![[Critique] LE TEMPS DE L’AVENTURE de Jérôme Bonnell [Critique] LE TEMPS DE L’AVENTURE de Jérôme Bonnell](http://media.paperblog.fr/i/630/6304701/critique-temps-laventure-jerome-bonnell-L-eJMRUH.jpeg)
Tout quitter pour s’enfuir loin du bruit, de soi-même, de ses repères ? Alix se pose la question, en boucle. Le temps est suspendu, c’est celui de « l’aventure », dit le titre, celui de « l’instant », dit la caméra. C’est aussi, quelque part, le refus d’avancer, de devenir l’adulte, la mère, l’épouse. Alix a 43 ans mais agit comme une adolescente, accepte de croire, l’espace de quelques heures, aux contes de fées. Dopé par des piqûres burlesques, Le temps de l’aventure offre du tragi-comique. Une femme déphasée, qui préfère la fiction au réel, trop morne, répétitif, sans surprise. « Cette vie est longue », déplorera-t-elle sur un quai de gare, avant d’être rappelée à la vraie vie par une sonnerie de téléphone. Bonnell fouille le personnage, tout du long, effectue une étude de caractère éminemment subtile, illuminée par la justesse de jeu de Devos. Deux plans séquences incroyables de six minutes chaque viennent la scruter au fond des yeux : une dispute avec sa sœur, un casting foireux. Il y a, dans ces étirements temporels, toute une vie. Des choix, des constats. De la drôlerie, de la tristesse. Le cinéaste mise tout sur l’atmosphère, les flottements, des plans pris sur le vif, une mèche de cheveux, un rideau qui ondule, une respiration masculine. C’est un film qui exprime l’existence par des non dits, des sensations, des silences. Effectuée avec élégance et finesse, la parenthèse est un instantané de cinéma surprenant et authentique, qui réussit un tour de force plutôt rare dans les films français : l’étreinte parfaite entre l’intellect et la perception, le concret et le songe.
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