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OKED, graphiste hanté et déjanté

Publié le 15 avril 2013 par Unionstreet

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Il y a quelques jours à peine, je suis partie à la rencontre d’un jeune graphiste, OKED. Passionné de dessin et de typo, passionné tout court il déclare que sans cela il mourrait. Au fil d’une discussion honnête et intime, je découvre que la mort l’inspire et l’obsède, comme beaucoup. Aujourd’hui il travaille en freelance, ou avec son binome Gauthier Duquesnay.

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« OKED »

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Union Street : Peux tu, premièrement nous expliquer quel a été ton parcours ? Qu’il s’agisse de tes études ou de tes expériences préalables, en soit tout ce qui t’a progressivement amené vers le graphisme ?

Oked : Après le collège, je ne voulais pas faire de seconde, et eux ne voulaient pas de moi non plus ! Je n’avais pas de bonnes notes à l’école, sauf en sport et en arts plastiques. J’ai commencé un CAP DEG dans le 92. A cette époque, je faisais du graff, j’ai rencontré TOMEK et ça m’a fait travailler la lettre graffiti avec lui et la lettre pure avec les cours. J’ai enchaîné sur un bac pro en communication graphique, puis un BTS. J’y ai développé un vrai goût pour la typo. J’ai poursuivi avec une licence et là je suis en master.

US : On sent, dit moi si je me trompe, que tes lettrages sont directement inspirés de la culture hip hop, tu as fait un peu de graff avant cela ?

O : Mes lettrages ne viennent pas du graff, je m’en suis peu à peu éloigné, j’avais envi de bosser sur de la lettre pure et dure, « le dessin de caractère » à la Suisse, découvrir la rigueur qui manque un peu (je trouve) dans le graffiti et puis aussi parceque je n’étais pas très bon… Avec le graphisme, j’avais envie de travailler d’avantage mes lettrages. Mais on le retrouve dans mon taff, parce que j’y insère des feintes et des phases graffiti…

US : Logiquement, cela m’amène à te demander quelles sont tes influences ? Tes artistes préférés, aussi bien dans le domaine des arts, que du graphisme ?

O : Y a de tout, je pioche partout. Dans la culture américaine, qui a un goût prononcé pour la typo, comme partout, d’une bouteille de Jack, à un logo de foot US, mais aussi dans le tatouage, la culture populaire, l’enseigne… Mes artistes préférés ? Y en a pleins, Jim Philips, Lubalin, Dali, même si je suis conscient que c’est un cliché. Tiens, la religion m’inspire aussi.

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« La religion m’inspire »

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US : Comment tu bosses en général ? D’abord sur papier, puis tu numérises le tout ou tu travailles directement sur ordinateur ?

O : Je suis obligé de passer par le papier. Je peux pas faire sans avoir dessiné avant. j’aime travailler avec mes mains. J’aime l’artisanat. Les métiers de l’artisanat qui disparaissent, ça me rend triste. Et puis à la main tu peux pas faire « crtl Z ». Au début d’ailleurs, je n’aimais pas du tout le numérique. la forme ronde et moite de la souris te fais pas rêver.

US : J’ai pu voir observer de près ton site, « Cargollective ». Tu passes facilement des logos, aux lettrages, aux compo plus fournies. Une préférence ?

O : J’aime tout faire ! Tout dépend de mon humeur, en fonction de ça, je fais de la typo, je taff le bois. c’est par phases. J’aime le coté mobile, touche à tout.

US : En ce qui concerne les compo, on y trouve un motif récurrent : la tête de mort. Pourquoi ce choix ?

O : La mort m’intrigue, elle fait peur aux gens… Dans un son de Renaud ça dit « J’aime tout ce qui vous fait peur, la violence et la nuit… » Voilà, Renaud m’inspire ! Ce mec est un maître à penser ! A vrai dire, j’aime faire du « beau » avec du moche ou du flippant. et puis je sais pas dessiner les visages alors je dessine les crânes !

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« J’aime faire du beau avec du moche »

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US : L’une de tes illustrations à d’ailleurs été choisie pour la première de couverture d’un bouquin, « Sur la panaméricaine ». Est ce que le travail est différent quand il répond à une commande ayant un certain format ?

O : Oui, on bosse différemment ! On a moins de temps. Son bouquin parle d’ailleurs du trip d’un mec sur la panamericana, mon illustration est un gros clin d’œil à Las Vegas Parano. L’histoire m’a plu, et j’ai pu dessiner des crânes, toujours en rapport avec l’intrigue. Une fois le croquis validé, j’ai eu un jour et demi pour bosser.

US : Jack Daniel’s, clopes, spliff, Kro… Ce sont tes carburants indispensables ? 

O : Nan pas pour dessiner, sauf la clope ! L’alcool, c’est pour vivre, j’aime ça, j’aime trop ça. Quelque part on cherche tous la défonce.

US : Depuis quelques mois maintenant, on voit de nombreux jeunes artistes, comme Audrey Leroy et d’autres, taquiner leur public avec des phrases, cinglantes, comme la tienne, « Je chie sur la Vierge qui t’a mis au Monde », au-delà du côté provoc de la chose (rassure-toi, chez Union Street nous ne sommes pas cléricaux), tu as un message à faire passer, ou c’est juste pour le fun ?

O : C’est une phrase qu’on m’avait dit un jour, je crois qu’elle vient d’un bouquin et qu’elle a été traduite. J’avais trouvé ça drôle, y a forcément un peu de provoc la-dessous, et puis j’aime bien et j’ai toujours fait ça, quand j’entend des phrases drôles ou débile… Je les note et je fais de la typo avec.

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US : Tu empruntes également beaucoup de motifs à l’imagerie du tatouage (hirondelles/tête de mort/LOVE-HATE) C’est un univers que tu apprécies particulièrement ?

O : J’aime ça, j’aime le tatouage. On a pas toujours le temps de faire tout ce qu’on veut dans la vie, mais tatoueur ça me plairait. Pour le contact humain d’une part, c’est ce qui manque dans mon taff, mais aussi parceque ça touche toutes les catégories sociales, tu rencontres du monde, des gens qui viennent de partout. Ca me permettrait aussi de faire de la typo et de l’illustration. Avec le tatouage, ce qui me plait aussi, c’est que tu n’as pas le droit à l’erreur, si je devais m’y mettre je ne ferais que du noir et blanc. En typo, en NB, tu vois direct la qualité de la lettre, avec le tatouage c’est pareil.


US : Un mot de la fin ?

O : Oh je dois bien en avoir un… Ouais,  en fait non, c’est le début.

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