On s’étonne de l’engouement et de la fascination des photographes pour les lieux abandonnés mais cette photo de mémoire documente et immortalise en quelque sorte le passé d’un lieu oublié. Ces endroits recèlent effectivement des souvenirs, des habitudes, et dans le silence de leur déréliction, apparait souvent un souffle poétique, et sur les images quelque chose qui s’apparente à l’âme du lieu.
Parce qu’il a souhaité, comme il le dit, « donner une valeur bien à moi à ce monde », Arnaud Chambon a suivi les derniers jours d’activité de la Fonderie de Noyon dans l’Oise, qui fabriquait notamment des baignoires en offrant à ses clients « toute la résistance et le confort de la fonte émaillée » tels que le promettait le slogan de Jacob Delafon.

Avec lui, on pénètre en silence dans cet endroit qu’on imagine animé et peuplé d’hommes qui s’affairent, qui font tourner les machines, qui produisent des objets.
Désormais, la matière parle de son oubli, et les images traduisent la nostalgie de la désertion de l’usine.

Les couleurs, les matières, les ustensiles ou outils laissés presque en pleine action : une pelle déposée contre un mur, ou une autre dans un bac, des machines ou des tableaux de commandes, autant d’objets qui avaient une utilité, qui étaient quotidiennement empoignés, actionnés. Certains objets encore disposés en l’état témoignent de la dernière présence humaine dans les lieux, comme les extincteurs rassemblés dans un charriot.

C’est parce que la baignoire acrylique (désormais fabriquée en Chine) a remplacé celle en fonte, que l’usine a périclité. Dans son chapitre « Le pouvoir d’écrire l’histoire », nous voyons des images d’archives de la fabrication de ces objets et leur usage dans une salle de bain.

Un émouvant travail de collecte et de mémoire.
A voir :
La résistance et le confort de la fonte émaillée
Arnaud Chambon
Jusqu’au 28 avril
A la Librairie le 29
29 rue des Recollets
75010 Paris
