Magazine Cinéma

[Critique DVD] Héritage

Par Gicquel
[Critique DVD] Héritage

Une famille palestinienne se rassemble dans le Nord de la Galilée pour célébrer un mariage, dans un climat de guerre. Lorsque le patriarche tombe dans le coma, les conflits internes font exploser peu à peu l’harmonie familiale, révélant secrets et mensonges jusqu’alors enfouis…

  • Sortie DVD 17 avril 2013
  • Le film :

    ★
    ★
    ★
    ½
    ☆

    Des histoires de familles se fondent dans la grande et sempiternelle histoire entre la Palestine et Israël. C’est le parcours que s’accorde Hiam Abbass pour un premier film fort réussi. On la connaissait comédienne de premier plan (ce qui se confirme), la voici en passe de devenir une réalisatrice indispensable.
    Il n’y a aucune révolution dans sa mise en scène, pas d’audace ni de prodige, mais bien au contraire une simplification, un naturel, de tous les instants de ces vies pourtant si compliquées.
    Hiam Abbass va à l’essentiel avant, pendant et après la fête, quand se dénouent les composantes du drame. En Palestine, un mariage n’a rien de commun avec le commun des mariages. Il est bien souvent préparé, sinon arrangé, dans l’intérêt des familles. Ce que refuse Hajar dont la présence aux noces de sa cousine est redoutée.

    Hiam Abbass, devant et derrière la caméra : pas de faille !

    Hiam Abbass, devant et derrière la caméra : pas de faille !

    Belle et rebelle, ( un rôle à la mesure du talent de Hafsia Herzi ) la jeune femme qui vit avec un anglais,  fixe les crispations d’une culture au sein de laquelle les femmes revendiquent maintenant leur place. Hajar est en première ligne, qui veut vivre différemment, aimer ce britannique  (« un pays qui a bradé la Palestine ») contre la volonté du père qui lui a choisi depuis toujours, le cousin Ali.
    On se ligue contre son opiniâtreté. On l’accuse de tous les maux ; quand le patriarche se meurt, c’est la culpabilité faite femme. L’acharnement est feutré, jamais au grand jour, car l’honneur de la famille est en jeu.La cérémonie nuptiale n’est ainsi que la façade joyeuse d’un édifice qui s’effondre en même temps que tombent les bombes. Devant l’oncle ruiné, le frère manipulateur, le couple à la dérive, Hajar serre les dents : son mal lui est interdit.
    C’est avec un montage très particulier, fragmentaire que  la réalisatrice réussit à mon sens le mieux à donner cette impression d’enfermement, d’étouffement et de dérive d’une société en quête de véritables repaires.

    Hafsia Herzi , toujours aussi juste dans ses personnages

    Hafsia Herzi , toujours aussi juste dans ses personnages

    Des points d’ancrages sociaux et politiques indispensables dans une partie du monde où les rapports humains sont tout aussi tendus qu’ambigus. Ce qui se traduit  dans la campagne électorale que mène l’un des oncles, tandis que son frère est déjà un chirurgien réputé. Là encore derrière ces deux façades honorables, la famille a bien des secrets à taire.

    Hiam Abbass n’en fait pas un drame, mais une histoire de vie et d’amour. Le choix final d’Hajar est à ce titre bien exemplaire, Abbass parie sur l’espoir.


    Retour à La Une de Logo Paperblog

    A propos de l’auteur


    Gicquel 940 partages Voir son profil
    Voir son blog

    l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

    Magazines