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Le numéro 152 de la revue Verso

Par Etcetera

Le dernier numéro de la revue Verso (mars 2013) est sur le thème général « Rien que des hommes et des femmes », et il y a en effet une présence assez notable de la poésie érotique (par des poètes masculins, visiblement très inspirés).
Un autre thème présent d’un bout à l’autre de cette belle revue est celui du temps, avec des images fortes et insolites.
J’ai choisi quelques poèmes à vous faire découvrir :

Josiane Gelot

Le dos collé aux murs, attendre
depuis si longtemps c’est trop
nous allons tuer le temps
nous l’atteindrons au plein coeur
à l’instant à la seconde – au silence
nous entendrons boiter le temps
il passera criblé presque nu
épouvanté d’éternité.

Anne-Emmanuelle Fournier

Les âmes mortes

Nous avons regardé les saisons aller et venir.
Le pâle soleil,
La trêve fugace de l’été.
Nous avons eu notre moment de grâce,
Puis nous l’avons laissé partir.
Nous avons attendu
Que l’hiver, lentement,
Etouffe la souffrance
Dans son silence feutré.
Mais le vent qui passe sur les montagnes a laissé nos mains vides.
Nous sommes des lumières mourantes
Pareils à la nuit d’hiver qui tombe sans bruit
Des âmes mortes.
Il n’est plus ni foi ni douleur,
Seulement
Ce grand silence boréal
Que rien ne peut briser.

Véronique Joyaux

Cela s’efface
Une parole un mot sur le papier
Cela ressemble au vent marin qui fane les herbes
Résister
Ecrire
En vain
On ne fait pas assez
De cela on est sûr
Que faudrait-il pour parvenir aux mots qui sauvent
Une ligne un rien une obole
pour laisser trace
Le papier absorbe l’encre
mais on écrit
A perte de vue la mémoire s’astreint
Frapper aux portes ouvrir les croisées
Offrir sa poitrine à l’orage
Dans le bruissement des feuilles
nous laisser conduire.

François Teyssandier

Il t’arrive
De rêver
Que tu dors
Et que dans ton sommeil
Le rêve
N’est qu’absence
De mots
Et d’images

Alors que tu t’entends
Parler
A des miroirs vides
Qui ne reflètent plus
Aucun visage

Patrick Le Divenah

Blasons du corps féminin

Lobe

plus fin plus délicat plus petite merveille ?
rien ; mais il lui suffit d’une modeste place
si tendre on pourrait l’engloutir quand on l’embrasse
une goutte oblongue pour affiner l’oreille

et pourtant il a charge de lourds artifices
à moins que ne l’occulte cette boucle dont
la courbe l’assimile fragile à peine on
ose poser le doigt sur ce doux appendice

c’est peut-être de peur qu’on ne le tire qu’il
se dérobe soudain rebelle à toute emprise
puis au détour d’un geste il reparaît docile

celui-ce se découpe un autre se profile
vers la joue qu’il annonce et qui le suit conquise
pièces de collection pour quelque lobophile



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