aussi y entendre un morceau de Zaz (arg !) et bien sûr, WWE oblige, on retrouve une tronche connue des rings, mais pas trop non plus, à savoir le grand baraqué au visage de super-héros rétro, Wade Barrett. Une combinaison étrange et cosmopolite des plus instables qui débouche sans que ce soit très surprenant, sur un long-métrage bancal qui a le cul entre deux chaises (voir trois) en permanence. Pour couronner le tout, le marketing n’a pas hésité à emballer une affiche dans le goût de celle de Millenium, histoire d’aiguiller le public vers un truc qui au fond, n’a rien à voir… Joli.

On peut lire sur la toile qu’après avoir triomphé grâce à Millenium, Niels Arden Oplev s’est vu proposer une tonne de scénarii. On parle de 250 scripts qui seraient arrivés entre ses mains. 250 récits qui, à en croire Oplev, ne valaient pas la peine d’être portés à l’écran. Celui de Dead Man Down par contre, a sévèrement retenu son attention. À voir le film, on se demande pourquoi…
Non pas que le scénario de Dead Man Down soit complètement raté. Non, pas quand même. Il laisse un peu pantois, mais il n’est pas mauvais, au sens premier du terme. Pas bon non plus d’ailleurs, du moins dans son ensemble.
Dead Man Down reste par contre étrange et curieusement décomplexé. Niels Arden Oplev assume tout et n’importe quoi. Il court plusieurs lièvres à la fois. D’un côté le thriller, d’un autre le drame, et encore d’un autre l’histoire d’amour. Quand les trois se rencontrent, ça fait mal. De quoi se retrouver un peu décontenancé par cet hybride bâtard qui ne choisit jamais vraiment son camp, pour finir dans un déferlement d’action appréciable au second degré, mais pourtant un peu crétin quand même.

Au commencement, Colin Farrell est plutôt posé. Il tire sur des types mais a l’air soucieux, sans que l’on sache ttrop pourquoi. Noomi Rapace aussi a l’air soucieuse. Faut dire que la cicatrice qu’elle arbore sur le visage tend à laisser penser qu’il s’est passé quelque chose dans sa vie de traumatisant et qu’à un moment, le film va venir se frotter à ce détail. Les deux étaient faits pour s’entendre. C’est le cas, même si ils ne se l’avouent pas vraiment. Ils sortent sans sortir, Noomi donne des cookie à Colin, que Colin de mange pas, puis elle finit par lui refiler une patte de lapin porte-bonheur. À côté, parallèlement, le boss mafieux de Colin cherche un type qui veut manifestement le buter. Pas facile de pondre un truc cohérent avec tant d’éléments…

Écrit par J.H. Wyman, l’un des scénaristes les plus actifs de la série Fringe, Dead Man Down n’est pas à une absurdité près. Peut-être trop habitué au format série, Wyman peine à faire cadrer toutes ses idées (les bonnes comme les mauvaises) dans un seul et même long-métrage. Il se cherche, se perd souvent et piétine au lieu d’avancer. Manifestement fasciné par son duo vedette, le réalisateur arrête le temps quand les deux se retrouvent autour d’un verre d’eau et oublie de maintenir la pression inhérente à l’intrigue fil rouge. Une tendance qui confère au rôle tenu par Noomi Rapace, par ailleurs toujours excellente, un côté anecdotique. La belle a beau se démener, elle pédale dans la semoule. Son rôle est accessoire, tout comme celui d’Isabelle Huppert (pour le première fois dans un film américain depuis La Porte du Paradis en 1980), qui semble présente uniquement dans le but d’afficher un visage français connu, sans qu’une véritable utilité lui soit trouvée. Reposant sur des dialogues maladroits et parfois involontairement drôles, ces séquences de flottement tirent Dead Man Down vers le bas, alors qu’elles sont certainement là pour lui donner une épaisseur dramatique supplémentaire. L’ambiance a beau être sombre et l’image relativement léchée, rien n’y fait, on peine à croire à cette love story contrariée et à ses enjeux. Ce n’est pas la faute à Colin Farrell, taciturne à souhait et lui aussi mal servi niveau dialogues, ni à celle de Noomi Rapace. Les acteurs sont bons, même si ils ne font parfois que passer.

La faute à qui alors ? Au type qui a cru que ce serait génial de fourrer dans un même film plein de trucs « cool » qui ont fait leurs preuves ailleurs. La rédemption est à la mode, tant mieux, on retrouve le thème ici. L’amour est indémodable, tout comme la vengeance. Et les fusillades entres mecs virils, ça le fait toujours aussi. Dead Man Down propose tout ça à la fois. En l’espace de deux heures. Deux heures qui ne passent pas particulièrement vite, mais qui ne provoquent pas non plus un ennui mortel. On assiste avec un certain plaisir à ce gentil divertissement qui voit un réalisateur embarrassé se tirer dans le pied à plusieurs reprises, en gâchant certaines de ses bonnes idées. Pas toujours, mais il y a fort à parier qu’entre d’autres mains, Dead Man Down aurait pu au moins sonner avec plus de cohérence. Sans flamboyance mais en y croyant dur comme fer, Niels Arden Oplev fait le job… à sa façon. Et la WWE de rentrer dans la tas encore une fois en tentant de proposer autre chose qu’une grosse bourrinade, avec une de ses stars en tête d’affiche. Ici, la star de la WWE n’a qu’un petit rôle qui ne sert à rien, mais pour ce qui est de l’action, rien n’y fait, au bout d’une bonne heure et demi, le naturel revient au galop. Et pas qu’un peu… Quitte à taper complètement à côté, mais au moins c’est drôle et d’une certaine façon, aussi efficace qu’un grand plongeon à partir de la troisième corde…

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Metropolitan FilmExport


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