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"Et puis juin" de Rose : chansons à coeur ouvert #Chronique

Publié le 06 avril 2013 par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde

On a beau toujours se poser la question de la part d'autobiographie qui existe dans les textes des chansons que l'on écoute, il est parfois des albums qui sonnent comme une évidence.

Celle de la sincérité absolue, de la vérité nue, l'évidence d'un récit qui touche dès la première écoute, de mots qui vont droit au coeur et d'un album dont les textes semblent dresser le portrait d'une femme de son époque, tourmentée mais en quête d'apaisement, qui assume d'être à la fois folle amoureuse et maman, tour à tour esseulée et dépressive ou pétrie d'amour et porteuse de vie.

Et cette femme là il semble que c'est elle, Rose, qui écrit des chansons comme elle rédigerait son autobiographie. En ayant à coeur de ne jamais chercher à se mettre en avant ou à romancer le propos, faisant fi de l'image qu'elle pourrait prétendre défendre au profit d'une honnêteté touchante dans laquelle chacun a plaisir à se retrouver.

Rose est comme toi, comme moi, elle vit dans cette société où plane cette obligation d'être heureux qui parfois pèse lourd, voire écrase un peu, quand le quotidien est plutôt malheureux.      

Elle a choisi son camp :  "Aux éclats je ris" clame t'elle en ouverture de l'album. Malgré la douleur et l'apathie, elle donne le change. On en est tous un peu là, n'est ce pas?

"Mais parfois encore je crève, de ce corps de cette vie, je me mords les lèvres et me tord les envies, c'est pas la mort je me lève et aux éclats je ris"....

Parce qu'au fond elle sait que, si bas que l'on tombe, si douloureuse que soit la chute, "Un jour on passe à autre chose, on ouvre nos paupières closes, un matin, on ne sait pas pourquoi, on ne sait pas comment mais ça va..."("Mais ça va").

Ca n'empêche pas le désordre, le vide, la quête de soi "Je me manque, je sonne creux, j'me contente de c'que j'peux, je me cherche, je sais pas où chercher tellement j'suis paumée, tellement j'suis allée loin de moi" ("Je me manque").

Et les angoisses qui vont avec. Bien entendu.

Ces tourments incessants qui conduisent parfois à tenter de noyer sa peine dans des verres trop nombreux.

"Ca remue ton ciel et ta terre, de me voir partir en guerre, avec mes verres, quand j'me mets au beau milieu de rien, histoire d'être bien au centre de ton chagrin, la fille de tout à l'heure moi aussi elle m'fait peur mais tu sais quoi? Elle n'en fait qu'à son coeur" ("Comme si c'était demain)

Et puis au milieu de tout ça, parfois, il y a l'amour.

Lui en qui on place tous nos espoirs, celui qui devrait nous sauver.

Sauf que, là aussi, des fois, ça n'a pas l'effet escompté. Parce que le sentiment rend plus heureux et plus fragile à la fois, augmente la vulnérabilité en créant de nouvelles dépendances, en donnant de nouveaux motifs pour nourrir les angoisses qui ne semblent jamais devoir se calmer  "C'est con, c'est tout con, quand on aime pour de bon, on se sent à l'abandon, pour un oui pour un non" ("J'aime (pas)")

Mais cet amour, il remplit le coeur aussi. Il fait croire au bonheur ("Mon homme") :

 "Il dit qu'c'est pas la joie tous les jours, qu'avec moi faut aimer vivre le coeur lourd, mais qu'il se fout de l'univers quand j'suis là, il dit qu'c'est pas la joie tous les jours qu'avec moi faut aimer vivre le coeur lour mais qu'il emmerde la terre entière à part moi, ça va de soi, ça va de paire"

Et parfois même, il donne même naissance au plus joli des fruits. Celui qui à jamais va changer la vie (une épopée racontée façon éphéméride sur le superbe "et puis juin")

"Et puis juin et puis toi, on est loin, on en est là, la fatigue aux yeux, qu'est ce qu'on peut bien faire de mieux, après ça, après juin"

Cet amour là, il est différent, il donne envie de tout voir autrement ("On dit") mais sans se mentir pour autant.

