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Efflorescences, Ismaël Billy

Publié le 15 avril 2013 par Antigone

efflorescencesVous avez déjà eu un petit aperçu [ici] de la poésie incluse dans le recueil ci-contre. Je dois dire que j'ai passé un excellent moment à lire Ismaël Billy. Je n'ai pas tout aimé d'égale façon dans sa production, mais il ne s'agit là en l'occurence que d'une histoire de goût et de sujet, et non pas de manque de talent.
J'ai aimé surtout sa première partie, celle dédiée à l'amour (D'amour à l'arrachée Livre I), je suis moins sensible aux épopées et aux termes plus savants (inconnus) qui parsèment quelques poèmes (Des corps couchés sous d'autres lunes Livre II). Mais il est évident que nous avons affaire là à un véritable poète, comme le souligne Michel Cazenave dans sa préface.

Comment vous expliquer au mieux ? En lisant les mots de l'auteur sur ma liseuse, j'ai eu l'impression de faire le même voyage que j'avais fait dernièrement en découvrant, en français, la voix d'Emilie Dickinson [ici]. Et puis, j'ai trépigné de joie devant ma découverte, comme lorsque j'avais lu Le Trou de Thomas Vinau, bien avant son succès blogosphérique.

Voici ci-dessous le texte qui a retenu mon attention au préalable sur le site de l'auteur - http://ismael-billy.wix.com/ismaelbilly - inclus dans la troisième partie du recueil (Efflorescences Livre III). J'espère vraiment vous avoir donné envie de découvrir cette écriture à votre tour !!

Rouge

Carmin, dans les sangs d'une jument,
Dans les lèvres entrouvertes
Du pétale baisé par les lèvres.

Et rouge

Créé de double, unie par douleur,
Or comme il n'en est point

D'offrir luxe impie, rouge de voiles.
Encore rouge

Mais cuivré, presque brun, tâches
Éparpillées dans les lisières,
Et souffle mourant de fugace maelström.

Il n'est de rouge si fort que la Terre ne meurt
Encrevassée, déchirée de vengeance,
Ouverte dans la nuit, la boîte à lumières.

Il est un bois dur d'hiver et rouge de corolles
De sels, parfumé de résine.
Rouge maintenant dans son soupir sortant
Des épines, des cimes, des songes maudissant. 

Et le songe appelle à l'idiome, l'être éthéré
Sort de son somme et s'éveille asphyxié,
Détroussé de sa base, réduit à l'enfer,
De toucher de sa cime la profonde Terre.

Louis d'or et sols et ducats,
Bronzes noirs, argent ça et là,
Mais les chairs emmangées de vers,
Cruels, sans eau, l'or, commun comme verre.
Rouge de ne bientôt plus être pâle.
Rouge tant qu'il est encore tant.

Rouge tant que je le puis.

Rouge même mort,

Rouge par delà,

Rouge enfin,

Rouge.

Edition Le Menhir - 16.50€ - 26 Février 2013 


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