Je persiste et signe : le gouvernement de Si Abdellali Benkirane est “un gouvernement de chefs de service”! Cette formule m’a valu un gentil clin d’œil du blogueur-twitteur @Politiccaunaute et même “la palme de la métaphore”.
N’ayant rien contre les chefs de service, je retiendrais que l’ on n’a jamais demandé à un chef de service d’avoir une vision, mais de gérer son service, ni plus ni moins.
Toujours dans la métaphore, je ne vais pas chercher des explications rocambolesques à ce que j’avance, du genre le vrai patron du gouvernement se cache dans les lambris du cabinet royal, ou encore que les décisions se prennent ailleurs que les bureaux ministériels, peut-être tombent-elles d’une autorité supérieure à tous et à tout!
Non, je fais confiance à nos institutions, je fais confiance à notre constitution, je fais confiance à nos lois!
Ce sont les hommes qui m’inquiètent.
Ainsi avons-appris dernièrement que, sur simple décision du gouvernement, le budget de l’état qui a été voté par le parlement durant la précédente session parlementaire serait modifié et que sa partie réservée à l’investissement public serait amputée de 25 %.
Ainsi donc, la notion de loi de finance peut être violée par le gouvernement sans que cela provoque trop de remous dans le pays. La LOI DE FINANCE n’est pas un gadget administratif : sa préparation, son élaboration, son vote, son application, le contrôle de son application sont soumises à des règles extrêmement strictes. Tout comme son éventuelle rectification.
L’importance de cette loi est détaillée dans l’article 76 de la constitution et le processus y afférent fait l’objet une loi organique en prévoit tous les détails. Cette loi organique devrait être revue pour être en conformité avec les dispositions constitutionnelles actuelles : mais le gouvernement ne semble pressé d’entamer ce chantier.
Le fait que le gouvernement Benkirane décide au troisième mois de l’exercice budgétaire de modifier la ventilation des dépenses publiques votées par le parlement confirme a mon sens mon sentiment que “gouvernement est un gouvernement de chefs de services”!
C’est à dire un gouvernement sans vision, ni à court ni à moyen ni bien sûr à long terme!
Il décide au coup par coup, sans profondeur de vue, sans expérience autre que celle de l’opposition et sans souci autre que électoraliste.
Cette décision administrative de retoquer la loi de finances, si elle se confirme, montre bien que ce gouvernement est un “gouvernement de chefs de service” qui donne la priorité aux chiffres, à la comptabilité, pour qui les finances publiques ne sont pas l’instrument d’une politique – dans la mesure où il aurait une politique – mais simplement la traduction d’une situation donnée.
Le déficit public pour le gouvernement revient à trancher dans le vif et à supprimer ou à modifier une ou plusieurs lignes dans le budget, sans souci de l’impact économique et social de ce ces suppressions ou de ces modifications.
On augmente le prix des carburants, des tabacs, on efface une partie des investissements : bref, on jongle avec les chiffres, comme un chef de service comptabilité obnubilé par la sacro-sainte règle : “débit = crédit”.