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Atu – Pictures on Silence

Publié le 13 avril 2013 par Wtfru @romain_wtfru

Atu, il a tout pour lui. Du haut de ses 21 ans, Atupele Ndisale impressionne par la maturité et la sonorité extrêmement doucereuse de ses sons.

 

atu

Originaire du Malawi, le mec a grandi dans cinq pays différents et s’est forgé une culture de poussière et de pépites de diamants. Il a récemment posé ses valises à Ann Arbor, dans le Michigan, usant avec délicatesse des effluves abondantes de Hip-Hop, coulant à flots de la grosse bedaine de l’Oncle Sam.

Son premier et dernier EP en date, Pictures on Silence, sorti le 22 mars dernier sur Soulection, n’en finit pas de chauffer nos écouteurs à longueur de journée. Cette néo-Soul agrémentée de Hip Hop et de basses largement empruntées à l’électronique a le doux don de caresser nos tympans dans le sens du poil (oui, on a du poil sur les tympans).

 

Can Do It, morceau introductif de l’EP, malgré sa forte consonance Love Actually, se révèle être d’une essence romantique hors du commun, frôlant la mélancolie sans jamais la toucher. Au travers de voix over-pitchées le plus proprement du monde, et en outre de filer des frissons, les accords de ce piano réverbérant à souhait ont clairement été conçus pour faire l’amour dessus. Amis célibataires, toute la Team WTFRU vous recommande une bougie, une boîte de mouchoirs et une bonne paire d’écouteurs pour atteindre l’orgasme (pour pleurer de bonheur, la boîte de mouchoir, hein).

Les influences internationales et intergénérationnelles d’Atu transpercent chaque morceau avec douceur et assurance. Close rend un imperceptible hommage au reggae, tandis que Way I Feel et You Wanna font renaître le R&B de notre enfance dans un cocon de kicks toujours à la limite de la saturation. Le « beat designer », comme il aime à se définir, n’a jamais aussi bien porté son nom : chaque son est millimétré et rejaillit avec clarté et précision au travers du prisme The Duo, en featuring avec Sango, véritable clin d’œil à ses origines africaines.

A l’instar du célèbre adage défendant le principe que « les blagues les plus courtes sont les meilleures », les orgasmes les plus courts sont certainement les plus intenses. Atu l’a bien cerné, et malgré le fait que nous ne connaissons pas sa vie sexuelle, on imagine que le mec doit combler pas mal de zouzes. Slow est une de ces gourmandises, celle qui pique un peu mais avec du chewing-gum à l’intérieur, qui se déguste en dépit de se dévorer, même si ce n’est pas l’envie de croquer avant la fin qui manque.

Les premiers seront les derniers, et vice-versa. C’est sûrement ça qui épouse le plus parfaitement l’EP du malawien, cette force tranquille (que les partisans de gauche me pardonnent pour cette référence) pesante et extrêmement évasive à la fois, d’un ensemble de titres en parfaite cohésion. Comme un miroir inversé, Missing You, ode incomparable à l’amour et à la magnificence de la musique, rappelle le premier morceau Can Do It, dans un bouclage de boucle au paroxysme de la mélancolie. Et comme la perfection ne se suffit jamais à elle-même, le beat designer reverse l’intégralité des fonds provenant de la vente de l’album à l’association Malawienne EveryChild.

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