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Hors saison

Publié le 10 avril 2013 par Euphonies @euphoniesleblog

 

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Jean Louis Murat - Toboggan

Jean Louis Murat est à la chanson française ce que Woody Allen est au cinéma : un intermittent du chef d'oeuvre. Le monde se divise en deux catégories : les prolixes et les taiseux. Ceux qui pensent qu'on ne peut pas rester trop longtemps sans partager, ceux à qui il faut arracher un extrait de l'oeuvre à venir, jamais assez parfaite dans l'absolu. Kubrick (ou Malick) vs Allen, Christophe vs Murat. Deux conceptions louables de la livraison. Après c'est comme les blagues : on peut faire rétention pour parfaire la saillie qui tue, ou tout tenter : un coup sur cinq ça fait mouche.

Sauf qu'en réalité la qualité est sinusoïdale, surtout quand on parle de Murat. Et que ces derniers temps l'auvergnat est sur une pente ascendante. Après un Grand Lièvre classé ici parmi les albums de l'année 2011, l'artisan chamaliérois poursuit dans sa quête d'épure aux textes toujours aussi personnellement métaphoriques, poétiques. Et ce que j'aime dans ses dernières propositions, c'est le mélange d'expérimentations sonores, de samples, de doublements de voix, et son attachement à une écriture finalement traditionnelle, dans le meilleur sens du terme. Murat est une sorte de griot qui a sans doute beaucoup lu, et qui offre le produit de ses humbles constats à chaque solstice.

Toboggan est un recueil de poèmes hivernaux, hors du temps, dont il faut saluer la production qui sert admirablement les mots ciselés, la voix feutrée du chanteur. Et puis ces ritournelles sublimes subtilement soulignées de quelques effets sans jamais perdre de vue le sens (Amour n'est pas querelle par exemple). Seul Murat sait doser à ce point un folk ouaté et une pop ralentie par la dureté des choses essentielles : les saisons, la nature, notre animalité. Comparé à lui, ce cher Francis Cabrel passe pour un touriste qui ramène des clichés flous.  Paradoxalement, Murat prend le temps d'aller vite, et nous livre ici des instantanés de sagesses patiemment réfléchies.

Amour n'est pas querelle :


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