En ce moment la Fontaine de Vaucluse déborde...
Cette exsurgence très visitée (la plus importante de France avec un débit annuel de 630 millions de mètres cubes) sert de référence en hydrogéologie comme type de "source vauclusienne".
Source fraîche et paisible en hiver et en été, bouillonnante et impétueuse au printemps et en automne, elle fut chantée par Boccace, Pétrarque,Chateaubriand, Frédéric Mistral et René Char...
Cette source est l'unique point de sortie d'un vaste bassin souterrain (1 100 km²) récupérant les eaux du mont Ventoux, du plateau d'Albion, des monts de Vaucluse, et de la montagne de Lure.
Elle alimente la Sorgue.
Le village de Fontaine de Vaucluse s'appelait autrefois " Vallis Clausa " ("vallée close " en latin), en raison de sa topographie.
Ce nom devenu Vaucluse donna son nom au village (attesté dès le Xe s mais il devra en changer plus tard) puis au département lors de sa création en 1793 .
Le gouffre qui constitue la source fut l'objet de nombreuses explorations en plongée sous-marine.
L’exploration du Gouffre
1878 : OTONELLI, scaphandrier marseillais, atteint –23m en scaphandre lourd.
1938 : NEGRI pense trouver le fond à –30m.
1946 : COUSTEAU et son équipe atteignent –46m.
1954 : MAGRELLI atteint la côte –25m.
1955 : L’ OFRS (équipe COUSTEAU) effectue 80 plongées, atteint –74m et sonde jusqu’à –84m.
1967 : L’équipe COUSTEAU immerge le Télénaute, appareil qui parvient à –106m.
1974 : Le GRSA effectue un relevé du gouffre. Suite à cette plongée, un arrêté interdit les explorations.
1981 : La Société Spéléologique de Fontaine de Vaucluse (SSFV) reprend les recherches.
TOULOUMDJIAN aidé de la COMEX atteint –153m en scaphandre autonome.
1983 : HASENMAYER, plongeur allemand, atteint la profondeur exceptionnelle de –205m en scaphandre autonome.
La SSFV et l’ACRC immergent le Sorgonaute et atteignent –245m avec un engin filoguidé.
1984 : Descente et implosion du Sorgonaute II à –205m.
1985 : La SSFV et la Société MIC immergent le porte instruments MODEXA qui s’immobilisera à
–308m sur un fond sablonneux après avoir localisé deux galeries direction Sud Est.
1986 : L’ ACRC tente une nouvelle expérience et doit abandonner le Sorgonaute III vers –200m . L’appareil de mesure reste prisonnier du gouffre.
1989 : La SSFV munie du Spélénaute observe à nouveau le conduit, dresse une nouvelle coupe du gouffre jusqu’à –308m et tente de pénétrer dans les galeries repérées en 1985, mais celles-ci trop étroites ne permettent pas le passage du Spélénaute.
1993 : Nicolas HULOT, pour l’émission USHUAIA, plonge jusqu’à –40m.
1996 : La SSFV munie du Spélénaute découvre une immense salle à –174m.
2004 : Exploration de la galerie du Prado (découverte par Cousteau en 1950). Le Spélénaute utilisé pour cette opération à –135m accompagné d’un plongeur réalisera la jonction par –120m. Les 2 conduits se rejoignent au sommet du grand puits. cf Office de tourisme heliox
NB: Durant l'Antiquité ce site fut un lieu d'offrandes rituelles. Lors des différentes plongées, et en particulier celle de 1998, les membres de la société spéléologique de Fontaine-de-Vaucluse, avaient été intrigués par la présence de nombreuses pièces de monnaie.
Légende:
La Coulobre était une couleuvre géante, monstrueuse et ailée qui avait son antre près de la Sorgue. Elle terrorisait la région.
Cette créature moitié serpent-moitié amphibien fut terrassée par Saint-Véran,
religieux né au 6ème siècle, qui fut évêque de Cavaillon, il est d'ailleurs devenu Saint-Véran après avoir débarrassé la région de ce monstre en l’étranglant à l’aide d’une chaîne. .
Sur la place de l'Eglise Notre-Dame-de-Fontaine-de-Vaucluse, édifice roman provençal datant du 6ème siècle, se dresse une fontaine-sculpture représentant Saint-Véran terrassant la Coulobre.
Histoire:
Pétrarque célèbre poète et érudit, est passé à la postérité pour la perfection de sa poésie qui mettait en vers son amour pour Laure de Noves, vers qui laissèrent pourtant sa belle de marbre. .
Parce qu’il n’aimait pas beaucoup Avignon et parce que Laure ne l’aimait pas, il se réfugia sur les berges de la Sorgue à la fontaine de Vaucluse à partir de 1338
pour y mener une vie consacrée à la solitude, la poésie et la réflexion.
Il y fit installer sa bibliothèque.
(cf Épître à la Postérité) : « Je rencontrai une vallée très étroite mais solitaire et agréable, nommé Vaucluse, à quelques milles d'Avignon, où la reine de toutes les fontaines, la Sorgue, prend sa source. Séduit par l'agrément du lieu, j'y transportai mes livres et ma personne. »
Il va y séjourner épisodiquement mais régulièrement jusqu'en 1353 faisant de ce lieu le « centre de sa vie émotive et intellectuelle ».
Il resta en tout quinze années à Vaucluse (nom du village à l'époque).
« Ici j’ai fait ma Rome, mon Athènes, ma patrie ».
« Exilé d'Italie par les fureurs civiles, je suis venu ici, moitié libre, moitié contraint. Que d'autres aiment les richesses, moi j'aspire à une vie tranquille, il me suffit d'être poète.
Que la fortune me conserve, si elle peut, mon petit champ, mon humble toit et mes livres chéris ; qu'elle garde le reste. Les muses, revenues de l'exil, habitent avec moi dans cet asile chéri. »
« Aucun endroit ne convient mieux à mes études. Enfant, j'ai visité Vaucluse, jeune homme j'y revins et cette vallée charmante me réchauffa le cœur dans son sein exposé au soleil , homme fait, j'ai passé doucement à Vaucluse mes meilleures années et les instants les plus heureux de ma vie. Vieillard, c'est à Vaucluse que je veux mourir dans vos bras. »
Ainsi Pétrarque rêvant et travaillant sur les rives de la Sorgue, cultivait autant ses amours (platoniques) pour Laure que sa réputation (déja bien établie) de poète.
Hélas ce lieu est aussi devenu depuis longtemps un piège à touristes , ou trop de boutiques de souvenirs sans intérêt se cotoient et où surtout les parkings sont obligatoires et taxés 4€. Du coup le promeneur peut s'y sentir pressé comme un citron, surtout en été.