"On dit qu'ce monde nous on s'en fout, aller viens on dit, on n'a qu'à s'en faire un à nous, et j'te raconterai des histoires et tu f'ras semblant de me croire, y'aura des fées, des châteaux forts et y'aura du ciel à ras bord. Aller viens on dit, et j'te raconterai pas d'histoires et je te laisserai jamais croire aux fées aux chateaux forts et y'aura du ciel à ras bord"

Si bien qu'un jour tout s'éclaire et c'est le grand retour de la lumière "j'me suis empêtrée dans le bonheur avec sa p'tite gueule d'imposteur, il se déguise mais j'l'ai à l'oeil, il virevolte comme une feuille, il trafique mon désespoir, il se fout bien de ma mémoire, il m'ferait presque arrêter de boire..." ("les pieds dans le bonheur")

Alors non il n'est pas léger, cet album, il est même plutôt sombre mais il a de beaux reflets.

Il est baigné d'une lumière douce qui dit que les lendemains meilleurs sont là ou presque, qu'après la tempête (re)viendra le calme et que même s'il n'arrive pas tant pis : on sera riche de toutes ces émotions vécues, de tous ces instants de beauté partagés, fussent-ils fugaces. Et qu'on sortira grandi des épreuves traversées.

Et après tout, quand bien même il ne resterait finalement que des cendres, si on n'est plus rien l'un pour l'autre, rien que ces miettes de tendresse désolantes, on peut toujours se dire que l'embrasement à lui seul valait le déplacement...("C'est donc rien") :

"C'est malheureux tu sais nos coeurs brinquebalants autour d'un café, ne font même plus semblant, c'est triste comme la pluie, sale comme l'oubli. C'est donc ça que deviennent les amoureux fichus quand le vent les amènes à se tomber dessus, c'est donc ça c'est donc rien qu'il reste de ma peine et de ce mal de chien, de la tendresse humaine"

Mention spéciale à un titre façon exercice de style "Paris jamais ne me laisse" où Rose dit l'amour capital qu'elle voue à la grande ville, plus fidèle que les amoureux de passage, égrénant les stations de métro l'air de rien. Magnifique.

"Pour sa défense il préférait à notre étoile celle du berger, son coeur invalide traine peinard, petit pantin sur grands boulevards"

      

S'il n'est pas franchement un mode d'emploi, en tout cas cet album est une fenêtre entrouverte sur la complexité féminine, les angoisses incessantes, la difficulté à aimer l'autre autant que celle à s'aimer, soi.

Pour tout te dire, lecteur, j'ai retrouvé beaucoup de moi, chez elle.

Et c'est peut être là le vrai talent de Rose : Réussir à écrire sur elle-même, des histoires très personnelles, auxquelles elle parvient à donner une résonance universelle. Peut être parce que Rose est une artiste qui chante la vie comme elle est, sans en nier les aspérités.Une artiste qui dit les émotions comme elles sont, sans tenter de nier ses propres contradictions. Une femme qui s'autorise à rêver au bonheur tout en avouant en avoir un peu peur.

Côté arrangements c'est beau et délicat, juste ce qu'il fallait pour que la musique ne vole pas la vedette aux mots. Car c'est là qu'excelle la demoiselle.

Cet album est une vraie pépite crois-moi, c'est d'ailleurs lui que j'écoute en boucle ces temps-ci et depuis un moment déjà...

Rose a commencé sa tournée et je n'ai malheureusement pas encore pu aller l'écouter mais je peux t'assurer que c'est sur la liste (clin d'oeil) de mes priorités. Au pire, je la retrouverai à La Rochelle en Juillet pour les folies matinales des Francofolies. Vivement ! (Pour réserver ta place c'est par ici qu'il faut aller)

(Au passage, il me fait penser à cette lecture là, ce bel album....)

Tu peux aussi aller ici pour découvrir les coulisses du tournage du clip de "Et puis juin" parce que c'est juste passionnant!

Sinon toutes les infos sur Rose sont bien entendu à retrouver sur son site. Là.

Bon week-end, lecteur, avec l'album de Rose je ne m'inquiète pas. Tout devrait se passer au mieux!

A demain

XO


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