Vendredi après-midi pluvieux, je pars à la rencontre du restaurant Miss Ko, nouveau locataire du 51 avenue George V. Si la terrasse est plutôt anodine, l’intérieur du restaurant est complètement renversant, délirant et charmant. Je suis accueillie par Gregory Fellous et Marie Presta. L’interview débute.
Union Street: Quel est le concept de Miss Ko? Ses particularités?
Gregory Fellous: Nous travaillons avec Philippe Starck (designer et architecte) pour le Paradis du Fruit depuis quelques années. Nous avions envie de créer un nouveau concept de cuisine, nous avons alors repris le concept de cuisine-fusion, très en vogue aux Etats-Unis mais complètement absent en France. La cuisine-fusion, c’est l’art de mélanger les cuisines de différents pays afin d’obtenir des saveurs différentes. Ici il s’agit d’une fusion entre la cuisine asiatique fondamentale, mais revisitée à l’occidentale et également influencée par des saveurs d’Amérique latine. Les gens voyagent beaucoup et ne retrouvent pas ce concept en France, où l’on ne trouve que de la cuisine japonaise traditionnelle. De plus, la plus part des grands restaurant misent beaucoup sur le design, le côté branché, mais hélas la qualité culinaire n’est pas à la hauteur. Nous avons voulu concilier grands designers et chefs haut de gamme, sur le modèle des restaurant new yorkais. Mais nous avons également voulu créer une alternative au restaurant/bar et ouvrir ce lieu à d’autres activités. Nous avons donc ouvert un concept store (dans l’entrée), ouvert à toute marque intéressée, le temps d’une saison. Pour l’instant il y a des goodies Miss Ko, mais l’idée est de développer et d’imaginer des éditions limitées d’objets. Ou bien de laisser ces grandes vitrines à disposition d’un artiste (mode/cinéma/photo…) afin qu’il s’en serve comme d’un cabinet de curiosités.
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« Ce lieu est né de l’envie de Starck de mettre en scène une rue de Tokyo ou Bangkok… en 2025. »
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US: Qui est cette mystérieuse Miss Ko?
GF et MP: Miss Ko est un personnage de manga japonais. Nous en avons gardé uniquement le nom car ce qui nous intéressait était ce qu’elle dégageait: un personnage féminin, à la fois moderne et intemporel, une globe-trotteuse très proche de sa culture, ses influences, ses références. Mais nous ne lui avons pas donné de visage, afin qu’elle incarne à la fois toutes les femmes et aucune en particulier. Un personnage énigmatique en soit.
US: Comment est née Miss Ko?
GF: Le lieu a été inauguré en mars, Claude Louzon en est le créateur et le père fondateur. Il s’est associé à Philippe Starck, directeur artistique du projet. Cet univers à la fois asiatique, futuriste et intemporel, tout droit sorti du film de science-fiction Blade Runner, est né de l’envie de Starck de mettre en scène une rue de Tokyo, ou bien Bangkok… mais en 2025. Pour cela il s’est très bien entouré: l’artiste David Rochline, est l’origine d’une fresque au graphisme d’un manga futuriste sur l’un des murs, a apporté une réelle touche néo-contemporaine. Le but était de faire de Miss Ko un endroit moderne, sophistiqué, convivial, mais surtout accessible. Une sorte de contre pieds avec l’avenue George V.
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« Nous avons voulu concilier grands designers et chefs haut de gamme. »
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US: Quelle serait la devise de Miss Ko?
GF: Notre devise est « Art, food et curiosités ». L’art renvoie à l’esthétique, au design du lieu. Food renvoie approche originale de la cuisine, au concept de cuisine-fusion. Concernant curiosité, nous souhaitons organiser 4 ou 5 grosses soirées par an, sur un thème bien particulier (mode, photo) ou encore cuisine, avec des jeunes chefs. Nous aimerions également organiser une exposition photo. Mais nous ne voulons pas abuser des happenings, car c’est le meilleur moyen de lasser, un événement doit être attendu.
US: Pourquoi s’être installé dans le triangle d’or de Paris? Quel public visez-vous?
GF: Il ne faut pas ignorer que cet emplacement (51 avenue George V) a eu une véritable histoire ! Il y a une quinzaine d’années, le Bar Fly (à cet emplacement à l’époque) a marqué la nuit parisienne, notamment grâce à son emplacement, mais également grâce à sa grande taille, ce qui est unique dans le triangle d’or. En général, il est plus aisé de trouvé un lieu avec un tel volume en banlieue, où les parisiens aiment aller s’encanailler. Notre but était que les parisiens reviennent s’encanailler dans le 8e arrondissement, nous voulions briser les codes, c’est pourquoi Miss Ko est tout l’inverse du lieu que l’on attendrait à cet emplacement, sur toutes les dimensions. Contrairement aux restaurants branchés aux prix délirants, nous voulions allier qualité et prix abordable (un menu: entrée + plat + dessert + cocktail est aux environs de 50 euros). Ainsi une clientèle de tout bord est bienvenue ici, et pas seulement l’élite.
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« Nous voulions que les parisiens reviennent s’encanailler dans le 8e arrondissement. »
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US: Quelles sont vos spécialités?
GF et MP: Les plats ont été conçus par Linda Rodriguez et Martin Swift, experts en culture japonaise. Tous les classiques de la cuisine asiatique traditionnelle ont été revisités à l’occidentale. Parmi nos spécialités il y a les sashizza (12 euros), présentés en amuse-gueule sous forme de petites pizza, c’est un mix de sashimi de thon rouge, d’huile de truffe et de pousses de shiso. Le Full Moon 5 emprunte le boeuf bourguignon à la cuisine française, agrémenté de porto soja et de vin d’épice. L’influence latino se retrouve plutôt dans les sauces, à base d’agrumes, de fruits et de piments du chili). Parmi nos plats où le contraste culturel est des plus importants : le Black Salmon Burger & Kō (19 euros), une sorte d’hamburger au pavé de saumon, avocat, mizuna, pains à l’encre de seiche et frites au soja. Tous les plats sont cuisinés sur place. On trouve également au fond du restaurant un bar à sushis (tenu par des maîtres sushis), mais également une pâtisserie où sont cette fois-ci revisités par des orfèvres de la pâtisserie française, les classiques de la pâtisserie.
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« Tous les classiques de la cuisine asiatique traditionnelle ont été revisités à l’occidentale. »
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US: Pourquoi avoir décidé d’afficher des JT asiatiques sur le bar?
GF: Toute la décoration était sous la direction artistique de Starck, c’était son idée. Ce sont des JT chinois, coréens et thaïlandais.
US: Pour finir, pouvez vous me donner 5 bonnes raisons de venir ici?
GF: Venir ici c’est comme un voyage (sans avion), c’est un véritable dépaysement d’un point de vue culturel et artistique / Le lieux est très convivial, chaleureux et festif, on peut faire la fête ici en toute décontraction, il est favorable à la socialisation / C’est un lieu décomplexé et sans prise de tête / Vous pouvez lâcher prise, vous êtes bien reçu, bien servi, il y a de la bonne musique/ Nous incarnons notre devise « Art, Food et curiosités ».
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