Je n’ai pas remarqué que le mur de visages faisant face aux spectateurs avançait insensiblement tandis que les deux personnages dialoguaient à coups de « ça va ? » et de « bravo ! ». Interrogation, exclamation. Ces petits mots qui font la rencontre quotidienne ou la surprise ou le contentement, ou le contraire… Que se passe-t-il quand au « ça va ? » la réponse n’est pas un « ça va » ni même un « et toi ? » (qui glisse en « et toi-le à matelas » ou encore en « étoile »), quand de l’apostrophe banale naît un échange qui l’est moins : je crains l’embolie, la « gigite », je crains et désire le pouvoir, je ne sais plus qui est noir ou juif ou pas, je voudrais parfois sortir du rang, du ring des convenances, des apparentes politesses, et je ris de voir ces deux-là, et, comme m’y invite l’un d’eux, j’écris quelques mots dans mon blog après la représentation, et, selon l’expression usuelle et usée, je m’en félicite (on se demande bien pourquoi il faudrait que je m’en félicite).
J'ai vu cette pièce, mise en scène par Johanna Nizard, et interprétée par Etienne Coquereau et Renaud Danner, au Pôle culturel d'Alfortville (94).