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Down in a hole

Publié le 06 avril 2013 par Euphonies @euphoniesleblog

 

Aujourd'hui je voulais vous parler de... Euh... Ah oui de... Ah ben non. M'enfin vous savez cette chanson là, merde comment elle s'appelle déjà ? Un titre terrible, c'est une nana qui chante, avec des choeurs à la fin, genre Sympathy for the devil  façon Doo-Wap, un peu bluesy, un peu rock, avec ce putain de rythme lascif et une voix qui sent le Bayou dans les sous-vêtements. (Spéciale dédicace à mes amis disquaires et à leur oeil torve face aux requêtes crypto-sémantiques d'inquiétants clients enthousiastes. Mais imprécis, oooooh oui, imprécis.).

Bref, qui ne s'est jamais retrouvé à moduler sa voix dans tous les sens sur Shazam, à beugler une version approximative de Take on me sur Soundhound ou pire : à chantonner mollement un air vidé de sa substance à un ami réputé connaisseur ne pourra pas comprendre ce dont je parle. Le trou, le blanc, l'ignorance, l'oubli, l'absence, Alzheimer. Tout se passe bien dans votre journée, tout est à sa place, et puis BAM. Une radio inaudible dans un Casino, vingt secondes de musique dans un reportage, ou même un retour de mélodie dans votre cerveau malade et voilà que vous cherchez à mettre un nom sur une chanson. Ou tout du moins à recouper tous les indices qui vous feraient parvenir au Graal. Une bribe de paroles, un gimmick, un espoir.

L'accident peut paraître banal. Très souvent on recherche le nom d'un réalisateur, d'un bonbon d'enfance, d'une connaissance perdue de vue. Mais ce qui fout les glandes en matière de musique, c'est le titre qui avance masqué à l'infini dans vos neurones, que vous entendez aussi clairement qu'un ébat voisin quand les cloisons sont fines, et qui vous tape sur le système, et que vous remâchez, entonnez, sifflotez, décomposez jusqu'à l'écoeurement de ne pas mettre la moindre lettre sur ce démon qui vous nargue. J'ai connu des gens devenir fous pour moins que ça. Vous savez que la solution existe quelque part, et malgré les adjuvants modernes, impossible de mettre le bémol dessus, la ritournelle vous échappe comme une pucelle un soir de Sainte Catherine.

Et puis, alors que vous n'y pensez enfin plus, le morceau revient quelque part. A la radio, sur une compil, chez un ami qui vous révèle le mot de passe, la formule magique. Et tout d'un coup, vous êtes en paix. Et presque déçu. Le monde n'a plus de secrets. Vous retrouvez l'équilibre mental. Mais : sans stimulation plus de quête. Ne vous inquiétez pas : un jour, ce fantôme, cette obsession va revenir. Et ce qui est beau, c'est que ça ne prévient pas.

Au fait j'ai trouvé : aujourd'hui, je voulais vous parler d'Addicted de Sallie Ford.  Et c'est vachement bien.

Sallie Ford And The Sound Outside - Addicted

Sallie-Ford.jpg

Addicted premier titre de l'album. Le reste vaut tout autant le détour.


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