Comme toujours, ce furent les cultivars hâtifs de Tanegashima, île au large de Kagoshima, qui ont ouvert le bal la dernière semaine de mars. J'avais mis en vente très tôt l'an dernier le cultivar Shôju de Tanegashima.
Mais cette année, je passe sur Tanegashima, et propose depuis quelques jours un shincha très très hâtif de Shizuoka ! Cueillette manuelle le 1er avril, ce sencha est issu du cultivar Sugiyama Yaeho, qui pousse à Mariko, dans l'arrondissement de Suruga de la ville de Shizuoka.


Son nom fait référence à son créateur, Sugiyama Hikosaburô, le pionnier du développement des cultivars de théiers au Japon, plus célèbre pour la création au début du 20ème siècle du plus utilisé des cultivars du Japon : Yabukita.


Comment aborder ce thé, dont le parfum est un déluge de verdeur, à l'étuvage traditionnel et avec une torréfaction minimaliste pour conserver les vertes saveurs de ce primeur ?
J'ai d'abord testé avec une eau à 70-75°C environ, pour "profiter du parfum de shincha", et un peu plus d'une minute d'infusion (4g/70ml). On conseil souvent d'infuser les thés nouveaux avec de l'eau un peu chaude, mais vu la finesse du travail de ce thé, je ne suis pas trop monté non plus. Le résultat fut très agréable, parfum et aftertaste. Mais la liqueur en elle même est ainsi trop légère (pour moi), si bien que je préfère opter pour refroidir un tout petit peu plus et monté à 90s grosses secondes d'infusion.


La baisse de la température ne fait en rien perdre du parfum de ce sencha qui reste un enchantement de verdeur dans le nez et dans la gorge. Un petit peu de fleur, un zeste de vanille, mais surtout de la feuille de thé pure !

Je pense que les photos parlent d'elles même quant à la qualité du façonnage de ce sencha.S'il ne possède pas de spécificités gustatives hors normes, ce n'est pas seulement une curiosité, ce thé de Shizuoka qui arrive avant même ceux de Kagoshima (par ailleurs ce j'ai pu goutter des fukamushi des plaines de Kagoshima jusqu'à présent n'était pas tellement convainquant), c'est un sencha d'une grande qualité.
Malgré la retenu dont fait preuve en bouche cette liqueur, ce Sugiyama Yaeho tient sans difficulté 4 infusions, avec une très bonne longueur. Ce sencha laisse en bouche un arrière goût sucré, de l'umami naturel, surprenant en comparaison du goût très équilibré de la liqueur.
Je m'en suis très particulièrement rendu compte durant la saison précédente, mais une bonne conservation d'un thé vert japonais, sous vide par exemple, permet la conservation pendant très longtemps de sa fraîcheur typique. Pourtant cela ne veut pas dire que les saveurs n'évoluent pas. Bouche comme nez s'affirment, prennent confiance, deviennent plus fort. Ainsi, ce même Sugiyama Yaeho sera probablement bien moins léger dans 6 mois, et je me dis qu'alors une minute d'infusion suffira probablement.


J'ai hâte de voir (goûter) ce que la suite des évènement va nous proposer !