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Sans arme, ni haine, ni violence – Mythomane cambrioleur

Par Bebealien

C’est la mode chez les anciens comiques Canal+ de se diriger vers le cinéma après leur passage a la télé. Après Maurice Barthélémy et Pef, c’est maintenant Jean-Paul Rouve qui décide de passer à la réalisation. Son sujet : le cerveau du casse de Nice dans les années 70, Albert Spaggiari.

Sans arme, ni haine, ni violence – Arsène Lupin flambeur

Vincent, reporter free-lance souhaitant réaliser un gros coup, vient de retrouver en Amérique du Sud la piste de Albert Spaggiari, en fuite après s’être évadé du bureau d’un juge d’instruction suite au casse mémorable de la société générale de Nice. Vincent rencontre un personnage atypique, mégalomane, mythomane mais généreux, souhaitant connaître la gloire malgré son statut d’homme traqué par la police française. C’est son portrait qu’il va tracer au travers de leurs conversations.

Personnage de flambeur frimeur bien mis en valeur par l’affiche

Jean-Paul Rouve s’attaque à du lourd dès son premier film. Dans les années 70, il y avait deux bandits célèbres : Messrine (sur lequel deux films de Jean-Francois Richet avec Vincent Cassel dans le rôle titre sortent en fin d’année), personnage violent ayant fini sa carrière tué dans sa voiture, et Spaggiari dont tout le monde douta longtemps qu’il soit vraiment le cerveau derrière le casse du siècle. Rouve accentue encore la difficulté de la tâche en étant à la fois devant et derrière la caméra.

Il choisit en outre un parti pris un peu casse-gueule, en faisant non pas de Spaggiari mais de Vincent (le reporter) le héros du film. C’est donc un portrait chinois du braqueur qui se dessine. Il se livre par petites touches, dans lesquelles il faut arriver à séparer vie fantasmée, éléments réels, ou à mi-chemin entre les deux.

Vincent (Gilles Lellouche) et Julia (Alice Taglioni), le reporter et la femme

Rouve commence à être un habitué du cinéma, ayant tourné dans pas mal de productions récentes grâce à son physique atypique. Dans le rôle de Spaggiari, il arrive à délivrer une prestation subtile, mettant bien en valeur les ambigüités et les tiraillements du personnage. A la fois looser pathétique car fauché, brillant dans sa manière de traité les rapports humains, raciste, flambeur, dragueur… Le type de rôle dans lesquels excelle en général Poelvoorde. Rouve enlève la mélancolie que Poelvoorde instaure en général, et propose à la place un personnage lunaire, vivant dans son propre monde et selon ses propres règles, pas forcément très définies.

Spaggiari, cigare vissé au bec, est content : il est en train de devenir très riche

En comparaison, Gilles Lellouche dans le rôle de Vincent, et que je trouvai jusqu’ici acteur très moyen, arrive à s’imposer dans une prestation toute en retenue, subtile… et qui prouve qu’il est un acteur à surveiller. Difficile également de ne pas citer Alice Taglioni, plus belle que jamais dans son rôle de femme amoureuse et dévouée.

Un couple traqué, obligé de fuir tout le temps

Mais, ombre au tableau, le film ne va pas jusqu’au bout de sa démarche. Le personnage de Spaggiari est complexe, et il aurait été intéressant de pousser un peu plus loin la démonstration de ses contradictions pour essayer de dessiner l’homme qui se cache derrière les histoires qu’il raconte. Pour un premier film, le résultat reste très plaisant, mais faute de budget ou d’ambition le film reste un peu trop terre à terre. Quelques scènes flamboyantes néanmoins comme le générique très 70, ou bien lorsque Spaggiari sort de la banque pour payer sa tournée en chantant « L’Amérique » de Joe Dassin et en criant au bar de retenir son nom. Espérons que pour son prochain film, Jean Paul Rouve sera moins timide et ira jusqu’au bout. Le film ultime sur Spaggiari reste à faire, mais au moins dans son interprétation Rouve a posé la barre haut.

P.S. : à ne pas manquer, une actrice à tomber dans le rôle de Nhi, petite vendeuse vietnamienne : Pom Klementieff. Un nom à surveiller.


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