Tuer Larry ou la violente revanche des gais
Je vous propose ici un récit narratif rédigé dans le cadre d’un de mes cours à l’Université de Montréal. C’est un fantasme d’écriture que je caressais depuis quelques semaines. Voilà ainsi ma première histoire mettant en vedette un héros gai, ninja et assassin d’homophobes en prime. Bonne lecture!
Appuyés contre le cadre de porte de sa chambre, ses enfants Rose et Stephen le regardaient préparer sa valise. Jack Jinx, un assassin professionnel « pigiste » menant des missions périlleuses pour des LGBT — missions qui risquaient toujours de lui coûter la vie –, se préparait pour l’épreuve la plus dangereuse de sa carrière. Il devait libérer Johnny Cocker, son conjoint et deuxième père de ses enfants, des mains du terrible Larry Strait, un pasteur évangélique très homophobe. Ce dernier gardait Johnny emprisonné dans le donjon de sa riche demeure et voulait le tuer. Après avoir fini de préparer ses bagages, Jack alla reconduire ses enfants chez sa sœur Lana puis se rendit à l’aéroport de Los Angeles. Il prenait un avion pour San Antonio, au Texas, prêt à affronter et à éliminer le terrible Larry Strait.

Pourtant, malgré son « travail » et son quotidien marqués par la violence depuis l’enfance, Jack rêvait de douceur et de stabilité auprès d’un homme qui pouvait l’aimer pour qui il était et qu’il pouvait aimer en retour. Son vœu s’exauça lorsque, à 25 ans, il rencontra Johnny Cocker. Ce dernier était un séduisant informaticien de 32 ans au physique délicat et bien proportionné aux cheveux bruns et aux yeux verts. Travaillant pour une école secondaire de Pasadena, en Californie, il chérissait un mode de vie simple axé sur le bonheur, l’honnêteté, la stabilité et la famille. Jack et Johnny tombèrent amoureux l’un de l’autre. Un an après leur rencontre, ils se marièrent et adoptèrent deux enfants sénégalais, un garçon et une fille prénommés respectivement Stephen et Rose. Tout ce beau monde vivait dans la quiétude malgré les risques associés au métier violent et dangereux de Jack.
La quiétude de la famille de Johnny et Jack vola en éclats lorsque la plus récente mission de ce dernier échoua. En effet, de l’association Gays
Johnny était seul à la maison puisqu’il y travaillait cette journée-là. Jack magasinait et les enfants étaient à l’école. Depuis la mission ratée, Johnny pensait à tort que le pasteur Larry Strait ne chercherait pas à se venger de Jack et croyait leur famille en sécurité. Il avait commis une erreur de jugement grave puisque, seul à la maison, il avait ouvert nonchalamment la porte aux mercenaires du pasteur qui le kidnappèrent illico presto. Pendant ce temps, Jack terminait son magasinage lorsqu’il reçut un courriel intrigant sur son iPhone. Il y découvrit un message qui lui glaça le sang : « Bonjour petite pédale tueuse. Au moment où je t’écris, mes hommes ont enlevé ton copain et me l’emmènent. C’est la conséquence pour avoir tenté de me tuer. Dieu m’a recommandé que tu te rendes à moi avec ton pédé de copain. Si tu ne t’exécutes pas, je lui fais sauter la cervelle et il ira en Enfer. Tout comme toi. Je t’attends avec impatience. À bientôt ! » Il n’en fallut pas plus pour mettre Jack hors de lui, se maudissant au passage pour ne pas avoir mieux assuré la protection de sa famille depuis sa tentative de meurtre raté contre ce Larry Strait. Il retourna chez lui en allant chercher ses enfants à l’école. Déterminé à liquider ce sale homophobe afin de libérer son Johnny, il saurait mettre un terme au régime de terreur de son Église à l’endroit des LGBT à travers les États-Unis.
Le lendemain, fraîchement débarqué de Los Angeles à San Antonio, au Texas, Jack Jinx réserva la chambre 507 (son nombre fétiche, lui qui est très superstitieux) à l’hôtel Best Western du centre-ville. Il ne désirait qu’une chambre modeste pourvue du strict minimum : un lit double pourvu d’un matelas confortable, un bureau de travail sur lequel déposer son katana et ses saïs, un téléphone et une salle de bains. Il séjournait dans un grand hôtel au lieu d’un motel, et ce, afin d’éviter d’attirer les regards des sbires de Larry Strait et des membres de son Église.

Le jour d’après, Barbie et Jack se retrouvèrent à l’endroit prévu, soit un garage situé à quelques pâtés de maison du domicile de Larry. L’ex-soldate avait emmené quelques unes de ses anciennes consœurs de l’armée en guise d’aide supplémentaire. L’opération se déroula comme il fut prévu : Jack, Barbie et ses copines ex-militaires firent sauter la grille et affrontèrent les mercenaires de Larry postés sur le terrain du domaine; la tueuse et ses copines utilisèrent leurs poings et leur arsenal d’armes à feu, tandis que Jack se servit de ses talents de ninja ainsi que de son revolver et de ses saïs pour se débarrasser de ces encombrants mercenaires l’empêchant d’accéder à Larry Strait.

- Je t’attendais, petite pédale tueuse. Je m’apprêtais à tuer ton copain pour ensuite t’éliminer à ton tour. Je dois expier vos péchés de sodomite à tous les deux, lança Larry.
- Sale fils de pute! Je vais vous liquider avant que vous touchiez à mon chéri, hurla Jack.
Sur ces mots, il projeta ses deux saïs en direction du pasteur. Toutefois, il ne savait pas que Larry maîtrisait parfaitement les techniques du ninjutsu. Il vit le pasteur esquiver ses saïs qui se fracassèrent contre le mur de pierres du donjon. Aussi dégaina-t-il son katana, prêt à affronter le pasteur dans un duel sans merci.
- Si tu veux jouer au samouraï, accepte de mourir comme un samouraï, sale pédé, se moqua Larry.
- Je vais vous tuer et dissoudre votre Église de merde, rétorqua Jack.
Armés de leurs katanas respectifs, le pasteur et l’assassin se livrèrent à un duel impitoyable durant lequel ils s’infligèrent des blessures sérieuses. Faisant fi de la douleur et du sang s’échappant de leurs plaies, les protagonistes continuèrent le combat jusqu’à ce que, dans un ultime mouvement de katana, Jack réussisse à couper à tête de Larry. Après s’être délecté de sa victoire, Jack s’empressa de libérer Johnny en défaisant ses liens.
- Mon chéri! Je suis si content de te retrouver! Excuse-moi, éructa Johnny entre deux sanglots de joie.
- C’est à moi de m’excuser auprès de toi pour avoir failli à ta sécurité et à celle des enfants en raison de mon métier dangereux, le rassura Jack.

Finalement, une semaine après la mort du pasteur Larry Strait, l’Église évangélique No Rainbows implosa à cause d’une querelle surmédiatisée entre ses membres pour savoir qui allait succéder au défunt pasteur. Devant cela, tous les LGBT à travers les États-Unis poussèrent un soupir de soulagement, affirmant que les crimes homophobes de cette organisation à leur encontre appartenaient désormais au passé. Du côté de Johnny et Jack, ce dernier cessa son métier d’assassin professionnel, déménagea sa famille en Alaska en procurant, à chacun de ses membres, une nouvelle identité. Ainsi se termina la vie violente de Jack Jinx. Il allait enfin goûter à une existence paisible en tant qu’époux et père d’une famille homoparentale, comme il le souhaitait.
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