L’espace

Nous percevons et situons toutes choses dans l’espace ; notre pensée même nous voulons l’imaginer quelque part dans notre tête, et nos sentiments dans ce coeur que nous sentons battre. Mais d’où nous vient cette représentation de l’espace ? Elle nous paraît naturelle ; mais quelle est son origine ?

Elle semble provenir des choses extérieures. Je perçois que cet arbre est devant cette grille, à côté d’un banc ; ces relations spatiales lient les objets et en sont donc inséparables. La représentation de l’espace ne peut être acquise qu’à l’occasion de ce que nous percevons.

Loin d’être innée il faut plusieurs années au nourrisson pour la construire, en commençant par coordonner ce qu’il voit et ce qu’il désire toucher. Peu à peu l’enfant creuse son espace visuel et parseme en leur lieu propre les différents objets. Apprentissage des positions et distances.

Pourtant, à la réflexion, ce qui est ainsi acquis excède son origine. Nous pensons que la représentation de l’espace a été construite à partir de ce qui est hors de nous ; mais ce hors de nous présuppose justement l’espace. Ce ne sont donc pas les choses extérieures qui peuvent nous donner l’idée de l’extériorité.

L’extériorité ou spatialité précède nécessairement toutes les relations extérieures ; elle provient en ce sens de notre esprit et apparaît indépendante de l’expérience. Pourtant elle n’est pas innée, puisqu’il a fallu se représenter des choses extérieures les unes aux autres. Qu’est-ce donc ?

Disons avec Kant que c’est une représentation a priori, c’est-à-dire spontanément acquise dans l’expérience.